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Le droit de retrait est bien distinct du droit de grève. Il va falloir que Fillon le comprenne

Publie le mercredi 9 février 2005 par Open-Publishing

La montée des violences dans les établissements scolaires enregistrée l’année dernière (+ 13 % sur un an) ne connaît pas de pause.

Comme cela était prévisible dans un milieu scolaire "dégraissé" de dizaines de milliers d’adultes, surveillants ou non, la loi sinon du plus fort, du moins du plus violent, devient la règle dans certains établissements du secondaire, la violence s’appuyant sur le comportement de protagonistes en situation de concurrence libre et non faussée.

L’incapacité d’un nombre croissant d’élèves à recourir à une expression des plus limitées, l’angoisse du lendemain fondée à juste titre sur l’environnement social, la complaisance fâcheuse de l’administration des établissements, voire sa complicité dans certains cas avérés, et le dogme sur le refus de la sanction, éternellement reportée ou dérisoire par rapport à la gravité des faits, engendre des situations infectes.

Cette réalité est occultée de manière attendue, par le Ministère de l’Education nationale. Elle l’est également de la part des syndicats majoritaires (SNES, SGEN-CFDT), qui semblent fort peu au courant de l’existence de textes protégeant les agents publics, et encore moins motivés pour les faire appliquer.

Les dispositions régissant le droit de retrait font partie de ces textes. Ils légitiment la cessation de l’activité quand la situation est jugée dangereuse pour les personnels. Ce type d’arrêt de travail, imposé par la dangerosité de circonstances locales n’a rien à voir avec la grève. Le pourcentage des personnels cessant le travail quand est invoqué le droit de retrait y est en général très élevé : le collège Debussy d’Aulnay (Seine Saint Denis) vient de rejoindre la longue liste des établissements touchés par ce type de mouvement. Lassés de subir des violences répétées, le taux des personnels ayant cessé le travail est de 90 % !

La position du Ministre se fige dans le déni de la réalité ; il n’y voit qu’un mouvement de grève parmi d’autres. Compte tenu de l’autisme qui caractérisent Fillon et le gouvernement auquel il appartient, cette positive attitude-là n’a rien de surprenant. Pourquoi faut-il en revanche que des organismes censés défendre les intérêts des personnels soient aussi discrets sur la dangerosité de certaines situations ?
Faudra-t-il, à l’instar de ce qui s’est passé voici quelques semaines à la SNCF, qu’une enseignante ou une surveillante soit violée, pour les syndicats majoritaires rappellent au ministre avec la force appropriée que le droit de retrait existe, et que le recours croissant à cette prérogative n’est que la conséquence des politiques gouvernementales ?

Les syndicats peuvent saisir les tribunaux sans risquer la perspective de représailles que peut subir un agent public de la part de l’administration.
Qu’attendent-ils pour le faire, et le faire savoir ?