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Le Nobel de la paix à la lutte contre les armes nucléaires

Publie le samedi 8 octobre 2005 par Open-Publishing

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et son directeur général, Mohamed El-Baradei, ont reçu le prix Nobel de la paix vendredi pour leur lutte contre la prolifération des armes nucléaires. L’agence onusienne s’est illustrée ces dernières années dans les dossiers nord-coréen, irakien et iranien, s’opposant à plusieurs reprises aux Etats-Unis.

M. El-Baradeï s’est déclaré "extrêmement honoré". Ce Nobel, a souligné Pierre Goldschmidt, ancien adjoint de M. El-Baradei, constitue précisément "une reconnaissance du fait que nous résistons aux pressions politiques".

"Tout ceux qui ont contribué à l’AIEA ont leur part dans ce prix important", a de son côté souligné Ole Danbolt Mjoes, président du comité Nobel, qui reconnaît "les efforts (de l’AIEA et de son patron) pour empêcher l’énergie nucléaire d’être utilisée à des fins militaires et pour s’assurer que l’énergie nucléaire à but pacifique est utilisée de la façon la plus sûre possible". Le comité souligne dans un communiqué que "la coopération internationale doit être aussi étendue que possible" face à recrudescence de la menace nucléaire aussi bien au niveau des Etats que des groupes terroristes.

Dans ce contexte, "le travail de l’AIEA est d’une importance inestimable". Ce prix "adresse un message au monde entier : faites ce que vous pouvez pour éliminer les armes nucléaires. Le pouvoir du peuple est formidable", a ajouté M. Mjoes, promettant de "ne jamais abandonner" son action pour l’interdiction des armes nucléaires.

Ce n’est pas la première fois que le comité Nobel décerne son prix à des militants contre le nucléaire militaire à l’occasion d’anniversaires tels que celui des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki au Japon en 1945. En 1985, le Nobel de la paix avait ainsi distingué l’organisation contre la guerre nucléaire International Physicians for the Prevention of Nuclear War. Les agences des Nations unies sont également régulièrement récompensées, comme ce fut le cas pour l’ONU et son secrétaire général Kofi Annan en 2001, les forces de maintien de la paix en 1988 ou le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) en 1981 et 1954.

Le prix Nobel de la paix couronne l’ascension du diplomate égyptien Mohamed El-Baradei ces dernières années. Agé de 63 ans, arrivé à la tête de l’agence de Vienne en 1997, cet avocat de formation, assez timide, s’est affirmé à l’occasion des récentes crises.

Austère, méthodique et déterminé, il accusé en décembre 2002 la Corée du Nord d’engager un "bras de fer nucléaire" avec l’expulsion de deux inspecteurs de l’AIEA, a défendu les inspections en Irak contre la volonté des Etats-Unis d’attaquer malgré l’absence de preuves de l’existence d’armes de destruction massive et il tente actuellement de désamorcer la crise déclenchée par la volonté de l’Iran de maîtriser la totalité du cycle nucléaire alors que Washington accuse Téhéran de dissimuler un programme nucléaire militaire.

L’ancien chef des inspecteurs en désarmement de l’ONU en Irak, le Suédois Hans Blix, a salué le Nobel de l’AIEA, y voyant une reconnaissance des méthodes rigoureuses de l’agence onusienne. Quant à savoir si c’est également un reproche tacite aux Etats-Unis, "je laisse le comité (Nobel) s’expliquer" sur ce point, a déclaré M. Blix à l’agence Associated Press.

Si de nombreuses voix se sont élevées vendredi pour saluer l’AIEA et son patron, le réseau "Sortir du nucléaire" a pour sa part exprimé sa "plus profonde indignation", reprochant à l’agence d’être "une structure de promotion du nucléaire dit ’civil’, qui aide en fin de compte de nouveaux pays à accéder à l’arme atomique (...) et (qui) ne devrait donc recevoir aucun prix, et encore moins un prix célébrant la paix". Le directeur de l’Institut de recherche pour la paix d’Oslo, Stein Tönnesson, s’est pour sa part déclaré surpris de voir récompensé "quelqu’un qui n’a pas eu de succès dans l’année", en particulier dans le dossier iranien en cours d’examen. OSLO, Norvège (AP)