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Le Maroc utilise les musulmans de l’Espagne pour attaquer Aminatou Haidar et l’Algérie
Publie le mercredi 16 décembre 2009 par Open-PublishingPar Ignacio Cembrero
Tout est bon lorsqu’il s’agit d’attaquer Aminatou Haidar et, en second lieu, l’Algérie et le Front Polisario. Le Maroc a eu recours à l’instrument religieux en Espagne à savoir l’islam pour attaquer l’activiste sahraouie en grève de la faim à Lanzarote. La Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI) a publié, mardi soir, une déclaration qui indique que « le comportement de Aminatou Haidar « obéit » à une motivation politique, se situe dans le contexte d’un complot orchestré par le autorités algériennes et d’autres secteurs hostiles au Maroc ».
La déclaration est parue sur le site internet de l’agence de presse officielle marocaine (MAP). La déclaration de la FEERI coïncide avec l’offensive diplomatique déclenchée par Rabat en Espagne. Hier, le ministre Marocain de la Justice, le socialiste Abdelouahed Radi, a tenu une série de contacts à Madrid suite à quoi il a fait une déclaration à la presse soulignant que l’Espagne et le Maroc sont à la fois « victimes » du problème créé par Aminatou Haidar. Radi a été précédée par le président du Sénat, M. Mohamed Cheikh Biadillah, et Nizar Baraka, ministre adjoint de l’Économie.
Le communiqué du FEERI a condamné l’Algerie plus qu’Aminatou Haidar. Il a dénoncé les « manœuvres » de l’Algérie « qui ne servent qu’à créer un climat de tension et de discorde en contradiction avec l’esprit de bon voisinage, en mettant l’accent sur l’islam. » La FEERI constitue avec l’Union des communautés islamiques d’Espagne (UCIDE), l’une des deux principales associations musulmanes en Espagne. Ce sont les conseils qui regroupent les musulmans, reconnus par l’Etat pour traiter les questions religieuses relatives aux musulmans. En Espagne, il y a 1,2 millions de musulmans.
L’UCIDE, majoritaire, jouit de la réputation d’être indépendante comparativement à la FEERI considérée comme étant liée au Maroc. Son président, Mohamed Ali, appelle ouvertement à la « décolonisation » de Melilla et Ceuta. Ainsi, l’assemblée de cette dernière ville a décidé à l’unanimité y compris le parti islamique que l’individu est persona non grata à Ceuta, où il réside. La FEERI avait jusqu’ici évité d’intervenir directement dans la politique à l’exception de quelques petites interventions dans de petits lieux en commençant par Ceuta, où il critique vivement l’action du Conseil de la ville dans les mains du Parti Populaire.
La déclaration de mardi a stupéfait les fonctionnaires du Ministère de la justice qui suivent de près le monde religieux musulman en Espagne. « Je suis surpris que le FEERI a atteint ce niveau d’engagement sur un sujet qui est loin du religieux », a déclaré Jordi Moreras anthropologue et expert de communautés musulmanes. « Je me demande si l’usage religieux de cette source n’est pas lié à des menaces voilées formulées par certains responsables marocains sur les conséquences d’une crise que l’Espagne pourrait avoir avec le Maroc », poursuit-il.
Le communiqué de la FEERI « espère que l’Algérie, un pays frère musulman, examine le sens et la portée de l’initiative marocaine d’autonomie pour résoudre le conflit et contribuer de façon positive et constructive pour la paix dans la région. » D’autres associations d’immigrés marocains ; le dernier l’Union marocaine des Iles Baléares, ont condamné à travers leurs déclarations Haidar et ont exprimé leur soutien à la « marocanité » du Sahara occidental.
EL PAIS, 10/12/2009
