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La nouvelle "affaire Tapie" prend un tour politique
Publie le dimanche 20 juillet 2008 par Open-Publishing1 commentaire
de Christine Garin et Jean-Michel Normand
De nouveau, les routes de Bernard Tapie et celles des socialistes se croisent. Vendredi 18 juillet, le groupe PS de l’Assemblée nationale a fait part de son intention de demander la création d’une commission d’enquête parlementaire. Objectif : "Faire toute la lumière" sur le règlement du litige entre le Consortium de réalisation (CDR), l’organisme public qui gère le passif du Crédit lyonnais, et Bernard Tapie, l’homme d’affaires lancé en politique il y a vingt ans par François Mitterrand, alors tout juste réélu président de la République.
Après treize années de procédure, Bernard Tapie a obtenu 285 millions d’euros d’un tribunal arbitral chargé de régler le litige, au titre du "manque à gagner" et du "préjudice moral" qu’il aurait subis en 1993, lors de la vente d’Adidas par une filiale du Crédit lyonnais.
Devant l’importance de cette somme, François Bayrou avait réclamé, dès jeudi, la création d’une commission d’enquête. Le PS, qui a semblé pris de vitesse par la réaction du président du MoDem, fait valoir qu’une telle commission est tributaire d’un vote - donc de l’assentiment de la majorité UMP - et ne pourrait en tout état de cause être lancée qu’en octobre, après la rentrée parlementaire. Les socialistes ont donc, pour le moment, préféré solliciter la commission des finances de l’Assemblée, qui va organiser plusieurs auditions. La décision a fait l’objet d’un consensus général au sein de cette instance présidée par le socialiste Didier Migaud. Début septembre, seront entendus Jean-Pierre Aubert, l’ancien président du CDR, puis son successeur, Jean-François Rocchi. De plus, Charles de Courson, député (Nouveau Centre) de la Marne, présentera un rapport d’activité de l’EPSR, l’établissement public dont dépend le CDR. "Nous avons l’intention de nous forger une opinion sur le bien-fondé de recourir à une décision arbitrale, mais nous ne préjugeons de rien", souligne M. Migaud.
A la veille du Congrès sur la révision constitutionnelle, le PS entend allumer un contre-feu. "Une réforme constitutionnelle n’est pas nécessaire pour exercer pleinement nos prérogatives", assure Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l’Assemblée. "Si ces auditions ne suffisent pas à éclaircir cette affaire, alors nous réclamerons une commission d’enquête", ajoute M. Ayrault, qui juge "un peu bizarre" la décision du tribunal arbitral. "On a l’impression que, derrière, il y a la main du pouvoir", estime-t-il.
Cette nouvelle affaire Tapie prend donc une tournure politique. Une fois de plus. Car, à 65 ans, l’ancien homme d’affaires déchu a d’incontestables capacités de rebond. Sorti de prison en juillet 1997, après quatre condamnations majeures, l’ancien ministre de la ville de François Mitterrand ne s’est pas contenté de retrouver une notoriété en animant des émissions de radio ou en devenant le héros d’une série de télévision. Il a aussi cultivé ses réseaux politiques.
On le dit désormais proche de Nicolas Sarkozy, pour qui il a voté à l’élection présidentielle de 2007. Il n’exclut pas d’être candidat aux élections européennes de 2009. Les socialistes observent par ailleurs la "sollicitude" dont fait preuve M. Sarkozy à l’égard du Parti radical de gauche, dont Bernard Tapie est resté proche, bien qu’il n’en soit plus membre.
Député de 1989 à 1996 et ministre de la ville de Pierre Bérégovoy en 1992 et 1993, Bernard Tapie avait été "l’arme anti-Le Pen" de François Mitterrand, en même temps que son instrument contre Michel Rocard. A la tête d’une liste aux élections européennes de 1994, il avait activement contribué à prendre des voix à l’ancien premier ministre, qui réalisa un très mauvais score et dut quitter la direction du PS. Ce compagnonnage avec François Mitterrand se termina dans la douleur, l’ancien président de l’OM ayant fini par incarner - notamment à cause de l’affaire du Crédit lyonnais - le symbole des errements de la fin de règne. Mais aujourd’hui, pour les dirigeants socialistes, il s’agit moins d’expier le passé que de trouver un nouvel angle d’attaque contre le président de la République.
De son côté, M. Bayrou continue de dénoncer "les protections au plus haut niveau" dont aurait bénéficié Bernard Tapie dans le règlement du litige qui l’opposait au Crédit lyonnais. "La collusion entre Nicolas Sarkozy et Bernard Tapie est une évidence, déclare le président du MoDem. Nicolas Sarkozy a toujours protégé M. Tapie, comme ministre des finances, et maintenant comme président de la République."





Messages
1. La nouvelle "affaire Tapie" prend un tour politique, 20 juillet 2008, 11:48
Résumons ! 1 Sarkozy +1 Tapie = 1 Stavisky . Excellente réponse de Madame Bellepaire de Loches !