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Le démantèlement de Superphénix à Brennilis
Publie le dimanche 4 novembre 2007 par Open-Publishing10 commentaires
Le Monde, 30/7/2007 :
Le lent démantèlement de Superphénix continue en Isère
[Ou comment le journal Le Monde essaie quand même avec l’échec de Superphénix de faire la promo du nucléaire]
Le 31 juillet 1977, plusieurs dizaines de milliers d’antinucléaires convergeaient sous la pluie, au milieu des champs de maïs, vers le site de Malville, en Isère. Ils voulaient s’opposer à la construction, commencée l’année précédente, de ce qui devait être le fleuron de la technologie électronucléaire française : le surgénérateur Superphénix. Au cours des affrontements avec les forces de l’ordre, un manifestant, Vital Michalon, était blessé mortellement par l’explosion d’une grenade offensive et deux autres étaient blessés. Pour commémorer ce drame, un rassemblement, auquel appelle le réseau Sortir du nucléaire, doit avoir lieu, mardi 31 juillet à 15 heures, dans la commune voisine de Faverges.
Les réacteurs du futur seront, eux aussi, des surgénérateurs
L’EPR (European Pressurised Reactor), réacteur [dit] de 3e génération qui doit succéder aux centrales actuelles, n’est jamais qu’une version améliorée de ces dernières. Les installations de 4e génération, dont l’exploitation est prévue à partir de 2040, marqueront en revanche une rupture, en reprenant la technologie de la surgénération expérimentée avec Superphénix. Le CEA concentre ses recherches actuelles sur deux filières à neutrons rapides, refroidies par du sodium [Le sodium liquide est une substance très délicate à manipuler car elle s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau] ou par du gaz.
L’intérêt de la surgénération est de brûler non seulement l’uranium 235 (fissile), mais aussi l’uranium 238, dont est composé à 99,3 % le minerai naturel. Ce qui, avec les réserves mondiales connues à ce jour, assurerait plusieurs milliers d’années de fonctionnement du parc, contre 250 années avec les centrales actuelles [faux, actuellement les réserves sont de 50 à 70 ans de consommation !]. Autre avantage : ces réacteurs, à cycle fermé, sont conçus pour brûler une partie de leurs propres déchets : les actinides mineurs, très radiotoxiques, sont recyclés, les résidus ultimes se limitant aux produits de fission. [Rappel : SuperPhénix comportait environ 35 tonnes de combustible nucléaire, dont 5 tonnes de plutonium et 1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer et 8 kilos sont suffisant pour faire une bombe atomique de type Nagasaki]
Le CEA assure que ces nouvelles centrales bénéficieront, par rapport à Superphénix, de "progrès déterminants" [car les incidents à Superphénix étaient si nombreux qu’il était presque toujours en arrêt technique].
Trente ans après, l’ombre de Superphénix plane toujours sur le nucléaire français. Couplé au réseau électrique en janvier 1986, le réacteur prototype à neutrons rapides, victime d’incidents à répétition, n’aura été en service qu’un peu plus de dix mois en neuf ans, avant de finir par fonctionner de façon à peu près satisfaisante en 1996 [faux]. L’année suivante, le gouvernement de Lionel Jospin - dont Dominique Voynet était ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement - décidait de mettre fin à l’expérience.
Depuis le décret de mise à l’arrêt, le site de Creys-Malville s’est transformé en chantier pilote de démantèlement. Car, par rapport aux réacteurs nucléaires classiques, dont huit sont également en cours de déconstruction (à Bugey, Brennilis, Chinon, Chooz et Saint-Laurent), celle d’un surgénérateur pose des problèmes particuliers, liés à la nature du combustible, contenant du plutonium, et à celle du liquide de refroidissement, constitué de sodium.
Dans un premier temps, les éléments combustibles, soit 364 assemblages fissiles comportant 4,8 tonnes de plutonium et 233 assemblages fertiles d’uranium, ainsi que diverses pièces de protection et barres de commande, ont été retirés du réacteur. Ils ont été mis à "refroidir" en piscine, sur le site, dans un Atelier pour l’évacuation du combustible (APEC) qu’EDF a été autorisée à exploiter pour trente ans. Y est également entreposé un deuxième coeur tout neuf, non brûlé, qui avait été commandé avant la fermeture.
