Accueil > La précarité, c’est ici et maintenant...

La précarité, c’est ici et maintenant...

Publie le mercredi 14 mai 2003 par Open-Publishing

Déclaration à reproduire et à lire en tout lieu spectaculaire d’où pourrait
réémerger du public.

L¹industrie du spectaculaire intégré et du commandement immatériel me doit
de l¹argent. Je serai intransigeant avec elle jusqu¹à ce que j¹obtienne ce
qui me revient.
Pour toutes les fois où je suis apparu à la télévision, au cinéma ou à la
radio, comme passant occasionnel ou comme élément du paysage, et où mon
image ne m¹a pas été payée ;

Pour toutes les fois où mes traces, inscriptions, graffitis, photographies,
dispositions d¹objets dans l¹espace (stationnements fantaisistes, accidents
catastrophiques ou spectaculaires, actes de vandalismes, ouvertures de
squatts, etc...) Ont été utilisées à mon insu dans des shows ou des journaux
télévisés ;

pour tous les mots ou expressions à l¹impact communicationnel assuré forgés
par moi dans les bars de quartier, sur les places des villes, sur les murs,
dans les centres sociaux et qui sont ensuite devenus des indicatifs
d¹émissions, des slogans publicitaires agressifs ou des noms de bâtonnets
glacés, sans que je voie passer un sou ;

pour toutes les fois où mon nom et mes données personnelles ont été mises au
travail gratuitement dans des calculs stastistiques, pour adapter l¹offre à
la demande, définir des stratégies de marketing, augmenter la productivité
d¹entreprises qui me sont on ne peut plus étrangères ;

pour la publicité que je fais continuellement en portant des tee-shirts, des
sacs-à-dos, des chaussettes, des blousons, des maillots, des serviettes de
toilette où sont inscrits des marques et des slogans, sans que mon corps
soit rémunéré entant qu¹affiche publicitaire ;

pour tout cela et pour bien d¹autres choses encore, l¹industrie du
spectaculaire intégré me doit de l¹argent !

Je comprends qu¹il serait compliqué de calculer combien me revient à moi en
particulier. Mais cela n¹est pas du tout nécessaire, car je suis multiple et
varié. Et ce que l¹industrie du spectaculaire intégré me doit, elle le doit
aux nombreux autres que je suis et elle me le doit parce que je suis
nombreux. C¹est pourquoi nous pouvons par conséquent nous mettre d¹accord en
vue d¹une rétribution forfaitaire généralisée.

Vous n¹aurez pas de paix tant que je n¹aurai pas mon argent !

Beaucoup d¹argent parce que je suis nombreux :

Revenu garanti pour tous !

( Texte pillé dans la revue Persistances ; n° printemps 98)

*********************************************************************

La précarité, c’est ici et maintenant :
Une guerre peut en cacher une autre.

Alors que fins de contrats et plans sociaux se multiplient, que les
travailleurs pauvres n¹ont jamais été si nombreux, que les travailleurs
précaires de la fonction publique voient leurs statuts rabotés, de Mac
Donalds à Pizza Hut et ailleurs naissent des luttes contre les conditions de
travail et pour des augmentations de salaires.
Plus que jamais, l¹ensemble des salariés doit pouvoir s¹appuyer sur des
droits sociaux suffisants pour résister à la multiplication des emplois
sous-payés et/ou non choisis. Mais l¹État et les partenaires "sociaux"
continuent à appliquer la doctrine, chère à la droite comme à la gauche, de
l¹activation des dépenses passives. Ainsi, une "conférence gouvernementale
pour l¹emploi" a-t-elle accouché récemment d¹un énième plan de subvention
aux employeurs, qui vient logiquement compléter une campagne de harcèlement
et de radiation des chômeurs, en plein essor depuis l’instauration du PARE
il y a deux ans.

" Si t¹es pauvre, va bosser, tu le resteras, mais t¹auras de la dignité ".
De la restriction des allocations chômage en décembre dernier au projet de
Revenu Minimum d¹Activité annoncé par le gouvernement, de la destruction
programmée des droits des Intermittents du Spectacle au maintien du gadget
jospinien de la " prime pour l¹emploi", de l¹interdiction, (en place depuis
1988 !) du RMI aux moins de 25 ans à la menace de réforme des retraites, de
l¹application de la Loi de Sécurité Quotidienne de Dray au vote de la Loi de
Sécurité Intérieure de Sarkozy, la politique de ce gouvernement porte en
étendard l¹idéologie de l¹emploi, dans n¹importe quelles conditions, à
n¹importe quel prix, comme mesure de contrôle sur les vies, et au service
d’une véritable restructuration productive. Nous avons mieux à faire
qu¹esclaves chez Lagardère ou pointeur non-indemnisé à l¹ANPE. Loin d¹être
les inutiles " assistés " que l¹on prétend, nous contribuons par nos
activités si souvent gratuites et presque toujours mal rétribuées à la
richesse sociale. Parce que des droits sociaux que nous arracherons dépend
le sort du plus grand nombre, nous, chômeurs, précaires, licenciés,
licenciables, fins de contrats, fin de droits, droit à rien, intermittents
de l¹emploi et/ou du spectacle, salariés en poste aux vies colonisées par
l¹emploi, exigeons :

 La garantie du salaire pour tous les licenciés jusqu¹au reclassement
choisi ou à la retraite. Le droit pour tous, tout au long de la vie, à une
formation qualifiante, choisie et rémunérée.
 Ce qui implique la refonte complète du système d¹assurance-chômage : pas
d¹allocation en dessous du SMIC mensuel, pas de chômage non-indemnisé, fin
du contrôle social.
 Le maintien et l¹extension du régime d¹indemnisation des intermittents du
spectacle qui seul assure une continuité de droits entre les périodes
d¹emploi et les périodes de chômage et de formation.
 La titularisation des précaires de la fonction publique sur postes choisis
pour ceux qui le désirent. La garantie de salaire et le choix de leur
formation pour les autres.
 La revalorisation de tous les minima sociaux (notamment le
MinimumVieillesse) à hauteur du SMIC mensuel, leur individualisation et leur
inconditionnalité. L¹abandon du projet de RMA.
 L¹abrogation de la LSQ et de la LSI qui criminalisent les pauvres, les
fraudeurs dans les transports en commun et autres mal-logés.

Avec ou sans emploi, un revenu c¹est un droit

Assemblée des Précaires Associés de Paris, débat, projection de ciné-tracts
Mardi 13 mai 18h 30 au CICP
21 ter rue Voltaire, Paris 11ème
M° rue des boulets

http://pap.ouvaton.org - precairesassocies@yahoo.com