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Le Modem est-il de droite ?

Publie le dimanche 10 février 2008 par Open-Publishing
11 commentaires

de Gilles Alfonsi et Philippe Stierlin,

La question vaut d’être posée, après le Conseil national du PCF de ce 8 février.

Le débat du CN s’est focalisé sur le manque de clarté de la position du PC concernant la possibilité de participer à des listes aux municipales (au 1er tour, au 2ème tour) ou demain à des exécutifs comprenant le Modem.

Les situations de Grenoble et Paris ont été évoquées, de même que celles de Bordeaux et de Montpellier. A Grenoble, la liste comporte 9 membres du Modem, dont ses dirigeants locaux. A Paris, il y a des craintes croissantes d’une alliance de deuxième tour avec le Modem.

Au-delà de ces exemples emblématiques (grosses villes, dont la capitale), le problème du Modem se pose dans d’autres endroits.

Nous (les membres du CN "communistes unitaires") sommes intervenus pour demander une clarification de la position du Parti, soulignant la nécessité de ne pas nourrir une recomposition politique autour des options sociales-libérales, dans un contexte de brouillage des valeurs et des orientations, d’envoyer un message clair au "peuple de gauche". Une position ambigu sur un tel sujet est contraire à tout ce qui fonde l’engagement communiste.

Plusieurs responsables départementaux ont évoqué un "certain trouble" dans le Parti.

Trois arguments nous ont été opposés, en substance :
 la question d’une alliance avec le Modem ne se pose pas puisque c’est le PS qui, ici et là, a des vélléités d’alliances,
 le Modem ne constitue pas une entité homogène, il y a en son sein des personnes qui ne sont pas vraiment de droite,
 il ne faut pas mettre en difficulté la dynamique de rassemblement à gauche naissante par une prise de position brutale,
et un quatrième "argument" :
 "il est trop tôt", "on ne réglera pas le problème par une déclaration"...

MG Buffet est intervenue à deux reprises contre une clarification du texte.

La version finale de la résolution du CN dit ceci : "Et c’est bien parce que l’urgence est de battre la droite et ses idées, et de construire une alternative à gauche que le Conseil national dénonce les manoeuvres d’élus socialistes qui, imaginant leur salut du côté du Modem, contribuent à la dilution des valeurs et des convictions propres à la gauche. Il encourage les communistes confrontés à ces situations à continuer à se battre pour assurer la réaffirmation claire et la visibilité, dans leur localité, des idéaux qui sont les nôtres et ceux de tous les progressistes". Le texte a bougé par rapport à la proposition initiale mais il continue de faire l’impasse sur la position du PCF là où le PS décide ou prépare une alliance.

Nous avons proposé d’intégrer un amendement tout simple à la suite de ce paragraphe : "Il est exclu que les communistes participent à des listes incluant le Modem, d’une manière ou d’une autre". Cet amendement a été repoussé par 80 voix contre 9 pour et 13 abstentions.

La résolution a été adoptée avec les voix du courant orthodoxe (habituellement si prompt à dénoncer les compromissions avec les ennemis de classe et les liquidateurs blablabla...) et en l’absence de très nombreux camarades (le CN comporte en principe 254 membres).

Franchement, voir ainsi tergiverser la direction du Parti communiste sur une question aussi basique donne un sentiment de consternation. Plus au fond, on sent la volonté d’ignorer les raisons pour lesquelles "on en est arrivé là". En particulier, il n’y a aucune réflexion sur les raisons pour lesquels nous sommes "coincés" entre les sociaux-libéraux et l’extrême gauche protestataire, faute d’avoir constitué avec d’autres un espace de la gauche de transformation sociale.

Reste que le problème politique n’est pas réglé par la "position du jour". Nous verrons en effet dans les prochaines semaines si le PS multiplie les démarches pour rallier le Modem, ce qui posera la question de notre attitude dans les villes pour le deuxième tour, puis par rapport à la participation à des exécutifs (y compris pourquoi pas dans des départements).