La destination finale de ces combustibles n’est pas encore arrêtée, indique Serge Klaeylé, directeur du Centre d’ingénierie, déconstruction et environnement d’EDF. Il avait été envisagé de les retraiter dans les usines de la Hague (Manche) d’Areva. Mais EDF considère aujourd’hui ces éléments non comme des déchets, mais comme "des réserves de combustible susceptibles d’être valorisées", soit dans les filières MOX (mélange d’uranium et de plutonium), soit dans les futures centrales.
Ne subsistent dans la cuve du réacteur que des éléments ne présentant pas de risque de "criticité", c’est-à-dire de déclenchement de réaction nucléaire. Ils sont eux aussi en cours d’extraction et rejoindront la piscine. Dans le même temps, la salle des machines a été vidée de ses turbines et de ses pompes, soit 150 000 tonnes de déchets non radioactifs.
Reste l’épineux problème du sodium fondu, dont le circuit primaire de refroidissement, les boucles secondaires et diverses installations recelaient 5 500 tonnes. La difficulté vient de ce que ce matériau s’enflamme à l’air et détone au contact de l’eau. Une unité spéciale de traitement, composé de deux réacteurs chimiques, est en cours d’installation sur le site et devrait démarrer en 2008.
Le principe, expérimenté sur la centrale de Dounreay, en Ecosse, et validé par les ingénieurs du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), consiste à faire tomber au goutte-à-goutte le sodium liquide dans de l’eau, dans un environnement neutre d’azote. Le produit de cette réaction est de la soude, qui sera incorporée à du béton. Quatre à cinq années seront nécessaires pour neutraliser la totalité du sodium et il faudra attendre vingt ans pour que les 70 000 tonnes de béton accumulés sur le site, dont la radioactivité "sera comparable à celle du granit", précise Serge Klaeylé.
Entre 2013 et 2023 devrait alors être réalisée la dernière partie de la déconstruction : la démolition du bâtiment réacteur, où la cuve et certaines structures métalliques, chargées en cobalt 60, restent très irradiantes. EDF, dont le scénario de démantèlement prévoyait au départ de laisser la radioactivité décroître pendant un demi-siècle, a finalement décidé, pour toutes ses centrales fermées, de les raser au plus vite, afin de rendre le site "à l’herbe".
"Alors seulement, à l’issue de un milliard d’euros de travaux, sera tournée la page de ce qui demeurera dans les mémoires comme l’un des épisodes les moins glorieux de l’aventure nucléaire nationale".
Le Monde plus commentaires intégrés, petit jeu et facile a repérer.
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Pour rafraichir la mémoire.
1 milliard encore pour ce démontage, 24 MDs E - 2 reste plus 22 MDs E c’est mal parti tout au moins du coté finances, ça m’étonnerait pas qu’on demande de repasser à la caisse, ou plutot ils vont faire un petit tour de passe-passe et hop ni vu ni connu, y auras moins de cantine scolaires a construire ou de résidences pour personnes agées, pas grave ils auront réussis a nous fourguer leur déchets inichiffrés.
Skapad
Messages
1. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 10:15
scénario : privatisation (l’ami Bouygues), mais démantelement pris en charge par l’état...
Thom
1. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 11:02
Démenteler SuperPhenix, alors que ce type de générateur expérimentait le nucléaire de demain était la connerie du siècle...
Il faut à tout prix réouvrir SuperPhenix et arrêter de céder aux intégirstes anti progres..
Espérons qu’au moins avec Sarko on gagnera ça....
IlROsso...
2. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 11:14
IROsso tu rève pas un peu, relit l’article et maintenant pense tu que l’agité va t’écouter ?
Skapad
3. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 11:33
« .....alors que ce type de générateur expérimentait le nucléaire de demain était la connerie du siècle... »
Tout a fait d’accord avec toi, je dirais mème plus la connerie du millénaire, tout compte fait je pense que tu devrais adhérer a SDN, ou alors revoit ton message car il peut etre imtetpréter de cette façon, qui elle me convient :
« ....Superphénix ....alors que ce type de générateur expérimentait le nucléaire de demain était la connerie du siècle... »
Hé ! hop , voilà encore une contribution de plus pour combattre cette NUConnerie !
