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La pensée libre d’Edward Saïd

Publie le jeudi 23 septembre 2004 par Open-Publishing

Un colloque est organisé à la Bibliothèque de France, en hommage à l’intellectuel palestinien.

Paris-Diderot les 24 et 25 septembre 2004

« Nous croyons que la remise en question, la critique et le désaccord sont des droits légitimes importants qui doivent être protégés. » Ces mots définissent bien la posture qui fut, toute sa vie, celle du grand intellectuel palestinien Edward Said, mort à New York il y aura un an samedi, à l’âge de soixante-neuf ans. Ils sont tirés d’un appel publié à l’automne 2002 et intitulé « Pas en notre nom ». Des milliers d’intellectuels américains de toutes origines y déniaient le droit à l’administration Bush de lancer au nom du peuple américain « la guerre du bien contre le mal » pour répondre à l’horreur des attentats du 11 septembre 2001. À l’époque, il y avait déjà eu la guerre contre l’Afghanistan, et l’attaque de l’Irak menaçait. Le texte faisait aussi allusion à la carte blanche donnée à Ariel Sharon de décimer les Palestiniens, toujours au nom du combat pour le bien et la liberté, qui reste le cheval de bataille favori de George W. Bush.

Edward Said était l’un des signataires les plus en vue de cet appel à résister, à empêcher Bush d’imposer le règne de la guerre et de la peur qui va de pair avec toute politique de vengeance et de représailles. Il ne fut pas suffisamment entendu, ce qui n’a pas dû le surprendre, habitué qu’il était à toujours batailler et nager à contre-courant. C’est d’ailleurs le titre de l’un de ses derniers ouvrages : À contre-voie, paru en 2002.

Car ce Palestinien né à Jérusalem, mais qui passa presque toute sa vie en exil aux États-Unis, eut des démêlés avec tous les pouvoirs, y compris chez les siens. Engagé dans la lutte de son peuple pour la libération de sa patrie, il fut longtemps membre du Conseil national palestinien, sorte de parlement de l’OLP, qu’il quitta en 1991, estimant ne plus pouvoir y exercer cette indépendance d’esprit qui le caractérisait plus que tout. Très critique à l’égard de Yasser Arafat, il avait pourtant pris sa défense récemment, quand le président palestinien fut menacé de mort par Ariel Sharon.

Le colloque que lui consacre l’université Paris-Diderot les 24 et 25 septembre a été organisé en coopération avec l’Université américaine de Columbia, aux États-Unis, où Edward Said tint pendant de longues années la chaire de littérature comparée. De nombreux universitaires américains, mais aussi arabes et palestiniens participeront à ces deux jours de réflexion sur l’oeuvre d’Edward Said. Une oeuvre qui traverse toutes les frontières, à commencer par celles qu’on établit habituellement entre les disciplines. La vingtaine d’ouvrages que l’on doit à Edward Said traitent aussi bien de critique littéraire, de philosophie, de politique que de musique. Musicologue et musicien averti, il avait créé, en 1998, avec son grand ami le chef d’orchestre, Daniel Barenboïm, « l’Orchestre de la paix » réunissant des musiciens israéliens et palestiniens.

Une autre manière de lutter, et de militer, qui illustre les multiples talents de cet intellectuel hors du commun. Le colloque s’achèvera samedi soir par la lecture de poèmes et de textes et une prestation de Daniel Barenboïm à l’antenne française de l’Université de Columbia.

Programme et inscriptions : www.univ-paris7.fr/edwardsaid/

ou tél : 01 44 27 63 78

www.aloufok.net