Dernier point : cela s’est exprimé lors de ce CN, la ligne du noyau dirigeant est d’espérer des scores honorables (et peut-être quelques gains, possibles) qui lui permettraient de faire valider rapidement l’option qui est la sienne pour le congrès (la continuation du PC, ou le PC continué, ou le P continuant le C, ou le C poursuivant le P -, c’est-à-dire de ne -presque- rien changer).

Il nous semble responsable :
de continuer à militer pour obtenir des scores honorables et si possible des gains dans toutes les configurations situées clairement à gauche,
de s’opposer à toutes participations du PCF à des listes et à des exécutifs incluant le Modem.

Gilles Alfonsi Philippe Stierlin, Membres du Conseil national du PCF, "Communistes unitaires"

Messages

  • La seule question à se poser c’est : Est-ce qu’ils sont c..s ; ou est-ce qu’ils le font exprès ???

    Dans les deux cas c’est pas brillant.

    Finalement, je me trouve mieux en dehors qu’en dedans.

    Je ne me vois pas essayer de justifier tout ça.

    G.L.

    • +++

      • un programme bâti sur des idées cohérentes
      • une présentation aux électeurs
      • le verdict des urnes

      Et si le programme est "génial", mais que les électeurs n’en veulent pas, tant pis !
      S’il passe, la journaille trouvera bien un nouveau vocable pour le qualifier... trotsko-pétainiste ou sinistro-droitier, ou ballado-communiste ou ce qu’ils voudront bien inventer avec leur brillante intelligence habituelle. L’essentiel, c’est le programme et l’action en vue de le réaliser...

    • Bonsoir camarade Gilles Alsonsi

      As tu souvenance d’avoir bafoué la vie démocratie de ton parti en ne respectant pas les décisions majoritaire de ton parti . Je veux parler des présidentielles 2007 et par la même tu as contribuer à plomber la campagne de MGB .
      OU étais tu grand dirigeant communiste a cette époque ?, qui as tu soutenu JOSE BOVE le candidat auto-proclamé .
      Ne viens pas me nous faire un cours de géopolitique toi et ta bande qui ne travaille qu’a détruire le parti .
      Scandaleux ,insultant, de voir des candidats communistes sur les même liste avec le modem certes !!!! ,il faudra régler les comptes et acter.
      Rien ne m’étonne quand un parti national n’a plus de politique national ou chacun fait son petit truc dans son coin .
      Je me souviens que sur la question du référendum tu étais pour sa ratification lors d’un débat a la fête de l’huma ou il y avait Francis et 4 eurodéputés non !!!!!

  • "Et c’est bien parce que l’urgence est de battre la droite et ses idées, et de construire une alternative à gauche que le Conseil national dénonce les manoeuvres d’élus socialistes qui, imaginant leur salut du côté du Modem, contribuent à la dilution des valeurs et des convictions propres à la gauche. Il encourage les communistes confrontés à ces situations à continuer à se battre pour assurer la réaffirmation claire et la visibilité, dans leur localité, des idéaux qui sont les nôtres et ceux de tous les progressistes".

    La réafirmation claire et visible de nos idéaux ce serait de battre la droite et ses idées !!!!

    Ca camarades ça n’a rien a voir avec un idéal. C’est bien plus noble un Idéal ! Un Idéal s’est un projet de société !

    ""le Modem ne constitue pas une entité homogène, il y a en son sein des personnes qui ne sont pas vraiment de droite""

    On peut avoir des noms ?

    "Reste que le problème politique n’est pas réglé par la "position du jour". Nous verrons en effet dans les prochaines semaines si le PS multiplie les démarches pour rallier le Modem, ce qui posera la question de notre attitude dans les villes pour le deuxième tour, puis par rapport à la participation à des exécutifs"

    Mais l’attitude se pose dès le premier tour !