Merci, et sans regret j’espère.
Skapad
2. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 16:03
L’UN des obstacles à la recomposition de la gauche antilibérale est l’attachement obsessionnel du PCF au nucléaire, via l’engagement fort en son sein de militants de la CGT EDF
Il peut tout arriver dans le monde, lesCGT EDF auront TOUJOURS raison sur le nucléaire ! C’est dramatique car le PC a besoin d’eux (permanents), la droite s’en sert habilement...
Ces camarades ont d’excellentes idées sur le service public, mais sont complétement obtus sur le nucléaire.... Que faire ???
Maximilien 50
3. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 18:53
il est a noter que le demantelement de superphenix a ete simule en maquette sur le site de cadarache et qu’a cette occasion nos apprentis sorciers se sont gentiments fait peter la gueule a cause de condensation residuelle dans les conduits de sodium ....
le demantellement de cette centrale reste une operation critique pouvant a tout moment deboucher sur une explosion qui si elle ne sera pas nucleaire proprement dite aurait neamoins une puissance fort apreciable doublee d’un risque de vaporisation de substance radioactive
1. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 21:03
Toujours cette habitude de parler sans rien connaitre !
Ce n’était pas le démantèlement d’une maquette, mais celui de Rapsodie Fortissimo.
L’explosion d’hydrogène qui a causé la mort d’une personne, travaillant en soustraitance, esr largement due à des erreurs de manipulation. La cause en est la perte de connaissances et de savoir faire qui a suivi l’abandon de Super Phénix et le démantèlement des équipes travaillant sur la filière rapide.
C’est là où l’on touche toute l’absurdité de l’arrêt et du sabotage de SPX - oui SPX n’a pas seulement été arrêter et placé sous cocon, ce qui aurait été un moindre mal, mais on a sciemment porté atteinte à la cuve enveloppe pour rendre l’arrêt irréversible -. Cela a été l’acte criminel d’un gouvernernent d’incompétents.
Maintenant la vérité éclate. La filière rapide, à sodium et à gaz dans un avenir plus lointain, est bien l’avenir des réacteurs nucléaires électrogènes. Et la France qui était largement en avance sur cette technologie a perdu sa position et son savoir faire.
C’était donc un crime contre la science et contre la France. Sans doute le PC qui s’était abstenu à l’époque a-t-il tiré les lessons de son erreur.
Quand on pense que Pierret préconisait en 1999 de remplacer le nucléaire par des chaudières à gaz !
Tout ceci n’est évidemment pas sans conséquence sur l’état actuel de la France. Cette affaire à amorcé, malheureusement le, déclin, - qui semble irréversible -, de notre pays.
Jean-Marie Berniolles
2. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 5 novembre 2007, 22:01
« « L’explosion d’hydrogène qui a causé la mort d’une personne, »
travaillant en soustraitance {{}}(A) ,
est largement due à des erreurs de manipulation (B) .
« La cause en est la »
perte de connaissances et de savoir faire (C)
qui a suivi l’abandon de Super Phénix et le démantèlement des équipes travaillant sur la filière rapide. »
« C’est là où l’on touche toute l’absurdité
de l’arrêt et du sabotage de SPX (D) -
oui SPX n’a pas seulement été arrêter et placé sous cocon, ce qui aurait été un moindre mal,
mais on a sciemment porté atteinte à la cuve (E)
enveloppe pour rendre l’arrêt irréversible -.
Cela a été l’acte criminel (F)
« d’un gouvernernent d’incompétents. » »
A : A Brennilis EDF a balkanisé son chantier, 80 % de sous traitants qui eux emploient des intérimaires qui naviguent de contrats en contrats depuis plus de trois ans pour certains .
Crois tu JMB, que c’est de cette manière que l’EDF retrouveras une crédibilité, concernant la sécurisation de telles démolitions ionisées ?
B : Des erreurs de manipulation pour ce type de chantier peuvent elles etre comparées a une erreur d’étiquettage de carottes du Léon ? (par exemple) Ces erreurs ne sont elles pas liées aussi a la question A ?
