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de Pierre Laurent
Sept mois après la présidentielle, le PCF peut-il rebondir et jouer un rôle pour sortir la gauche de l’ornière ? L’« assemblée nationale extraordinaire » du PCF qui réunit ce week-end près de quinze cents délégués de ses sections locales à l’Arche de la Défense aura, entre autres, cette brûlante question d’actualité à se coltiner.
À l’occasion de la sortie de son livre bilan, Ségolène Royal vient de mettre en scène au cours de deux débats largement médiatisés sa conception du rassemblement alternatif à Sarkozy. Le premier de ces débats baptisé « La gauche, comment sortir de l’impasse ? » a été organisé par le Monde, le lundi 3 décembre, le second a occupé toute la soirée de jeudi sur France 2 dans l’émission À vous de juger. Dans les deux cas, le scénario est identique. Ségolène Royal est d’abord longuement interviewée, seule, et plaide pour un rassemblement autour d’elle allant « d’Olivier Besancenot à François Bayrou », captant
« le meilleur de tous les courants de pensée », vantant tour à tour l’utilité de la « radicalité » de l’un et la prétendue « impartialité » de l’autre. Puis, dans les deux cas, suit une table ronde, réunissant la palette en question, à un bout, Krivine dans le premier débat, Besancenot dans le second, à l’autre extrême Manuel Valls dans le premier cas et une représentante du Modem dans le second. Au milieu, les bras droits de Ségolène Royal plaident pour le rassemblement autour de leur patronne, miraculeusement placée au-dessus de la mêlée. Le casting est sur mesure. Chacun s’y retrouve. Royalistes et partisans du Modem prolongent leurs appels du pied. Les représentants de la LCR cultivent leur différence sans disputer le terrain du rassemblement de toute la gauche. Ceux de Ségolène Royal peuvent alors rendre un hommage sans conséquence à leur radicalité. Quant aux absents, jamais invités bien entendu, PCF en tête, c’est bien connu, ils ont toujours tort.
Qu’adviendrait-il si la gauche, les femmes et les hommes de gauche de ce pays acceptaient de se reconnaître en ce miroir préfabriqué ? De nouvelles catastrophes à l’évidence. Car c’est peu de dire que les choix de Ségolène Royal s’alignent non sur le meilleur à gauche, mais sur le pire des idéologies de renoncement qui ont construit toutes les défaites de la gauche. Surtout quand cet alignement s’accompagne de la réduction des idées dites « radicales » à un faire-valoir auquel on tire un coup de chapeau avant de lui tourner le dos. Ne mésestimons cependant pas le piège tendu, qui épouse à la perfection la présidentialisation voulue du régime, et que Nicolas Sarkozy a su si bien utiliser à son profit, faisant mine d’effacer les clivages, le rôle des partis, brouillant la transparence des alliances, maniant les fausses ouvertures, pour rallier au final sur son image et sa personnalité.
Y a-t-il donc une autre manière de sortir la gauche de l’impasse ? Oui, car l’arc ségoléniste n’est pas la gauche réelle. La gauche sociale, politique, électorale dans le pays reste beaucoup plus diverse, y compris la gauche socialiste, et beaucoup plus exigeante que cela. Le PCF, ses militants et ses élus restent, aux côtés de beaucoup d’autres, une force et un atout pour enrayer des recompositions d’abandon, qu’il ne suffit pas d’effacer de quelques lucarnes médiatiques malgré leur échec présidentiel.
Mais cette diversité et cette exigence ne seront à nouveau mobilisables qu’à condition d’invention et de profonds changements. Sur les projets, le rassemblement, les pratiques politiques… C’est en tout cas cette double conviction qui semble s’être dégagée des débats militants préparatoires à la Défense. À ceux qui s’apprêtent à traquer durant tout le week-end les « durs » et les « mous » au sein du PCF, autant les prévenir : les communistes n’ont manifestement pas l’intention de choisir entre leurs convictions communistes et ce devoir d’invention.
Messages
1. Le PCF et la gauche, 10 décembre 2007, 09:32
Rassembler oui, mais pour aller au combat social !
Rassembler oui, mais pour avancer vers le communisme !
Rassembler pour rassembler avec des partis qui ont tourné le dos même au réformisme le plus plat (le PS et une partie des verts) ce n’est pas rassembler c’est se soumettre, égarer les travailleurs dans un coupe-gorge politique.
La gauche , cette gauche, fut plusieurs fois rassemblée, et rassemblée de + en + à droite, et a fini par mettre Le Pen au 2eme tour, puis Sarko , la droite autoritaire aux affaires.
Pour rassembler il faut savoir ce que nous sommes et ce que nous voulons, avancer et voir qui est prêt à avancer et faire ce chemin.
L’unité ne se conçoit que comme levier pour aboutir à l’unité des classes déshéritées contre le capitalisme, et d’abord pour faire reculer les agressions sociales. L’unité avec une partie de ce qui se prétend la gauche ne réponds pas, ni de près ni de loin, à ces définitions, mais accentue la confusion parmi les travailleurs de voir l’alliance entre pro-bourgeois et pro-travailleurs.
Résoudre le problème de la division syndicale, par exemple, est infiniment plus important actuellement que l’union de la gauche, car il s’agit là d’une question qui intéresse un champ qui gouverne la société, l’organisation de la résistance et de la défense des travailleurs.
Les choses se gagnent ou se perdent quelque part dans des gares, des assemblées générales de travailleurs ou de jeunes. La clé de l’union est là, et l’union de forces de gauche sur ce terrain n’a strictement rien à voir avec l’union avec un parti qui n’est pas sur ce terrain, le PS et, il faut le dire, les verts.
Royal c’est du Jospin en pire.
Copas