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Le Parti Socialiste est passé à droite
Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-Publishing13 commentaires

de Maurice Frankel
Après Bockel, Kouchner, Besson... envoyés en éclaireurs, c’est tout le Parti Socialiste qui passe à droite, suivi en cela par les Verts, en aidant Nicolas Sarkosy à refuser aux Français de se prononcer par referendum et en contribuant à ratifier le traité européen contre l’avis des citoyens. Le fait que certains des parlementaires socialistes aient voté contre n’est pas significatif et ne dédouane pas l’ensemble du parti.
Un traité de droite
Car ce traité est bien un traité de droite. Non seulement il reprend sous une forme différente la quasi-totalité du traité constitutionnel rejeté par les Français en 2005, mais il en aggrave le glissement réactionnaire.
La finance est toujours aux aguets, après avoir favorisé Hitler et Mussolini pour lutter contre la montée des mouvements sociaux durant les années 30, elle utilise aujourd’hui l’Union Européenne et les organismes supranationaux pour assurer son hégémonie.
La laïcité absente
Non seulement le terme « laïcité » n’est jamais utilisé dans le traité, mais celui-ci s’inspire de l’héritage religieux de l’Europe, ce qui est en contradiction formelle avec notre constitution. La France a réussi progressivement depuis 1789 à se libérer de la mainmise de la religion sur la vie des citoyens, mais la laïcité est aujourd’hui remise en question par l’ajout de qualificatifs tels que « ouverte », « positive »... L’article 16C va jusqu’à respecter le statut dont bénéficient dans certains États les églises et les associations religieuses, avalisant ainsi les pratiques obscurantistes et les discriminations subies principalement par les femmes dans ces états plus ou moins théocratiques. L’insulte à la République que constitue le discours de Latran va bien dans cette direction.
Le communautarisme en embuscade
Le nouvel article 1 bis introduit la notion de minorités en contradiction avec la non-discrimination dont il fait état. Ce concept est contraire à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 (Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.) et à notre constitution (La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion.). C’est la porte ouverte à la discrimination positive, à des législations communautaristes, sources de ghettos urbains et intellectuels, de conflits permanents. C’est par une politique sociale volontariste, par des services publics renforcés, par un accès garanti à l’éducation, à l’emploi, au logement, que doivent s’exercer pour tous l’égalité, la solidarité. Ceci n’est pas contradictoire avec la protection et la pérennisation de la diversité qui fait la richesse de l’Europe : cultures, langues, traditions, productions et arts locaux...
La séparation des pouvoirs ignorée
Comme dans les traités précédents, il y a confusion entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif puisque seule la Commission, véritable gouvernement de l’Union, dont les membres sont nommés peut proposer des actes législatifs alors que le Parlement dont les membres sont élus se voit refuser ce droit.
La défense assujettie à l’OTAN
Le paragraphe 7 de l’article 28A soumet la politique de défense aux engagements souscrits au sein de l’OTAN rendant ainsi impossible toute politique étrangère de l’Europe qui ne serait pas conforme aux intérêts américains. L’article 28B permet à l’Union européenne, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, de s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays, sans que nulle part ce terme de terrorisme soit défini ; c’est la porte ouverte à de nouvelles aventures néocoloniales. Le paragraphe 3 appelle à une véritable course aux armements pour le grand bien des marchands de canons au détriment des peuples.
La concurrence dogmatisée
L’Union dispose d’une compétence exclusive dans l’établissement des règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché intérieur. Cela interdit pratiquement aux états de décider de leur politique industrielle, d’aménagement du territoire, de services publics...
Les travailleurs, variable d’ajustement
La circulation des capitaux sans contraintes, l’extension d’un marché unique et d’une monnaie unique à des pays dont le développement et les structures sont très inégaux ne laissent comme variables d’ajustement face à cette concurrence sauvage que les salaires et les conditions de travail, une machine à faire baisser le niveau de vie des européens entraînant précarité, déracinements... Il est vrai que pour les transnationales qui nous gouvernent la seule manière de maintenir et augmenter leurs profits est d’étendre le marché à la Terre entière, le sort des Européens pèse peu face à cet objectif.
L’européisme contre les peuples
Le dogme européiste aveugle les partis dominants et les conduit à tous les abandons. Ce dogme est le compagnon du gigantisme, de la concentration, du zonage, de l’assujettissement des peuples à la finance, de la concurrence entre métropoles, du dumping social...