C : Déja, ça fait pas trente ans que vous avez commencer a tripoter cette industrie, et déjà vous avez tout oublié ? C’est pas sérieux pour qui maitrise la particule élémentaire, et dieu de dieu sait combien il est difficile de toutes les attacher. Cette perte de savoir faire n’est elle pas non plus elle liée aux questions A et B ?
D : Sabotage tu pousse pas le bouchon un peu loin, y a dès fois ou moi ça m’arrive aussi, mais là j’ai jamais rien lu de pareil dans l’HUMA, en tout cas j’ai peut etre pas lu la bonne version ?
Un bateau, oui y a eu un truc de saboté, d’ailleurs il me semble que c’était un bateau d’écolos. Dans le sud pacifique, les Français y s’avaient pas trop la cote dans les environs.
E : C’est pas des employés syndiqués a la CGT Energie, j’espère, sinon c’est plus grave que je ne le pensais, des gars tellement dépités d’etre séparés de leur outils nucléés, qu’ils seraient a ce point capables de tout faire péter, pour moi ils ont eus raison de les mettre a la raison.
F : Et vous avez porté plainte ? Il est ou l’objet de ce crime ? Ou serait ce que tu considère effectivement que cette dérive nucléo-militariste est un crime contre l’Humanité , alors là Bravo, et rends toi vite sur le site de Sortir du Nucléaire, et tu trouveras facilement les indications pour te joindre a nos bonnes raisons. Non de Nom.
Skapad
3. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 6 novembre 2007, 10:44
La perte de connaissance :
Lorsque Renault a mis entre parenthèse son engagement en F1, une cellule de veille technologique a été mise place et cela n’a pas durer 10 ans.
La filière "rapide" : Rapsodie, puis Fortissimo ( doublement de la puissance), Phénix puis Super Phénix ont tous été conçus dans les années 60/70 . D’ailleurs la course au prototype industriel, SPX, a été trop rapide ce qui a posé quelques problèmes à SPX pour ses débuts. Il faut néanmoins souligner que Super Phénix venait de fonctionner un année quasiment à pleine puissance. Donc c’est une durée de plus de 30 ans. On comprend bien dans ces conditions que l’essentiel des connaissances puisse être perdu. D’autant que les études des années 80/90 ont surtout porté sur la sûreté, - feux de sodium, accident maximum -. Ce qui met en avant l’aspect extrêmement novateur de SPX qui était conçu pour contenir son accident max (fusion du coeur). Et le fait que les feux de sodium ont été étudiés de long en large (en masse jusqu’aux Feux pulvérisés), montrant que ceux-ci pouvaient être maîtrisés. Les GV, réaction sodium-eau, restent néanmoins un point sensible de la filière sur lequel il faut sûrement développer de nouvelles études.
Néanmoins, compte tenu des immenses avantages que présentent les réacteurs rapides, il faut revenir rapidement aux rapides à sodium, seuls réacteurs que l’on sauraient remettre en route pour des échéances type 2030.
Evidemment si SPX n’avait été saboté (le gouvernement a caché cette information) la solution serait de le relancer.
La sous traitance au privé est générale, - c’est le système économique-. C’est vrai pour l’eau, les transports ..... Sur les questions sensibles, c’est une très mauvaise chose. Pour le nucléaire cela devrait être proscrit. Maintenant Brennilis, débarassé de son combustible (c’est la première et la principale phase du démantèlement) ne représente pas un danger pour l’extérieur.
Comme toute opposition, l’opposition au nucléaire (qui n’est pas sans utilité et justifications) a besoin d’être juste dans ses arguments et intelligente pour exister. Si on passe à côté des problèmes de la fin du pétrole, puis du gaz, de l’effet de serre ... on a très peu de chance de mobiliser au-delà des irréductibles.
Comme exemple entre l’imbécilité pure et l’intelligence, je cite toujours ce que l’on peut lire dans l’environnement de Cadarache :
"Vous avez aimé Tchernobyl, vous adorerez ITER". Dans un rayon de 20 kms autour de Cad il y a plus d 40.000 habitants. Aucun d’eux n’a peur d’ITER.
