"Le Parti démocrate est une formation centriste"

Entretien réalisé de Gaël de Santis

La présidente des députés de la Gauche démocrate, Titti Di Salvo, analyse la nature de la formation de Walter Veltroni. Interview.

La Gauche démocrate (SD) est un mouvement formé par des militants des Démocrates de gauche (DS, ex-PCI) qui ont refusé de se fondre dans le nouveau Parti démocrate, fruit d’une fusion centre gauche, centre droit entre les DS et les démocrates-chrétiens de la Marguerite. Le chef de file à la Chambre des députés de la Gauche démocrate, Titti Di Salvo, souligne les raisons de ce refus.

Pourquoi est née la Gauche démocrate ("Sinistra Democratica", SD) ?

Titti Di Salvo. La Gauche démocrate est un mouvement qui participera, avec trois autres forces de gauche (le Parti de la Refondation communiste, le Parti des communistes italiens, les Verts - NDLR), aux élections des 13 et 14 avril avec un unique symbole qui s’appellera la "Gauche arc-en-ciel". C’est la première pierre de la gauche - unie, large et de gouvernement - italienne. Elle reprend l’objectif pour lequel nous sommes nés, le 5 mai dernier.

Nous ne participons pas au processus politique du Parti démocrate parce que nous pensons qu’il y a besoin d’une force de gauche laïque, populaire et de gouvernement dans notre pays. Pour nous, le Parti démocrate n’est ni un parti de gauche ni un parti laïc. Et ce, pour trois raisons.

Premièrement, la laïcité. Face aux attaques contre la loi 194 qui encadre l’avortement, le PD est en difficulté, parce qu’en son sein, il y a des opinions divergentes. Deuxièmement, sur le plan social, le PD entend représenter de manière « équidistante » les entreprises et les travailleurs. Selon nous, un parti de gauche doit choisir une représentation, celle des travailleurs. Troisièmement, le PD n’est plus lié à la famille du socialisme européen.

Le Parti démocrate ne serait donc pas de gauche ?

Titti Di Salvo. Le responsable à la communication du PD, Marco Follini, a donné une très belle définition de son parti : « Un parti de centre qui regarde à gauche. » Le PD est un récipient avec différentes cultures politiques. Les synthèses produites sont des positions politiques centristes. La partie sociale et économique du programme du PD a été écrite par des économistes ou des dirigeants politiques qui ne peuvent être définis comme de gauche. Le choix fait par le Parti démocrate d’aller seul aux élections en considérant inutile l’alliance avec la gauche est un choix clair. Ce sont là des signes qui confirment l’inspiration centriste du Parti démocrate.

Le candidat de la Gauche arc-en-ciel, Fausto Bertinotti, estime que l’existence de la gauche est en danger en Italie...

Titti Di Salvo. Je pense qu’aujourd’hui, c’est exactement ce qui se joue en Italie. De toutes les formations politiques de l’actuelle majorité, nous sommes les seuls à maintenir le mot « gauche ». Les Démocrates de gauche (qui sont entrés dans le PD - NDLR) ont décidé de ne pas le maintenir.

C’est là, la conséquence logique d’un choix. Celui de considérer que droite et gauche ne renvoient à rien : une erreur conceptuelle profonde. En Europe, on n’importe pas l’Amérique ! L’Europe a son modèle social, une culture politique qui a expérimenté des réponses, des politiques alternatives à celles d’autres modèles.

Le modèle « moins de taxes, moins de droits = plus de croissance » est dépourvu de fondement. Bien au contraire, il faut plus de droits, un État social, moteur du développement, une taxation équitable et juste pour financer les politiques publiques.

http://www.humanite.fr/2008-02-20_I...