La primauté du droit européen sur le droit national est une atteinte intolérable à la souveraineté des citoyens et de la nation. C’est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui est bafoué.
Pour une Europe des peuples
La lutte contre le capitalisme passe par la lutte contre l’Union Européenne. Il faut revenir à l’Europe du Conseil de l’Europe qui regroupe tous les états européens (moins provisoirement le Bélarus) sans imposer quelque système économique que ce soit.
La politique de droite des socialistes au gouvernement
Le message du dernier passage des socialistes au gouvernement avait été assez clair pour que l’on ne se pose plus la question de son glissement vers la droite : privatisation d’Air France, des Autoroutes du Sud de la France, du Crédit Lyonnais, du CIC, du GAN, de la CNP, d’Aérospatiale, de France Telecom, de Thomson... passage au quinquennat et inversion du calendrier renforçant le pouvoir personnel des institutions de la Vème République, annualisation et flexibilisation des horaires de travail, fermeture de maternités et de services hospitaliers de proximité en continuité avec le plan Jupé...
Pour des élections municipales démocratiques
Pour les élections municipales, un système électoral antidémocratique permet aux deux partis dominants que sont l’UMP et le PS de choisir les élus et le rang des autres partis à la place des électeurs.
Il faut mettre en place un système de listes apparentées avec un nombre de candidats pouvant être inférieur au nombre de postes à pourvoir. Ce système rendrait aux électeurs le choix de la répartition des partis en présence dans la majorité municipale.
Nécessité d’une vraie gauche
Nous devons sanctionner la droite, du FN au PS en passant par l’UMP, le Modem et les Verts, transformer les élections municipales et cantonales en ce referendum qui nous a été refusé en présentant partout où c’est possible de véritables listes de gauche et en votant blanc là où ce ne sera pas possible.
Les parlementaires du Parti Socialiste et des Verts qui ont eu le courage de voter contre le traité, les militants, les électeurs qui désapprouvent cette forfaiture, devraient tirer les conséquences de l’évolution de ces partis et rejoindre les rangs de cette vraie gauche héritière du non de 2005 et des luttes passées.
Maurice Frankel
8 février 2008
Messages
1. Le Parti Socialiste est passé à droite, 14 février 2008, 16:56, par Pif le rouge
Bonjour,
Bon article et pour répondre à 90-148. En 1940 l’Allemagne Nazie étant trop forte des Français ont préféré se vautrer dans la collaboration et avec pour objectif de défaire les conquêtes du Front Populaire. Mais comme les faits sont tétûs, l’histoire n’a-t-elle pas donné raison à ceux qui se sont engagés dans la résistance et défendre les valeurs et la liberté de notre pays.
Alors l’argument qui veut que lorsque l’on est trop faible face à l’adversaire, il faut accepter tout ce qu’il met sur la table et avaler toutes les couleuvres qu’il nous présente comme plat du jour, c’est un peu court. Je préfères, moi, ceux qui se battent pour faire grandir des convictions progressistes et généreuses, mêmes minoritaires aujourd’hui, que baisser les bras devant le combat si dur soit-il. Du coup, je te rappelles l’adage des combattants vietnamiens qui proclamait, au moment de leurs plus durs combats facent aux américains... "vaut mieux mourir debout et libre que vivre à genoux et esclaves" Il est vrai que par les temps qui courrent, il n’est pas donné à tout le monde d’être courageux et être prêt à se battre pour changer le monde et d’ailleurs, comme aurait dit Victor Hugo.." seuls ceux qui luttent, vivent même...si c’est chichement ". (Le chichement, c’est de ma plume).
Amitiés
Pif le rouge.
2. Le Parti Socialiste est passé à droite, 14 février 2008, 20:28, par Qui a trahi en 2005 ?
Evidemment, en 2005, ceci n’était pas du tout prévisible. Dire que certains ont cru qu’il y avait un plan B.
Non non non, le plan A c’était de faire échouer le TCE : c’est chose faite dorénavant
3. Le Parti Socialiste est passé à droite, 14 février 2008, 22:40, par La Louve
Juste un mot sur la photo choisie.
Tout le monde sait ce que je pense de S. Royal et notamment que ce n’est pas une femme de gauche. A l’évidence.