Par contre ceci : "ITER soleil trompeur" est une formule subtile qui n’est pas sans fondement
Jean-Marie Berniolles
4. Le démantèlement de Superphénix à Brennilis, 16 novembre 2007, 23:58
Pour te rassurer, les écologistes bretons ont des arguments un peu plus approndis que mes posts souvent transcrits ici sur Bella Ciao. D’ailleurs quand les arguments sont détaillés, les commentaires sont eux beaucoup moins nombreux, voir inexistants ! Skapad
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jeudi 15 novembre 2007 (19h59) :
TEXTE EXPLICATIF. sur BRENNILIS LA NUC OUBLIEE !
Centrale nucléaire des Monts d’Arrée – INB EL4-D
Le « retour à l’herbe » est mal parti
1. Un enjeu national
La centrale nucléaire des Monts d’Arrée a été implantée sur la commune de Brennilis, à 25 km au sud de Morlaix. Elle a été définitivement mise à l’arrêt en 1985. Son démantèlement est présenté par les autorités comme le plus avancé de France. Selon les déclarations de son directeur, M. Bertrand DUBUIS, c’est sur ce site que sont validées, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), les méthodologies d’assainissement du génie civil qui seront utilisées sur l’ensemble des sites nucléaires à démanteler.
De plus, l’option désormais retenue par l’exploitant et l’ASN pour l’INB EL4-D est le démantèlement complet et immédiat, sans attendre le délai de 40 à 50 ans initialement prévu pour bénéficier de la décroissance des radionucléides de courte période et de la mise en place de filières pour l’ensemble des déchets radioactifs.
Ce changement de stratégie pourrait concerner les 39 réacteurs nucléaires français déjà mis à l’arrêt, qu’il s’agisse de réacteurs électronucléaires (Bugey, Chooz, Marcoule, St-Laurent-des-Eaux…), de réacteurs de recherche (Saclay, Grenoble, Cadarache…) ou de réacteurs servant à la propulsion navale.
2. Des dysfonctionnements majeurs
Ce dossier devait être exemplaire. Il n’en est rien.
• Illégalités. Le décret 2006-147 du 9 février 2006 autorisant le démantèlement de la centrale a été annulé en juin dernier par le Conseil d’Etat. L’autorisation de procéder au démantèlement complet de l’installation avait en effet été délivrée par les autorités sans consultation préalable des populations, en violation des dispositions d’au moins trois textes fondamentaux : la directive européenne n°85/337, la convention Aarhus et le décret 63-1228 relatif aux INB. EDF a profité de cette violation du droit des citoyens à participer au processus de décision lorsqu’il concerne des risques environnementaux majeurs mais l’infraction a été orchestrée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a instruit le dossier sur le plan administratif et technique et avalisée au plus haut niveau : par le ministre de la Santé (M. Bertrand) qui a donné un avis conforme, par le Premier ministre, M. De Villepin, au nom de qui a été pris le décret 2006-147, et par les ministres de l’économie (M. Loos), de l’Industrie (M. Breton) et de l’écologie (Mme Olin) qui l’ont signé.
• Contaminations. Elles sont avérées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du site nucléaire.
A l’intérieur. Des contaminations sont signalées tant au niveau du sol que de la nappe phréatique. Certaines ont été reconnues par l’exploitant, notamment sous la station de traitement des effluents. On apprend de plus que des soubassements ont d’ores et déjà été comblés et scellés alors que le sol sous-jacent est contaminé. Les documents officiels affirment pourtant que l’assainissement implique la suppression de toute contamination radiologique ou chimique.
A l’extérieur. Le plan de surveillance officiel de l’installation ne permet pas de rendre compte de l’impact du site. En analysant un seul échantillon de mousses aquatiques prélevées par SDN Cornouaille le laboratoire de la CRIIRAD a détecté des anomalies jamais identifiées par les contrôles de l’exploitant ou des services de l’Etat.
• Déchets non maîtrisés. La gestion des déchets radioactifs présente de graves anomalies. EDF se révèle incapable d’évaluer correctement l’activité des matériaux présents sur son site. Les contrôles effectués par la société CENTRACO – qui reçoit une partie des déchets radioactifs qui sortent du site – ont montré que la sous-évaluation atteint des facteurs 30 à 200 ! Or, CENTRACO est une installation spécialisée, dotée de tous les instruments de mesure. Qu’en est-il des déchets déclarés non radioactifs qui sont envoyés dans des centres conventionnels ou, pire encore, de ceux qui sont recyclés ? Au total, plus de 30 000 tonnes de béton et de ferrailles sont concernés.
