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Le Premier ministre thaïlandais décrète l’état d’urgence

Publie le mardi 2 septembre 2008 par Open-Publishing

BANGKOK (Reuters) - Le Premier ministre thaïlandais, Samak Sundaravej, a décrété l’état d’urgence à Bangkok et demandé à l’armée de restaurer l’ordre public après la mort d’une personne lors d’affrontements entre partisans et opposants du gouvernement.
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En vertu des mesures d’urgence annoncées à la télévision et à la radio, tous les rassemblements publics sont interdits dans la capitale et des restrictions ont été imposées aux médias concernant les informations susceptibles de "nuire à la sécurité publique".

"Il y a un besoin urgent de résoudre tous ces problèmes rapidement. Par conséquent, le Premier ministre déclare l’état d’urgence à Bangkok à compter de maintenant", précisait la déclaration officielle lue à la radio et la télévision publiques.

Samak a assuré plus tard, lors d’une conférence de presse organisée dans les quartiers généraux de l’armée, que l’état d’urgence ne se prolongerait pas au-delà de quelques jours.

"Je n’ai pas pris cette décision pour éteindre le feu, ni pour l’attiser", a-t-il dit.

Le déploiement de militaires dans les rues de la capitale sera sans doute accueilli avec soulagement par des forces de police débordées.

Le recours à ces mesures exceptionnelles ravive toutefois le spectre d’une prise de pouvoir par l’armée, deux ans seulement après l’éviction de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, chassé par les militaires.

Le commandant en chef de l’armée, Anupong Paochinda, a tenu à rassurer la population en assurant qu’il n’avait pas l’intention de mener un coup d’Etat, et que cette crise pouvait se régler dans un cadre légal.

Il a par ailleurs assuré que les soldats déployés à Bangkok en vertu de l’état d’urgence ne seraient pas armés, et n’auraient pas recours à la force pour déloger les manifestants qui occupent depuis près d’une semaine le bâtiment abritant les services du Premier ministre.

"Si nous pensions qu’il était possible de faire appel aux soldats et aux policiers pour les évacuer dans un cadre pacifique, nous le ferions. Mais nous avons le sentiment que cela créerait plus de problèmes", a dit Paochinda à l’occasion d’une conférence de presse.

LE BAHT À SON PLUS BAS NIVEAU DEPUIS UN AN FACE AU DOLLAR

De leur côté, les chefs de file du mouvement de contestation contre le gouvernement ont affirmé qu’ils n’avaient pas l’intention de quitter les lieux.

Retranchés derrière des barricades confectionnées avec des barbelés et des pneus, les opposants ont promis de se retirer si jamais l’actuel Premier ministre démissionnait.

"Il n’y a pas assez de prisons pour nous y mettre tous", a déclaré Chamlong Srimuang, l’un des dirigeants de l’Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), qui mène la campagne d’opposition contre le gouvernement.

Devant des milliers de partisans regroupés à l’intérieur du bâtiment, il a appelé le reste de la population à se joindre aux manifestations contre Samak, accusé par le PAD d’être fidèle à l’ancien Premier ministre déposé.

Certaines écoles ont gardé leurs portes closes mardi à Bangkok mais le trafic était conforme à la normale dans la matinée à l’heure de pointe. L’aéroport, principale porte d’entrée dans le pays pour les touristes étrangers, est resté ouvert.

La Corée du Sud est pour l’heure le seul pays à avoir émis des recommandations à ses ressortissants. "Nous demandons à tous ceux qui avaient prévu de se rendre en Thaïlande d’attendre le retour au calme", peut-on lire sur le site du ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

Sur le plan économique, la dégradation de la situation dans les rues a fait tomber le baht à son plus bas niveau depuis un an face au dollar américain, en dépit des signes d’intervention destinées à le soutenir.

Les autorités monétaires thaïlandaises ont en effet confirmé leur intervention sur les marchés des changes, soulignant qu’elles étaient prêtes à répéter l’opération si le baht se montrait trop volatil.

DISSOLUTION DU PARTI AU POUVOIR ?

Des affrontements entre partisans et opposants du gouvernement thaïlandais ont fait au moins un mort et 34 blessés dans la nuit de lundi à mardi près des bâtiments gouvernementaux.

Quelque 400 militaires armés de matraques et de boucliers ont été envoyés en renfort pour aider la police à mettre fin aux échauffourées. Plusieurs coups de feu ont retenti mais il est difficile de dire qui en était à l’origine.

Les partisans de Samak, qui dirige une coalition constituée de six partis, ont abandonné leurs positions près des barricades érigées par l’opposition après l’instauration de l’état d’urgence.

Dans sa déclaration officielle annonçant l’entrée en vigueur de l’état d’urgence, le Premier ministre accuse un certain nombre de personnes, qu’il ne nomme pas, de "semer le chaos" et souligne que leurs actions nuisent à l’économie et à l’unité nationales.

Enfin, il n’y a pas que dans les rues que la légitimité du Parti du Pouvoir du peuple (PPP) est contestée. La Commission électorale thaïlandaise a en effet recommandé mardi la dissolution de la formation politique du Premier ministre, pour fraude électorale.

Les cinq membres de la Commission ont jugé à l’unanimité le PPP coupable d’avoir acheté des voix lors des élections législatives de décembre dernier.

Il pourrait s’écouler plusieurs mois avant que la Cour suprême fasse appliquer une décision.

Version française Gwénaelle Barzic, Olivier Guillemain et Marc Angrand

 http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080...