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Le Chili trouble-fête

Publie le mercredi 23 mai 2007 par Open-Publishing

de Laury-Anne Cholez

Le Chili s’invite aujourd’hui au festival internationl du film de Cannes, avec la projection du documentaire de Carmen Castillo, Calle Santa Fe, sélectionné dans la catégorie "Un certain regard". Une histoire qui interroge sur le sens de l’engagement militant à travers l’histoire du leader du MIR (extrême gauche chilienne), Miguel Enríquez , assassiné en 1974. Un symbole au Chili.

Calle Santa Fé, le dernier documentaire de la réalisatrice chilienne Carmen Castillo est sur les écrans cannois dans le cadre de la sélection "Un certain regard". Ce n’est pas la première fois que cette réalisatrice engagée met en scène les heures sombres du Chili. Après plus de 7 films, dont Flaca Alejandra, (histoire d’une militante du MIR passée du coté de Pinochet), elle s’attaque désormais à un symbole de la lutte contre la dictature : son ex-compagnon Miguel Enríquez .

Le 5 octobre 1974 il est assassiné par la DINA (Police secrète de Pinochet). Au cours de cette attaque, la jeune résistante blessée est sauvée in extremis, puis s’exile en France, où elle réside toujours. Vingt-neuf ans après son départ, c’est en réalisatrice qu’elle retourne avec sa caméra sur les lieux même où sa vie a basculé : la rue Santa Fé à Santiago. Ici rien ne semble avoir bougé. Au fil des rencontres avec la famille, les voisins (les même qu’en 1974), les camarades, Carmen parcourt un chemin qui va de la clandestinité à l’exil, des jours lumineux d’Allende aux longues années sombres de la dictature avec tous ceux qui ont résisté à cette époque. Elle tisse l’histoire d’une génération de révolutionnaires et celle d’un pays brisé. La quête du sens de ces vies engagées nous conduira dans les sous-sols d’un pays amnésique. La réalisatrice s’interroge alors sur le sens de l’engagement et de la révolte. A quoi ont servi tous ces morts ? Ont-ils été oubliés ? Quels sont les rêves des jeunes chiliens aujourd’hui ?

Un certain regard … sur la Mémoire

A la fois historique, biographique et culturel, le documentaire met en scène un pays divisé sur son devoir de Mémoire. Carmen Castillo, qui joue à la fois le rôle de personnage, de narratrice et de réalisatrice, n’a pas voulu faire une biographie de son ex-compagnon Miguel Enríquez. Loin de jouer les veuves éplorées ou héroïques, elle s’est plutôt interrogée sur le sens de l’engagement de l’ex-leader du MIR. Elle a construit son récit de 167 minutes comme un hommage à la résistance et à la solidarité, en contraste avec le Chili néo-libéral actuel. Le film s’interroge sur ce qui est arrivé à toute une génération de personnes qui se sont engagées en luttant pour la justice et la liberté. Un point de vue qui a plu au comité de sélection cannois. Une chance pour son travail, qui n’est pas vraiment compris au Chili en raison des sensibilités encore exacerbées sur cette partie de l’histoire.

Laury-Anne Cholez ( www.lepetitjournal.com - Santiago) Mardi 22 mai

Le film sortira au Chili le 5 octobre prochain à l’occasion des 33 ans de la mort de Miguel Enríquez.

Née à Santiago du Chili, Carmen Castillo, engagée à gauche, travaillait au palais de la Moneda avec Beatriz Allende, sœur et secrétaire du président chilien. Elle fut l’épouse successivement de deux dirigeant du MIR (mouvement d’extrême gauche chilien), Andrés Pascal en 1967 dont elle a une fille, Camilla, puis de Miguel Enriquez. En 1974, la police politique découvre leur cachette, Miguel est tué, Carmen, blessée est emprisonnée. Ses parents réussissent à la faire libérer, elle s’exile en Angleterre, puis à Paris.

http://www.lepetitjournal.com/content/view/14871/1221/