Toutefois la photo sur cet article précis laisserait à penser qu’elle serait la seule au PS responsable et emblématique de cette dérive totale du PS.
Ce n’est pas vrai. Elle ne doit pas non plus servir de bouc émissaire pour dédouanner la conscience des gens qui se prétendant de gauche veulent continuer à fricoter avec le PS pour de mauvaises raisons...
UGH !
;-)
1. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 01:01, par Maurice Frankel
Ce n’est pas moi qui ai ajouté la photo de Ségolène Royal en haut de mon article.
J’essaie de ne jamais personnaliser et de m’en tenir à la bataille d’idées.
Et je suis d’accord sur le fait qu’il s’agit d’une évolution de la majorité du parti socialiste, la candidature de Ségolène Royal n’étant que la résultante de la position idéologique de ce parti.
2. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 01:36, par Roberto Ferrario
J’essaie de ne jamais personnaliser et de m’en tenir à la bataille d’idées.
Et je suis d’accord sur le fait qu’il s’agit d’une évolution de la majorité du parti socialiste, la candidature de Ségolène Royal n’étant que la résultante de la position idéologique de ce parti.
on a peur de ce propre propos ???
Le Parti Socialiste est passé à droite... Ségolène Royal c’est la "résultante de la position idéologique de ce parti"... mais pas question de la montre...
explique nous... la photo de François Hollande été mieux ???
mais non, mais non, la politique et les partis son des "forces metaphysique"... et pas question de personnalisez...
on peux tape sur MGB ou sur Hue sans problèmes (moi çà me gène pas..) ma la par contre on a un BIG problème... la Sego ce la "madonna Maria"... donc pas touche...
très contradictoire ta position vis a vis de ton texte asse "violent" contre le PS...
RF
3. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 19:16
Bien sûr qu’elle n’est pas la seule, mais tout le monde le sais,
et il faudrait être idiot pour le croire !!!!!
Lolita
4. Le Parti Socialiste est passé à droite, 14 février 2008, 23:34
Ha bon,le PS était à gauche ? QUAND ?
LE REBOURSIER
5. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 01:18
Le PS est à droite depuis longtemps, en fait environ 25 ans, 1983, "vive la crise " ça vous rappelle quelque chose ?
6. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 12:04
Il y a quelque chose qui cloche dans certaines affirmations par exemple :
– sur la supériorité du droit européen sur le droit national, désolé mais c’est normal, c’est le seul moyen de garantir l’effectivité d’un droit international quelqu’il soit.
Le vrai probléme c’est que le degré de démocratie de l’UE est quasi nul. S’il était équivalent au niveau de démocratie des états-nations (et c’est tout à fait faisable) cette supériorité ne serait pas un probléme.
Donc, est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux militer d’abord pour une europe vraiment unie, démocratique et socialiste (et préte à acceullir la turquie, le maroc et d’autres aussi, s’ils deviennent tout autant démocratiques) plutôt que pour un repli qui quels qu’en soient les arguments de bonne foi, reste dans le principe du nationalisme ?
7. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 12:12, par Copas
Les dés sont pipés dans un tel débat.
Je pense que le PS est à droite et depuis longtemps (1914), du côté de l’ordre bourgeois et depuis longtemps (1914).......
Quand ce courant dans l’après-guerre a fait partie des combinaisons avec d’autres partis de droite pour rester dans le gouvernement de l’état, quand sa majorité a choisi Pétain, quand il a choisi la guerre impérialiste de 1914-1918, préférer tuer du travailleur allemand, du travailleur autrichien et lécher le cul des fabricants de canons français, plutôt que de donner du corps à l’internationale , il s’est situé à droite, dans l’ordre bourgeois des choses.
Il n’y a nullement à être surpris des orientations "traitresses" du PS, ce courant vit depuis longtemps de ses liens et son soutien à l’ordre bourgeois.
Alors qu’est ce qu’il y a de nouveau ?
Ce qu’il y a de nouveau c’est la sortie de la contradiction entre un projet qui rappelait lointainement l’objectif d’une société socialiste, de l’objectif de défendre les travailleurs, de la capacité à les organiser et cette gestion loyale du capitalisme.