    BiggerBang

  • La direction du PC semble selon toute vraisemblance avoir besoin de participer à des listes communes avec l’aile droite du PS et le Modem dans certaines villes, ce qui signifie qu’elle craint de ne pas recueillir de suffrages conséquents uniquement sur des listes communistes, ou même anticapitalistes, partout en France. Par conséquent, comment peut-elle susciter la volonté chez les électeurs, faisant partie des classes laborieuses, d’engager le combat pour la transformation de la société et ainsi construire le capitalisme ? Ce n’est pas le moment pour la direction de lâcher prise et de flancher pour de bon, d’autant plus que le parti fait actuellement un travail d’inventaire crucial pour son avenir politique, car le PC est menacé de mort s’il continue à se laisser pourrir par ce système, qui fait tant souffrir tous ceux dont les communistes sont censés défendre les intérêts.

    • "Par conséquent, comment peut-elle susciter la volonté chez les électeurs, faisant partie des classes laborieuses, d’engager le combat pour la transformation de la société et ainsi construire le capitalisme ?"

      Voila une vrai bonne question ! s’il s’agit de DECONSTRUIRE LE CAPITALISME

      "car le PC est menacé de mort s’il continue à se laisser pourrir par ce système, qui fait tant souffrir tous ceux dont les communistes sont censés défendre les intérêts."

      Et de continuer à maintenir le doute entre droite et Gauche ! Pour se maintenir !

      Ainsi il programme sa mort ! Et prolonge les souffrances !

      Heureusement qu’il reste des révolutionnaires, pour le reconstruire !!!

      Le Parti ce sera NOUS !

      BiggerBang

  • Ce compte rendu confirme mes craintes et donc ma proposition
    d’amendement qui rejoint celui des camarades communistes
    unitaires.
    Il serait bon de signaler aux internautes de Bellaciao les noms
    des camarades qui optent pour une telle alliance. Par exemple
    Marie Jeanne GOBERT du Calvados ?
    Cela va de toute façon lancer le débat, avant, pendant et après
    les municipales sur la notion d’alliances de classe, sur la nature
    différente du PS et du MODEM, sur réformisme et révolution etc ;..
    Décidément, la clarification ne peut échapper aux évènements
    et donc à l’avenir d’une véritable alternative à gauche de la
    gauche !!!

  • La droite ou la bourgeoisie ?
    La gauche ou le camp des travailleurs ?

    C’est vrai qu’on se trouve toujours gêné de parler de gauche ainsi tant ce terme a été cuisiné à toutes sauces.

    J’allais dire : Chassons le MODEM qui est en nous !

    Car comment percevoir maintenant les différences entre PS et MODEM ? L’étiquette ?

    Le PS c’est un parti de bourgeois (pour l’essentiel de ceux qui le constituent) ayant une politique bourgeoise (luttes contre les travailleurs au travers du TCE, des agressions contre les vieux travailleurs, etc).

    Cette politique a des nuances par rapport à l’UMP ou le MODEM, des inflexions. Mais elle n’est pas fondamentalement différente.

    Les références à des poussées unitaires à gauche, nées du vieux rêve de 1934 de poussée par en bas unitaire entre CGT (SFIO) et CGTU (communiste) n’a pas opéré en 1981, et de moins en moins dans ces 25 dernières années.

    Ce n’est pas un hasard :
    Le PS n’est plus à gauche, ses adhérents ne sont plus des syndicalistes, l’unité est très difficile et n’a aucune dynamique positive (sauf de ressembler aux machins médiatiques du parti démocrate américain à grands renforts de mises en scène bidonnées).

    Ces types d’unions de la gauche, gauches plurielles, ou ce qu’on veut, n’avancent à rien de bien enthousiasmant, et font souvent reculer la conscience des travailleurs , prélude à des défaites sur les terrains réels.

    Ce n’est pas que des alliances soient impensables, ni qu’on ne puisse à un moment favoriser le PS dans une élection, mais bien comprendre ce que sont des partis comme le PS, le MODEM, l’UMP.

    La question du MODEM précisément ne peut se comprendre sans parler du PS, ce qu’il est, sa nature, ce qu’il fait, ses objectifs ...

