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Le conflit sur les retraites en voie de radicalisation
Publie le mercredi 6 octobre 2010 par Open-Publishing1 commentaire
par Gérard Bon
PARIS (Reuters) - Les syndicats français ont décidé mercredi de radicaliser leur lutte contre la réforme des retraites avec notamment l’appel des organisations de cheminots de la SNCF à une grève illimitée à partir du 12 octobre.
La prochaine journée de grèves et de manifestations prévue ce jour-là par les centrales syndicales sera donc le prélude d’un blocage partiel du pays, pour une durée par définition indéterminée, à l’initiative de la base.
Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a estimé mercredi matin que la menace de grèves reconductibles brandies par certains syndicats du transport seraient sans effet en raison de la loi sur le service minimum.
"Le droit de grève ne peut pas aboutir au blocage du pays", a-t-il dit sur RMC.
Mais les syndicats de cheminots sont persuadés que le mouvement fera tache d’huile et qu’il sera, cette fois, largement suivi, notamment par les salariés du privé.
"La tache d’huile va se déterminer dès le 12 octobre, d’autres secteurs comme le commerce devraient nous rejoindre", a dit le numéro 2 de la CGT des cheminots, Gilbert Garrel, à l’issue d’une réunion syndicale à Paris.
L’entrée en lice des cheminots fait en effet suite à toute une série d’appels similaires dans le réseau des transports publics à Paris et en province, chez les routiers, dans le contrôle aérien ou le commerce maritime.
Elle a été suivie en milieu de journée par le dépôt d’un préavis de grève illimitée de la fédération CGT de l’énergie dans les secteurs du gaz et de l’électricité.
PAS D’APPEL NATIONAL
"Avec une grève reconductible, on a les moyens de faire plier le gouvernement, au moins de l’obliger à ouvrir des négociations", a estimé Bruno Duchemin, secrétaire général de la CFDT-Fgaac, qui représente les cheminots.
Les huit syndicats engagés dans la bataille contre la réforme des retraites, qui est arrivée mardi au Sénat après avoir été adoptée par l’Assemblée nationale le 15 septembre, ont préservé jusqu’à présent leur unité mais la question des grèves reconductibles ne fait pas l’unanimité.
Pour ne pas aggraver les divergences, le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, a exclu mercredi un appel national à des grèves reconductibles tout en soutenant les initiatives ciblées, une façon d’entretenir les braises.
"Nous déciderons des modalités du mouvement avec les salariés eux-mêmes", a-t-il expliqué sur France Info.
Au plan national, les huit confédérations doivent se retrouver vendredi pour définir une stratégie au-delà du 12 octobre.
Forts des trois millions de manifestants mobilisés, selon eux, lors des manifestations du 2 octobre, les syndicats dénoncent le "mépris" du gouvernement, qui exclut de toucher au coeur de sa réforme, le recul de l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein.
Pour le moment, l’exécutif se veut serein.
Luc Chatel a ainsi estimé que les centrales syndicales "ne sont pas dans une logique de grève reconductible, de durcissement, et autre", aucune n’appelant nationalement à la grève reconductible.
Interrogé par Le Monde daté 8 octobre, Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas Sarkozy, relativise lui aussi le tournant pris mercredi, jugeant que les organisations syndicales veulent "occuper le terrain" pendant le débat au Sénat.
"Des grèves reconductibles, j’aurais préféré qu’il n’y en eût point. Mais ce n’est pas anormal compte tenu de l’importance du projet", explique-t-il.
Selon lui, il y aura des "actions de jonction" du 12 au 16 octobre et des assemblées générales dans le secteur public, mais sans appel à des grèves illimitées.
Edité par Yves Clarisse
Messages
1. Le conflit sur les retraites en voie de radicalisation, 6 octobre 2010, 21:30
pauvre chatel