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La nouvelle présidente du Medef est plus proche des objectifs d’Ernest-Antoine Seillière que des attentes des salariés

Publie le mercredi 6 juillet 2005 par Open-Publishing
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La CGT

Le Medef change de tête. La Cgt ne regrette en rien le départ d’Ernest-Antoine Seillière. Elu pour être « le tueur des 35 heures », il aura incarné la lutte des classes la plus extrême menée par le patronat contre le statut et les droits du travail salarié.

Sous son impulsion, le Medef sera devenu un instrument de lobbying politique pour obtenir des gouvernements successifs des réformes qui ont fragilisé les droits des salariés à l’emploi, à la protection sociale et à la retraite et désengagé les entreprises de leurs responsabilités sociales et citoyennes. Cela a fortement contribué à l’aggravation du chômage et des inégalités sociales.

Il va maintenant sévir à la tête du patronat européen cela ne rassure en rien sur l’avenir de l’Europe sociale.

Laurence Parisot est élue présidente du Medef.

L’arrivée d’une femme à la tête d’une organisation patronale aussi importante témoigne de la place grandissante des femmes dans la société française.
Reste à savoir si cela contribuera à une dynamique d’égalité professionnelle dans les entreprises. Rien n’est moins sûr.

Les femmes comme les hommes marchent avec leur tête et celle de Madame Parisot est visiblement plus proche de celle d’Ernest-Antoine Seillière que des attentes des salariés.

Les premières déclarations de la nouvelle présidente du Medef démontrent sa volonté d’inscrire ses objectifs dans les pas de son prédécesseur.

Le Code du travail est son principal adversaire. Elle veut gagner la liberté des entreprises contre celle des salariés, contre leur droit à travailler dans la dignité. Elle affirme vouloir « donner plus d’ampleur » au contrat nouvelles embauches créé par Dominique de Villepin. Celui-ci est combattu par la Cgt et contesté par toutes les organisations syndicales. Cela augure mal d’un dialogue social qu’elle dit vouloir rénover.

Le dialogue social implique le respect des organisations syndicales et l’engagement d’une vraie réforme des règles de négociation collective instituant la règle majoritaire pour la validité des accords, de nouveaux critères de représentativité des organisations patronales et syndicales appuyés sur l’élection et la suppression des seuils pour ouvrir toutes les entreprises au droit syndical et social.

Messages

  • La patronne du MEDEF s’est déjà affranchie du code du travail

    Laurence Parisot était traînée devant les prud’homme le jour de son
    élection triomphale.

    Un méchant procès au prud’hommes devait se tenir le 5 juillet – le matin
    même de l’élection à la présidence du MEDEF -, et il risquait fort de
    ternie l’image de la toute nouvelle patronne des patrons.

    L’une de ses ex-employées de maison, Corinne L., lui reprochait une « 
    rupture abusive de contrat ». Mais – coup de théâtre -, au début de
    l’audience, la plaignante s’est très spontanément désistée de sa requête
    et des 20 000 euros de dommages et intérêts qu’elle réclamait. A la
    grande surprise de ses défendeurs (dont la CGT), qui n’en avait même pas
    été informés ! Et ses persifleurs d’interpréter son revirement de
    dernière minute comme la conséquence d’un chèque reçu en dédommagement.
    Même si la plainte se trouve annulée de facto, les pièces produites à
    cette occasion ne se sont pas volatilisées. Entre autres, les fiches de
    paie reçus par Corinne L. de mars 1998 à novembre 2000. Celles-ci
    attestent que Laurence Parisot a fait salarier cette employée de maison
    par une filiale de l’Ifop (qu’elle dirige depuis 1990), dénommée Phone City.
    Officiellement « assistante » dans cette boite de sondages par
    téléphone, Corinne L. ne mettait jamais les pieds au bureau. Elle
    travaillait au domicile parisien de Laurence Parisot comme « 
    gouvernante », maître d’hôtel et cuisinière. Moralité, sa patronne a
    fabriquée un faux contrat de travail, de fausse fiche de paie et rédigé
    une fausse lettre de licenciement. Et utilisé les fonds de l’Ifop à des
    fins personnelles. Le péché n’est certes pas mortel et les sommes en jeu
    guère astronomiques. Mais cette pratique a déjà valu à , nombre de
    chefs d’entreprise de se retrouver en justice pour abus de bien sociaux.
    Et ce n’était guère convenable vis-à-vis des actionnaires de l’époque
    (Accor et chargeurs). Enfin, voilà qui augure mal des méthodes et de la
    philosophie de la nouvelle patronne des patrons. Laquelle n’a pas
    souhaité répondre aux question du « Canard ».
    Au cours de sa campagne pour la succession d’Ernest –Antoine Seillière,
    la chef sondeuse s’est d’ailleurs illustrée par cette déclaration : »la
    liberté de penser s’arrête où commence le droit du travail. »
    Visiblement, sa propre liberté n’est pas toujours bridée.