• Opacité. Les documents officiels présentent des lacunes et des anomalies majeures (en particulier l’étude d’impact et le résumé non technique publiés en 2006 par EDF et avalisé par l’ASN). Les demandes d’information adressées par les associations se heurtent à des procédés dilatoires.
C’est notamment le cas du dossier scientifique censé justifier le choix du démantèlement immédiat : l’évaluation des doses reçues par les intervenants relèverait du secret commercial ! Il en est de même du dossier scientifique relatif à l’évaluation du terme source radiologique : il s’agit de pouvoir vérifier les modélisations et analyses sur lesquelles l’exploitant se base pour établir l’inventaire des radionucléides présents sur le site, et notamment dans le bâtiment réacteur.
Cette information est essentielle car elle détermine l’irradiation des intervenants, l’activité des déchets et les rejets dans l’environnement. Pour l’instant, les associations en sont réduites à saisir la commission d’accès aux documents administratifs. Malgré la sanction du Conseil d’Etat, les autorités continuent d’ignorer leurs obligations.
La transparence est d’autant plus nécessaire que les informations diffusées sont incohérentes : incohérences à l’intérieur d’un même document, incohérence entre les déclarations orales et les documents écrits, etc. Plaidant sur France info pour le démantèlement immédiat, le directeur du site, M. DUBUIS, a laissé entendre que le fait d’attendre 40 ans ne changerait rien pour les intervenants et qu’en revanche, surveiller le site pendant tout ce temps coûterai de l’argent. Or, l’étude publiée sous la double responsabilité d’EDF et du CEA indique exactement le contraire : le démantèlement immédiat induirait :
1/ des doses de rayonnement 3 fois supérieures à celles du délai de 40 ans (1 612 mSv contre 528 mSv) ;
2/ un surcoût de 32% (1 199 MF contre 909 MF).
3. Les garanties demandées :
Les associations souhaitent obtenir la garantie que les dysfonctionnements passés ne se reproduiront pas et que les ministres, en particulier ceux de la santé et de l’écologie, interviendront pour que soient préservés les intérêts qu’ils ont mission de défendre.
• Concernant la participation du public au processus de décision Aux termes de la convention Aarhus, entrée en vigueur en France le 6 octobre 2002, les autorités doivent prendre des dispositions :
1/ « pour que la participation du public commence au début de la procédure, c’est-à-dire lorsque toutes les options et solutions sont encore possibles et que le public peut exercer une réelle influence. » ;
2/ pour que « les résultats de la procédure de participation du public soient dûment pris en compte ».
Les associations demandent à l’actuel Premier ministre et aux ministres concernés d’intervenir pour que la participation du public soit effective, que l’enquête publique soit précédée d’un débat public national sur les avantages et inconvénients des différentes stratégies de démantèlement et que soit publié un dossier de référence complet et fiable.
Il doit notamment inclure les informations que les associations réclament en vain depuis plus d’un an ainsi que le résultat de contre-expertises indépendantes sur tous les points clés du dossier. Faute de disposer des éléments d’analyse nécessaires, la consultation du public ne sera qu’un simulacre de démocratie.
• Concernant le choix du type de démantèlement, immédiat et différé.
L’étude d’impact publiée en 2006 ne présente aucune solution alternative au démantèlement immédiat. Compte tenu des incidences, en particulier pour la santé des intervenants, il est indispensable que cette question soit traitée de façon approfondie et que l’option retenue par l’exploitant et l’ASN puisse faire l’objet d’une contre-expertise.
La question centrale de l’irradiation des intervenants ne peut être occultée sous prétexte de secret commercial. Le dossier doit détailler les dispositifs de contrôle dosimétriques collectifs et individuels, le suivi sanitaire, les garanties à long terme y compris (et en particulier) pour le personnel qui interviendra dans le cadre de la sous-traitance.
Les différentes catégories de déchets radioactifs et leur filière de traitement doivent être décrites avec précision. Le dossier ne doit pas se contenter d’indiquer « quelques dizaines de tonnes » pour les déchets les plus actifs mais préciser la composition isotopique et les activités.
