Accueil > La menace du socialisme de guerre

La menace du socialisme de guerre

Publie le jeudi 6 août 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

Jay Hanson a été un pionnier dans le domaine du pic énergétique et de la soutenabilité. Son site, dieoff.org (http://www.dieoff.org/, a été le premier à soulever ces problèmes, à une époque, les années 90, où ils n’intéressaient qu’une poignée de spécialistes. Il a, en un sens, joué le même rôle sur Internet pour le débat sur le pic pétrolier et ses conséquences que le Club de Rome dans les années 70. Ce n’est donc pas sans un certain émoi que ce que l’on pourrait appeler le monde de l’écologie des contrainte l’a vu décrire dans son nouveau site (http://www.warsocialism.com/, le système politique qui, à son sens, à le plus de chance de s’imposer dans le monde d’après le pic pétrolier : le socialisme de guerre.

Tous ceux qui ont lu les écrits antérieurs de Jay Hanson savent qu’il est favorable à une coopération internationale sur le mode du Protocole de Rimini (http://en.wikipedia.org/wiki/Uppsal...) – un projet de traité international visant à stabiliser les importations et exportations de pétrole avant de les réduire de manière coordonnée à l’échelle internationale au fur et à mesure de l’épuisement des réserves. Le socialisme de guerre est pour lui une solution de désespoir, née de la certitude que la crise des ressource n’engendrera pas une décroissance contrôlée mais une guerre de tous contre tous et que dans une telle situation, la seule chose à faire c’est d’essayer d’être parmi les survivants... à n’importe quel prix.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le prix est élevé.

Jay Hanson décrit – ou propose – huit stratégies visant à contrecarrer les effets des pics pétroliers et énergétiques globaux :

1.Accroître notre part de l’énergie net disponible au niveau mondial par des actions militaires directes – ce qui concrètement signifie envahir les pays disposant les ressources dont nous avons besoin, les contrôler, directement ou via des gouvernements fantoches, afin de s’assurer que les dites ressources iront chez nous et pas chez nos concurrents.

2.Accroître notre part de l’énergie net disponible au niveau mondial par des moyens économiques, en attirant des capitaux notamment par une augmentation des prix de l’immobilier, ou d’une manière générale de tout ce qui peut faire l’objet de spéculation.

3.Réduire la demande énergétique interne en diminuant les activités économiques superflues

4.Réduire la demande énergétique en réduisant la population (fermer les frontières, expulser autant d’étrangers que possible, réduire la natalité).

5.Créer des "jardins de la victoire" partout dans le pays

6.Investir massivement dans la recherche énergétique de base

7.Supprimer les règles environnementales pour les énergies renouvelables. Arrêter toute construction de centrale électrique non-renouvelables, de routes et de logements.

8.Un effort massif d’économie d’énergie, de production d’énergie locale et des investissements massifs dans les énergies alternatives

9.Des transports publics gratuits

Toutes ces mesures ne sont pas stupides. Généraliser les jardins ouvriers améliorerait le pouvoir d’achat des plus modestes tout en allant dans le sens d’une plus grande soutenabilité de l’agriculture. Économiser l’énergie et investir massivement dans les renouvelables (les vrais, s’entend, pas les agro-carburants ou le photovoltaïque) sont des mesure de bons sens, tout comme généraliser la gratuité des transports publics – après tout si on veut en finir avec la civilisation de l’automobile il faut fournir une alternative, ne serait-ce que le temps de relocaliser l’économie. Diminuer l’activité économique afin d’économiser des ressources de plus en plus rares peut également se défendre, pour peu que cela se fasse dans le respect de la justice sociale.

Le reste, cependant, est beaucoup plus douteux et lorsqu’on la prend globalement cette politique ressemble plus à celle d’un Mussolini qui aurait lu La Décroissance qu’à l’humanisme, il est vrai parfois un peu naïf, généralement associé à l’écologie politique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si dans le commentaire qu’il en fait Kurt Cobb (http://resourceinsights.blogspot.co...) l’associe au British National Party de Nick Griffin. Le BNP, qui a obtenu deux sièges aux dernières élections européennes est un parti d’extrême-droite assez classique en ce qui concerne leur vision de la société – ils n’aiment ni les homosexuels ni les juifs ni ceux qui ont le teint un peu trop mat. Contrairement à un Front National qui reste stupidement attaché à son ultra-libéralisme et à son populisme traditionnel, cependant, le BNP est favorable à une certaine forme de décentralisation, à la généralisation de l’agriculture biologique, à la nationalisation des transports et à la propriété coopérative de la production énergétique., le tout par les blancs pour les blancs naturellement.