    Preneurs de sondes très flexibles

    La très libérale Laurence Parisot possède, avec l’Ifop, un intéressant
    laboratoire. Les neufs dixième de ses salariés ont droit à un statut
    tout à fait spécial : sous contrat à durée déterminée, ils peuvent se
    voir révoquer à volonté mais aussi reconduire indéfiniment, comme le
    permet le statut des « sondeurs de terrain », dérogatoire au Code du
    travail. Et voilà encore un peu de « liberté » gagnée !
    Doyen des instituts de sondages français (il fut fondé en 1938), l’Ifop
    a sa tradition syndicale, et quelques-uns de ses salariés bénéficient de
    contrat à durée indéterminée ou sont « chargés d’enquête à garantie
    annuelle ». Peu après son arrivée à la tête de l’entreprise, en 1990,
    Laurence Parisot a contourné cette difficulté grâce à deux astuces.
    Primo, en sous-traitant une partie de enquêtes à la société Catherine
    Delannoy et Associés, où la contestation sociale n’est pas de tradition.
    Secundo, en créant une filiale spécialisée dans les sondages par
    téléphone, Phone City, celle-là même qui employait fictivement sa
    gouvernante.

    Comme on l’imagine, les CDI n’y sont pas légion, et les syndicats
    figurent aux abonnés absents. En mai 2000, Laurence Parisot déclarait à
    « La Tribune » : « les femmes ont une vision plus optimiste de l’avenir,
    elles apportent de la flexibilité dans l’entreprise. » En tout cas, la
    démonstration en est faite à l’Ifop.
    A ce sens de la flexibilité, ma nouvelle présidente du MEDEF ajoute un
    goût indéniable pour la transparence. Certes, le chiffre d’affaires et
    les résultats de Phone Cityt, qui assure le plus gros de l’activité de
    l’Ifop, sont introuvables. Au moins dans les banques de données
    consultées par « Le Canard », qui indiquent : « comptes annuels non
    publiés ».
    N’empêche qu’en mai dernier c’est très spontanément que Laurence Parisot
    a communiqué les résultats de l’Ifop. Une enquête de « L’Express »
    venait en effet de souligner que cet institut les dissimulait depuis
    plusieurs années. Malencontreuse erreur aussitôt rectifiée. A deux mois
    du scrutin du MEDEF, il n’était que temps.

    Jean-François Julliard – Le Canard enchaîné – mercredi 6 juillet 2005

  • Vue de l’IFOP Un champion de la précarité

    À la 198e place du dernier classement annuel des 500 pre- mières fortunes professionnelles figure le nom de Parisot. En face, un chiffre : 100 millions d’euros, agrémenté d’une flèche montante pour signifier l’évolution en cours. Pour les Parisot, ça baigne. Leur fortune, ils la tirent d’abord, et surtout, du groupe Jacques Parisot, premier fabricant français de meubles, mais aussi de l’IFOP, dirigée par la fille, Laurence, qui, au demeurant, n’hésite pas à exhiber ses signes extérieurs de richesse : elle gare régulièrement sa Maserati, héritée de son père, sur le parking de la boîte.

    Cette femme qui va piloter un mouvement patronal défendant surtout les intérêts des grands groupes présidait jusqu’alors une entreprise jouant dans la cour des PME. À l’IFOP, 130 salariés permanents en France (plus des filiales en Chine, en Argentine et au Canada), elle laisse le souvenir d’une « personnalité marquée », qui « impose ses choix », « délègue peu ». Une patronne « très ferme, mais pas dure », plutôt « attachée à la paix sociale », menant sa barque « de manière assez paternaliste », n’hésitant pas « à lâcher quand elle sent un risque de conflit », selon Marie-Paule Colback, déléguée syndicale CGT à l’IFOP depuis 1990, qui, expérience à l’appui, la juge encore « ouverte au dialogue » avec les syndicats.

    Une ouverture qui a cependant ses limites. À l’IFOP, comme dans de nombreux instituts d’opinion, la précarité règne en maître. Pour réaliser ses sondages, l’entreprise emploie 10 enquêteurs en CDI et... 210 payés à la vacation, laquelle peut durer aussi bien trois jours que trois semaines, au maximum. Pour rompre avec cette insécurité permanente infligée aux vacataires, la CGT du secteur, rapporte Marie-Paule Colback, propose de longue date l’instauration d’un CDI à temps partiel, passé avec plusieurs employeurs, et garantissant un salaire mensuel. Sans succès auprès de Mme Parisot.

    Yves Housson

    (Source : L’Huma du 6/7)