L’exploitant et les autorités doivent indiquer pourquoi elles retiennent l’option du démantèlement immédiat alors qu’il va produire des déchets pour lesquels n’existe encore aucune solution de stockage.
• Concernant la contamination du site et le rabattement de la nappe phréatique
Les associations demandent la publication d’une cartographie précise de la contamination des sols et des eaux souterraines : inventaire exhaustif des radionucléides présents, activités massiques et totales, extension spatiale des contaminations, y compris au-delà des limites de l’installation. La précision des analyses doit permettre de détecter les contaminations et non pas de les occulter. Des limites de détection de 40 ou 50 Bq/l pour le tritium ne sont pas acceptables .
En septembre 2002, EDF a été autorisé à pomper la nappe phréatique afin d’en abaisser artificiellement le niveau et d’éviter ainsi qu’elle imprègne les sols contaminés et qu’elle déstabilise les sous-sols déjà fragilisés par les travaux d’assainissement. L’autorisation a été accordée pour 5 ans. Un arrêté autorisant EDF à poursuivre le rabattement de la nappe sous la station de traitement des effluents et sous l’ancien bâtiment des combustibles irradiés est en cours d’examen avant signature par les ministres de l’Ecologie, de l’Economie et de la Santé. EDF pourrait pomper jusqu’à 750 000 m3 par an (voire plus en cas de forte pluviosité). D’abord rejetées dans l’Ellez, les eaux sont désormais rejetées dans la réserve de Saint-Michel.
Les associations demandent que le renouvellement de l’autorisation soit subordonné à la publication d’un dossier scientifique complet et à la mise en place de garanties sur l’état radiologique des eaux rejetées dans la réserve de Saint-Michel et à des engagements précis sur la décontamination totale du site : le pompage des eaux ne peut constituer qu’une « solution » de court terme.
• Concernant les critères d’assainissement du site.
Les critères de décontamination doivent être rendus publics. L’exploitant affirme que l’assainissement du sous-sol du bâtiment des combustibles irradiés est achevé. Si l’on en croit les documents EDF les structures assainies sont dépourvues de toute contamination radiologique ou chimique. L’expérience acquise par la CRIIRAD sur d’autres sites réputés « assainis » montre qu’il n’en est rien. Toute la transparence doit être faite sur les critères de décontamination fixés par les autorités.
Les associations demandent qu’avant de procéder au remblaiement et au scellement des sous-sols, un document officiel engageant à la fois l’exploitant et l’Autorité de sûreté nucléaire garantisse l’absence de contamination résiduelle, tant des structures que de l’encaissant naturel (avec mention des seuils de détection pour les différents radionucléides susceptibles d’être présents).
Les associations demandent que le laboratoire de la CRIIRAD soit autorisé à procéder à des mesures radiamétriques et spectrométriques in situ et à des prélèvements pour analyse dans les secteurs déclarés assainis (avant tout remblaiement).
• Concernant la surveillance de l’environnement extérieur au site.
Les associations demandent un état des lieux radioécologique exhaustif et fiable avant toute poursuite du démantèlement. Il doit permettre d’établir précisément la nature et l’étendue de la contamination actuelle et de vérifier à terme l’impact des opérations de démantèlement.
Les associations demandent également la remise à niveau du plan de surveillance du site. Une seule analyse effectuée par le laboratoire de la CRIIRAD, à la demande des associations locales , a montré d’importantes lacunes : des niveaux de contamination en césium 137 et cobalt 60 très supérieurs aux résultats officiels, une contamination par l’argent 108m non détectée, un excès de thorium 227 et d’actinium 227 lui non plus non détecté par le plan de surveillance environnemental de l’installation.
Les associations demandent :
la communication par EDF des documents demandés sans succès depuis plus d’un an.
des explications détaillées sur l’origine des radionucléides artificiels détectés par la CRIIRAD dans l’environnement aquatique en aval de la centrale (et notamment de l’argent 108m et de l’américium 241)
la preuve que l’excès d’actinium 227 mis en évidence par la CRIIRAD en 2006 dans l’environnement de la centrale n’est pas imputable à l’installation.
la décontamination des secteurs de l’environnement les plus touchés, et notamment de l’ancien chenal de rejet.
