Accueil > La rigueur s’annonce, mais... chut ! Faut pas le dire
La rigueur s’annonce, mais... chut ! Faut pas le dire
Publie le mardi 25 septembre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
FRANCE | 00h05 Le premier ministre François Fillon enfonce le clou : la situation économique de la France « n’est plus supportable ». Reste à trouver la bonne méthode.
François Fillon. Il avait grondé sa ministre Christine Lagarde qui parlait de rigueur. Mais c’est bien l’austérité qui se profile
Gros problème sémantique à l’horizon pour le gouvernement français. Comment appliquer la rigueur, sans utiliser ce mot ? Car depuis les déboires politiques de feu Raymond Barre qui la prônait à la fin des années 80, la « rigueur », tout comme « l’austérité » sont bannis du vocabulaire politicien d’outre-Jura.
La ministre de l’Economie Christine Lagarde l’a récemment appris à ses dépens en évoquant l’éventualité d’un plan de rigueur. Aussitôt, le premier ministre François Fillon l’a sèchement rappelée à l’ordre. Question de méthode, comme dirait le président Nicolas Sarkozy. Pour faire passer l’amère pilule de la rigueur, il convient de préparer le peuple en fonction d’un plan média bien rôdé.
C’est ce qui s’est passé durant ce week-end. François Fillon a tout d’abord lâché devant les micros, après une dégustation de vins corses : « Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite. » Véhémentes protestations des anciens premiers ministres Raffarin et Villepin. Pour le plus grand bonheur du couple Sarkozy-Fillon qui s’est ainsi démarqué de ses prédécesseurs.
Déficit record
Hier, François Fillon en a remis une couche, histoire de préciser que sa première intervention ne devait rien aux vignes de l’Ile de Beauté. Il ne parle plus de faillite mais d’une situation économique « devenue insupportable ». Auparavant, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, a apporté au chef du gouvernement une eau bienvenue à son moulin enconfirmant sur les ondes : « Les finances publiques françaises sont en très grande difficulté. »
C’est le moins que l’on puisse dire. Selon François Fillon, la France accusait un déficit de... 1150 milliards d’euros à fin 2006 ! A elle seule, la Sécurité sociale plonge dans un trou de 11,7 milliards d’euros. Encore plus grave : en quinze ans, la France est tombée de la treizième à la vingt et unième place au classement mondial du produit intérieur brut (PIB) par habitant (la Suisse occupe le sixième rang, le premier étant détenu par le Luxembourg, devant l’Irlande). Dès lors, on ne voit pas comment les Français pourraient se passer d’un plan de rigueur, quel que soit son nom. Quant à la méthode, elle paraît changer radicalement de celle qui prévalait à l’époque du règne chiraquien. On abordait alors une question économico-sociale après l’autre. Avec des insuccès notoires, comme celui du premier ministre Alain Juppé en 1995, qui avait dû renoncer à sa réforme de la Sécurité sociale après la grève des cheminots.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy ouvre tous les chantiers en même temps : les retraites, le droit du travail, la baisse du nombre de fonctionnaires, la réforme de la « Sécu ».
Avantage : en multipliant les fronts, on évite les points de fixation. On divise les oppositions. On étourdit les dirigeants syndicaux qui, à cette allure, sont toujours en retard d’un mot d’ordre. Mais les inconvénients ne sont pas légers. Tout d’abord, cette méthode peut, non pas diviser les mécontentements mais au contraire les multiplier. Si les syndicats parviennent à fédérer ces oppositions, le gouvernement se trouvera dans une impasse. Ensuite, en focalisant ses réformes en rafales sur sa seule personne, Nicolas Sarkozy risque de le payer politiquement fort cher. Comme l’indiquait, hier, à La Tribune, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque : « Super Dupont qui change la France en six mois, ça n’existe pas ! »
Messages
1. La rigueur s’annonce, mais... chut ! Faut pas le dire, 25 septembre 2007, 20:28
"Pour faire passer l’amère pilule de la rigueur, il convient de préparer le peuple en fonction d’un plan média bien rôdé."
franchement ,ça fait quelques temps que mon budget connait la rigueur je ne crois pas avoir besoin de preparation mediatique.