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La prison pour un ticket de métro

par Anthony Casanova

Publie le mardi 16 février 2016 par Anthony Casanova - Open-Publishing
6 commentaires

La prison pour un ticket de métro
Par Anthony Casanova

Sur les bancs de l’Assemblée Nationale on ne dit pas que des conneries, on en vote aussi. Ainsi, les cravates pensantes qui font les lois ont eu une idée grandiose : « intégrer à la loi sur la sécurité dans les transports publics une peine de prison pour ceux qui signalent aux autres la présence de contrôleurs ou agents de sécurité. »
En gros, si vous partagez sur les réseaux sociaux ou via des applications dédiées à cet effet la présence d’un contrôle vous pourriez descendre à la station prison en vous allégeant de la modique somme de 3 750 €. La raison invoquée pour justifier de passer 2 ans derrière les barreaux est le préjudice économique des sociétés de transport sans oublier le « sésame ferme-toi » de notre époque : « la lutte contre le terrorisme. »

En imaginant qu’un Oussama Ben Laden de fortune n’ait pas songé à payer son ticket de métro avant de se faire exploser, et que, pris de remords, il consulte Twitter pour savoir si par hasard on ne va pas l’enquiquiner dans les couloirs… on se dit que la lutte contre le terrorisme se raccroche à bien peu de chose.

Outre l’amende de 3 750 euros qui est complètement dégueulasse car, on ne va pas se mentir, il n’a que ceux qui sont léger d’argent qui resquillent un ticket de métro. Et là, on va taxer à plus de 3 fois le smic celui qui prévient ceux qui enjambent le tourniquet ? Et s’il n’y avait que ça… non il a fallut rajouter la taule.

Donc la prison, toujours la prison comme si ces dernières n’étaient pas assez pleines. Donne-t-on si peu de crédits à la liberté pour décider d’en priver nos concitoyens aussi facilement ? Comment peut-on d’un côté s’émouvoir de la surpopulation carcérale et de l’autre mettre dans une cage le moindre voleur de pomme ?
La prison, isoler une personne, la priver de son appartenance quotidienne à la société devrait être la solution de l’impuissance. Que l’on enferme un assassin, un violeur… si l’on juge qu’il est un danger pour ceux qu’ils croisent dans la rue, eh bien soit si l’on se dit que nous ne pouvons plus faire autrement… mais une personne qui a twitté « contrôle à la station République » faut pas déconner ! La prison est une chose bien trop sérieuse et grave pour en foutre à toutes les sauces et la normaliser ainsi.

Si à en croire Camus « une société se juge à l’état de ses prisons », on peut sans doute affirmer que la faillite d’une démocratie se ressent par sa facilité à remplir ses cachots.

par Anthony Casanova

Messages

  • à cette SFIO bis, ne lui reste plus qu’à voter les pleins pouvoirs à... Pétain ! et la boucle sera bouclé.

  • Pile quand la cour des comptes dénonce un prétendu déficit dû à la fraude !
    ça va être l’occasion de faire de l’humour dans les signalements, style : Plein de cafards station machin truc, ou nombreuses ordures débordent du couloir bidule ou mendiants agressifs à bord du train... Contre la connerie libérale, il ne reste que la dérision

  • Et pendant ce temps là :
     Cahuzac voit son procès pour fraude fiscale et blanchiment de fraude repoussé aux calendes greques.
     Balkany pour les mêmes chefs d’incrimination poursuit tranquillement et joyeusement ses activités de député et de maire.
     Sarkozy qui traîne de singulières casseroles occupe le devant de la scène.
     Wildenstein très riche collectionneur et à titre principal fraudeur du fisc français voit lui aussi son procès remis sine die.
    Les promoteurs de ce projet ignominieux sont bien les bons représentants des temps du moment ; en 1940 nul doute que comme leur prédécesseurs ils auraient sans état d’âme voté les pleins pouvoirs à Pétain.

  • Camarades : -vous n’avez rien compris puisque c’est là du gagnant-gagnant !

    Les taules comme les transports, et d’ailleurs tous autres services publics étant désormais dévolus au privé (ou en passe de le devenir sans tarder) ; une telle mesure crée de l’activité, du bon business bien juteux pour les petits copains du grand K : -que ce soit la construction de nouvelles prisons ou leur gestion, etc...

    Puis quand, grâce à de telles mesures si judicieuses, on aura mis la moitié de la population en taule et que l’autre moitié sera occupée à les construire, à les gérer, ou à en être les matons... eh bien ce jour là, on aura définitivement résolu le problème du chômage. Alors elle est pas belle la vie ?

    Puis d’ailleurs, preuve que cette politique est pertinente, puisque à part quelques vieux cons de notre espèce qui y réagissent par quelques inoffensifs coups de gueule comme ici, elle est largement approuvée par l’assourdissant silence du reste d’une populace décérébrée bien plus intéressée par le délicieux spectacle (en boucle sur tout bon support à abrutir les masses) de flics défonceurs de portes (grandes ouvertes) dans leurs chasses aux misérables petits délinquants.

  • Ils ont dit quoi les députés Front de gauche ? on aimerait le savoir.