    Egalement nous devons nous interroger de la même façon : ce que nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous voulons,

    Ce ne sont pas les postes qui importent, ce ne sont pas des élus qui importent, mais ce qui peut renforcer la confiance en soi des travailleurs et de leurs organisations, l’opposition au capitalisme, et ce qui fait avancer le socialisme (capacité à l’auto-organisation), ce qui permet d’aider les travailleurs dans leurs luttes, et ce qui soulage les désherités.

    S’allier avec le PS et/ou le MODEM ne dupe personne, ça peut faire une majorité, mais avancer vers le socialisme non. Même soulager la situation dans laquelle se trouve l’immense majorité est un objectif peu pris au sérieux (les gens ont de la mémoire). L’avancée prévue de la "gauche" gland-gland ne reflètera encore une fois qu’une défiance à Sarko, pas une confiance dans le PS ou le MODEM.

    Et il faut bien analyser tout cela quand on parle d’alliances.

  • Après le 4 février, il est clair que faire des alliances à gauche pour s’opposer au capitalisme ou simplement aux effets du libéralisme avec les partis qui ont fait passer le traité, contre leurs militants, leurs électeurs et toute la population n’a plus de sens.

    C’est une question de démocratie.

    Le libéralisme ne s’accomode plus de la démocratie.

    Entre les deux, il va falloir choisir.

    Soit une dérive fascisante de la gauche dont on constate de nombreux signes avant-coureurs, soit un travail radical (sur les racines) sur un espace politique antilibéral avec des alliance cohérentes qui ne seront sans doute pas majoritaires dans l’immédiat mais tout de même beaucoup plus efficaces que le désordre actuel.

    Moins rentables concernant les avantages matériels (places, postes, subventions etc...).

    Mais n’y-a-t-il pas là un germe de corruption à éradiquer de toute urgence ???

  • Nous devons sortir de la route qu’ont balisée certaines élites bourgeoises.
    Cesser d’employer des termes qui ne recouvrent plus rien. D’autant que si la question du veto royal se posait aujourd’hui peut être ,ceux que l’on appelle "de gauche" voteraient ils contre, alors que ceux de droite voteraient "pour"...

    En plus cela donne une peinture du paysage politique qui , parce qu’elle prétend représenter l’opposition capitaliste/ prolétaire, en donne une image faussée.

    La lutte des classes est plus subtile qu’une stricte opposition entre le prolétaire et le capitaliste même si là est son essence ais on sait que la révolution n’est possible que dans une alliance de classes.

    Employons des termes simples et précis qui nous correspondent : socialistes, communistes, capitalistes (et dans ces capitalistes comme toujours, la distinction existe entre les petits bourgeois et les gros propriétaires, entre les démocrates chrétiens, les réactionnaires, les fasicstes...).

    Retour aux sources camarades sinon on va se faire ballader encore longtemps avec ces notions de "droite" et "gauche" qui ont en plus le désagréable inconvénient de créer l’illusion de l’existence d’un "centre"...

    Comme on le disait avec un mai, pour un capitaliste, un communiste n’est pas "un homme de gauche", c’est "un communiste".
    A bon entendeur...

    La Louve (animal communiste définitivement chassé de Wikipédia ;-))

  • Les auteurs de l’article qui appartiennent au courant dit "communistes unitaires" oublient de dire que leur petits camarades marseillais (Dutoit et Bret) se retrouvent sur la liste Guerini avec des transfuges de l’UMP comme tête de liste d’arrondissement...
    C’est toute la direction du PCF, toute tendance confondue qui va à la soupe. Le seul objectif du Parti c’est de reconduire ces élus et peu importe la manière ou le programme...C’est un spectacle lamentable !
    Il faut en finir, rien de bon ne sortira plus du PCF. Il est temps de construire un nouveau parti avec les anticapitalistes sincères qui refusent les alliances institutionnelles avec un PS de plus en plus droitier !