C’est pour cela que Cobb, et dans un autre registre Greer (http://www.damienperrotin.com/cote.html), le considèrent comme dangereux. Alors que l’extrême droite française se couplait dans le ressassement de ses haines et de ses défaites, Griffin combiné sa xénophobie traditionnelle à un discours environnementaliste et décroissant qui se demande comment les Britanniques – ou plutôt la vision restrictive qu’il en a – pourront survivre au milieu d’une crise qu’il juge d’autant moins inévitable qu’il la souhaite. Le résultat est une idéologie potentiellement dévastatrice dans le monde de ressources rares qui nous attend. D’autant plus dévastatrice qu’elle n’a guère de concurrents. Comme le rappelle Greer http://www.damienperrotin.com/polit...) le premier mouvement politique qui trouvera une réponse plausible au pic pétrolier devrait définir le discours politique sur l’énergie et la société pour les décennies à venir.

Ce ne sera certainement pas les Verts. Leur acharnement à défendre le mode de vie bourgeois-bohème fait parfois penser à des romains du bas empire militant pour les "orgies soutenables" et "l’esclavagisme équitable". Il n’en reste pas moins que l’extrême-droite n’est pas la seule sur les rangs. On peut tout à fait imaginer qu’un groupe de gauche dure associe anti-capitalisme, nationalisme et idées décroissantes – n’oublions pas, après tout, que Mussolini venait de l’aile gauche du Parti Socialiste Italien. Le résultat ressemblerait sans doute à la Pologne des années 80 ou à l’URSS de Brejnev avec des étendards d’une couleur légèrement différente.

Pour l’instant cette alchimie idéologique ne s’est pas opérée. Riposte Laïque et la mouvance qu’elle représente a enveloppé sa xénophobie d’un voile laïque mais les préoccupations écologiques lui restent totalement étrangères. Le POI a sombré dans le social-nationalisme le plus rance mais sa cible c’est l’Union Européenne, pas les immigrés. Quant à l’écologie... Trotsky n’en parle pas donc lui non plus. Lutte Ouvrière s’est elle rendu compte de l’existence des idées décroissantes, mais c’est pour les rejeter comme "réactionnaire" avant de s’enfermer dans un discours pseudo-scientiste. Le courant républicain, de oral à Chevènement a largement démontré son goût pour les hommes forts ainsi que son peu d’appétence pour l’immigration, mais son productivisme foncier cadre mal avec un discours décroissant.

Le Parti de Gauche pourrait aller dans cette direction. Son fondateur Jean-Luc Mélenchon est connu pour ses saillies nationalistes et les minorités un peu trop voyantes ne sont manifestement pas sa tasse de thé. Il, au cours de la campagne des européennes donné une interview remarquée, quoique pleine d’ambiguïtés, à la Décroissance. On le voit mal, cependant, expulser en masse les étrangers. C’est un patriotard, c’est en entendu, mais il ne mange pas de ce pain. D’ailleurs ses troupes – fort maigres quoi qu’on en dise – ne le suivraient pas.

Il faudra sans doute attendre que la crise des ressources s’impose à tous comme une réalité indéniable et qu’une nouvelle génération d’hommes politique accède aux responsabilités pour que le socialisme de guerre s’incarne dans un mouvement politique, tout au moins en France. Le menace est là, cependant, cachée derrière les appels à un état fort ou à l’unité de la nation, ou dans les ambiguïtés et les prétentions révolutionnaires de certains partisans de la décroissances. Ce répit il nous faut de toute urgence l’utiliser pour élaborer une véritable réponse, réaliste, adaptative et humaniste, au pic énergétique global, car si nous laissons germer cette graine, ce sera pour le malheur et l’enseignement des hommes.

http://www.damienperrotin.com

Messages

  • L’article est intéressant, bien que la précision des termes n’y soit pas du tout. le socialisme n’est pas une bête dénonciation des méfaits du capitalisme, les différentes visions alternatives au capitalisme (socialistes donc) sont exposées par Marx et Engels dans le manifeste du parti communiste. Le communisme lui-même étant la société après le socialisme et en tant que mouvement dans le monde capitaliste celui-ci représente les théories du socialisme scientifique. L’appréciation qui nous divise c’est sur le moyen d’installer le socialisme et sur ces taches réelle pour qu’il soit "auto-dissolvant".

    l’article nous parle de socialisme de guerre, ce qui est aberrant. le socialisme étant comme son nom l’indique la socialisation des moyens de production et d’échange. Par la même il supprime la base matérielle à l’origine des guerre. Donc ce serait bien si l’auteur nous expliquait ce qu’il entend par un socialisme qui organiserait des guerres et qui d’ailleurs ce passerait dans le cadre d’un système capitaliste. S’il veut parler de capitalisme d’état se prétendant socialisme, et également nationaliste (donc dans un seul pays) alors cela est clair, ça s’appelle stalinisme.