Ce qui est nouveau est là : Fin du socialisme, fin de la place des travailleurs dans ce parti, sous la pression d’un capitalisme qui ne tolère plus actuellement de compromis capital-travail, donc ne tolère plus les partis et organisations qui vivaient de ce compromis.
Avant (en 1936), une unité avec ce parti avait du sens car il organisait les travailleurs (son syndicat était le plus puissant), et que c’était à eux qu’on s’adressait dans une bataille pour l’unité.
La bataille pour l’unité de la gauche avait une dynamique par la présence massive de travailleurs dans les partis de gauche.
En 1981 déjà on s’est rendu compte que cela n’opérait plus ; pas de dynamique, pas d’usines occupées comme en 1936....
Les 25 dernières années ont été le chemin de la disparition des derniers oripeaux dans le PS.
Celui-ci est donc en dérive et en concurrence avec les pures machines de droite que sont l’UMP, le MODEM, .... Il ne s’en distingue plus réellement , sauf sur les bordures (comme le MODEM en a aussi).
Les alliances avec le PS ne peuvent se faire au nom de l’union de la gauche, ni au nom de l’unité des travailleurs, il faut bien mesurer cela.
Dans l’état actuel il faut foncer pour créer une grosse force avec le PCF, avec la LCR, avec LO, les alters, etc, mais pas sur la droite, d’abord avec les courants qui mettent au centre de leur projet les travailleurs , les chômeurs, les jeunes, les déshérités, ....
Nous sommes au milieu du gué de cette recomposition et la crise du PS exprime la renaissance d’un pôle ferme à gauche (les alliances qui se font ici ou là entre PCF et LCR/LO, pèsent symboliquement + qu’on ne pense).
Plus nous créerons un pôle ferme à gauche, anti-capitaliste, anti-bureaucratique, mettant les travailleurs au centre de notre projet et + nous pèserons sur les contradictions des partis de la bourgeoisie (y compris en faisant sortir du PS les derniers militants de gauche).
L’unité c’est celle qui consiste à travailler à reconstruire les organisations de travailleurs, un camp des travailleurs, le PS n’est pas dans cet espace.
1. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 17:33
Dans l’état actuel il faut foncer pour créer une grosse force avec le PCF, avec la LCR, avec LO, les alters, etc
Tu es suicidaire !!!!!
Cà représente quoi, dans l’opinion ???
Développe !!!!
2. Le Parti Socialiste est passé à droite, 15 février 2008, 23:00, par Copas
Je me suis souvent exprimé là dessus ici : Il n’y a pas de raccourcis, le PS est à droite, avec des gens de droite, sur une politique de droite, avec des objectifs de droite.
Il faut donc reconstruire car il n’existe plus de parti important à gauche parmi les travailleurs (il existe des organisations intéressantes mais rien à hauteur de ce qui est possible).
Egalement il y a lieu de reconstruire un espace de développement d’un camp des travailleurs, avec leurs syndicats, leurs associations , ....
Le PS ne sert à rien là dedans et ne comprends rien à cela .
Les forces, au niveau politique, disponibles, sont essentiellement dans le PCF, la LCR, LO, etc....et parmi des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs qui cherchent une expression politique .
Les conneries de ça représente quoi dans l’opinion sont bien dans le sens de la politique spectacle ....
Tient ! Une bonne nouvelle, toi qui semble féru d’opinion, besancenot est au-dessus de la quasi-totalité des branleurs du PS , ça devrait être le fin du fin pour toi.... dans l’opinion comme tu dis....
Si on suit ton raisonnement ça serait donc du velours pour faire un bon parti , non ? tel est pris qui croyait prendre.
Non effectivement c’est plus compliqué que cela, c’est comme Ségo sans le coup de pouce des médias, elle serait à combien ? 3, 4% ? hein !
Et Nicolas, de traître en fils, pareil....
C’était juste en passant, fermez la parenthèse....
Construire un parti puissant est une nécessité , un parti de type nouveau anti-bureaucratique, démocratique, etc , révolutionnaire qui s’attèle à ce qui compte : aider les travailleurs à se libérer.
3. Le Parti Socialiste est passé à droite, 19 février 2008, 10:08
Bien dis, je me demande juste si quand tu dis qu’il y a du bon dans le PCF, les syndicats etc tu parle des militants de base ou si tu pense qu’il y a encore quelque chose de valable dans les directions ?