• Concernant la gestion des déchets radioactifs
Les associations exigent la publication des limites en dessous desquelles les autorités considèrent que la radioactivité est négligeable et n’a plus d’existence légale. L’opacité entretenue par les pouvoirs publics permet tous les abus.
Le préfet de l’Aude, déclarant s’appuyer sur la DRIRE et sur l’ASN, considère que des boues présentant une activité de 242 000 Bq/kg ne sont pas radioactives. Cette position, défendue devant le tribunal administratif de Montpellier, est-elle en vigueur dans le Finistère ?
D’après EDF, le démantèlement va générer plus de 30 000 tonnes de béton et de ferraille. Quel est le niveau de radioactivité réel de ces déchets dits conventionnels ? A partir de quelle activité sont-ils considérés comme radioactifs ? 1, 10, 100, 1 000, 10 000, 100 000 Bq/kg ? Les déchets conventionnels valorisables pouvant être recyclés dans les travaux publics ou le bâtiment, cette question est essentielle.
Les associations demandent en outre que les destinations des déchets conventionnels soient rendues publiques et que des contrôles indépendants puissent être effectués avant leur sortie du domaine nucléaire et des circuits contrôlés. L’incapacité de l’exploitant à évaluer correctement l’activité de ses déchets rend ces contrôles d’autant plus indispensables.
• Concernant l’impact sanitaire du site et de ses rejets
La puissance du réacteur EL4 n’était que de 70 MWe mais les quantités de tritium qu’il a rejetées dans l’atmosphère sont considérables : au moins 100 fois supérieures aux rejets cumulés des 4 réacteurs 900 MWe du Blayais (soit, par unité de puissance, une pollution plus de 7 000 fois supérieure). Les quelques études ponctuelles effectuées attestent d’une contamination durable de l’environnement, en particulier par le tritium.
Les associations exigent :
1/ la reconstitution des doses de rayonnements subies par la population du fait des rejets depuis 1967 ;
2/ l’ouverture d’une enquête épidémiologique, réalisée en toute indépendance et transparence, portant à la fois sur les travailleurs du site des Monts d’Arrée (personnel de la centrale et intérimaires) et sur les populations exposées aux rejets.
• Concernant les rejets radioactifs liés aux opérations de démantèlement
Les associations demandent a suspension de tous travaux de démantèlement tant que les autorités n’auront pas fixé des limites pour les rejets de polluants radioactifs et chimiques dans l’environnement. Ces limites doivent être contraignantes et détaillées pour chacun des principaux radionucléides. Elles doivent être basées sur un dossier scientifique démontrant la validité des études prédictives et justifiant que tout ce qui est techniquement possible sera mis en œuvre pour limiter au maximum les rejets. Ceci n’a jamais été le cas dans le passé.
Selon EDF, le démantèlement du bloc réacteur entrainera des rejets à des niveaux comparables à ceux d’une centrale nucléaire en fonctionnement. Il n’est pas acceptable que l’exploitant dispose d’une totale liberté en matière de rejet de polluants cancérigènes.
Groupement associations : CRIIRAD-SDN Cornouailles-AE2D-Vivre dans Les Monts d’Arrée-Réseau Sortir du nucléaire.
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Commentaire :
Et si tout ça ne vous inquiète pas, ce serait désespérant de vouloir continuer a ce décarcasser. Non sans dec, il faut mettre à jour cette industrie nucléaire, le plutot sera le mieux. Du boulot en perspective, mais ce challenge en vaut vraiment la peine. Que l’on soit anti nuc ou proto nuc. Il n’y aucune différence a imposer de la clarté, plus encore maintenant depuis la privatisation de ces productions.
Tous les syndicalistes devraient sérieusement se parler, écouter ces arguments, tout simplement pour qu’ils puissent s’appuyer sur d’autres versions mises en scène désormais (et malheureusement avant d’état !) par des directions en fond d’action internationnales et privées. Dans d’autre secteur et par le passé, il n’est pas rare que ces magnats fassent souvent l’économie des méthodes et processus honéreux a mettre en oeuvre pour la sécurité des intervenants (ils ne sont pas les seuls) qui fatalement sont en contradiction pour la distribution des bénefs des fonds de pension.
Skapad.