    Pour la décroissance, le principe c’est de vouloir le mode de production capitaliste mais pas ses conséquences sur l’environnement et l’humanité. Donc le but est de revenir à un niveau de developpement productif qui soit compatible avec la planete. c’est réactionnaire, c’est refuser le progrès au motif de l’utilisation qu’on en fait. c’est borné (forcemment c’est petit-bourgeois) car cela ne conçoit aucun autre mode de production que la prédation capitaliste. l’union avec les partis nazis, nationaux-socialistes donc, est fort probable car le national-socialisme est le même phénomène dans le domaine social, phénomène de petit-bourgeois qui cherchent à faire tourner la roue de l’histoire à l’envers car ils sont condamnés par l’histoire et le developpement du système capitaliste, système décrit dans son fonctionnement par Marx.

    D’ailleurs il est étrange de passer en revue les positions sur la question mais pas celles de marxistes, les évenement du monde réel donnant pourtant raison à sa conception matérialiste.

    voilà un exemple : http://www.lariposte.com/La-decroissance-soutenable-une-utopie-reactionnaire-357.html

    amicalement,

    • je crois que la quesion de l harmonisation entre progres developpement et respect de la vie végetale et animale, trouve en partie une reponse dans ce qui se passe en amerique latine. Ilsemble même que la question de l écologie assez tabou dans le marxisme europeen ou chez les marxistes !, soit elle assumer vivement par les socialistes d amerique du sud(morales), sans pour autant se vautrer dans un passéisme reac.
      Il estpeut être temps pour nous de les écouter avec respect et de remettre en cause certaines idées figées. Pour discuter souvent avec des camarades , la question reste toujours compliquée, et la vision materialiste legitime de certains s’accorde tout de même difficilement avec l’idée scientifique que les végetaux et les animaux sont bel et bien vivant !!!(et qu ils ont un role actif pour notre bien être, pas juste des jouets playmobiles)
      Ceci étant dit, en ces temps de propagandes ecolo, il ne faut laisser aucunes place à ces royalistes, nationalistes de droite , umpiste(certains) et autres raclures qui reveraient d une partie de chasse bucolique en foret pendant que les autres iraient se tuer au champs en ecoutant des les gurus catos, ha la vie d autrefois !!!! le champs, les rudes gaillard,la vie au frais !! les vraies valeurs quoi !!!

    • "Il semble même que la question de l écologie assez tabou dans le marxisme européen ou chez les marxistes !" tu aurais lire le lien que j’avais posté, peut être cette phrase ridicule aurais pu l’être moins. De plus Marx dans le livre I du Capital évoque la destruction de l’environnement par le capitalisme et son fonctionnement logique. Peut être peux tu me citer un autre auteur ayant pris conscience de la problématique environnementale il y a 150 ans ?

      "la vision materialiste legitime de certains s’accorde tout de même difficilement avec l’idée scientifique que les végetaux et les animaux sont bel et bien vivant !"

      le matérialisme est la base de toute science, l’idéalisme est la base de toute idéologie, ceci pourrait t’informer sur les mots que tu utilise sans les comprendre http://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9rialisme

    • deja, le ton de petit dictateur donneur de leçons, en dit long sur ta pensée.
      Puis marx ça n est pas le communisme, le communisme ce sont les gens qui le font, et oui depuis plus d un siecle, le mouvement ouvrier ne s est pas préoccupé veritablement de la question ecologique, moi qui suis ouvrier issu de la classe ouvriere militant depuis 20 ans j ose l affirmer. Au POI ou à LO combien de fois j ai entendu des militant sous éstimer la question ecologique, la ridiculiser meme, peut être par vigilance de ne pas sombrer dans le piege mais quand meme, souvent avec des principes tres figés, encore une fois je ne parle pas de theorie mais bien d hommes et de femmes...
      Tu dis le materialisme c est la base de tout science, moi je te dis qu au nom de la science on a fait des choses pas jojos, faut il renoncer à la science ? bien sur que non mais c es toi qui donne l impression de l idealiser, et quand on fonde une theorie de societé basée sur une science incompléte ou qui deliberement ignore ce qu elle n a pas encore investi on voit ce que ça donne,le pire.
      Le sentiment n est pas l idealisme que je sache, le sentiment que j ai besoin d arbres et d animaux pour vivre bien ça nest pas de l idealisme, dans le fond il semble que c est toi qui manie les concepts caricaturaux du seul point de vu de perception de ta raison...Il suffit de voir le succés de certains centres de reinsertions pour jeunes en difficultés basés sur la proximité avec foret et animaux pour se rendre conte de l importantce de la nature dans le developpement de l equilibre. ça n a rien à voir avec l idéalisme, c est concret, et ça n est pas parceque la science n est pas en mesure aujourd hui de quantifier ce processus qu il faut s en priver et le nommer idéal.
      voila
      bien à toi.
      amicalement.
      erwan.

    • et oui, la difference entre les theoricien de la théorie et les militants de terrain !
      En general les uns sont imbuvables meme s ils ont parfois raison et les autres sont franchement plus humain et indulgent même quand ils ne sont pas d accord...j ai tendance à penser que les premiers peuvent vitent deraper et te prouver par a plus b que tu dois te taire , je fais plus confiance aux autres en genéral !!!