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Le gouverment espagnol PS fait passer l’âge de départ à la retraite à 67 ans avec la collaboration des syndicats réformistes

Publie le dimanche 6 février 2011 par Open-Publishing
5 commentaires

Avec la collaboration des syndicats réformistes et face à la seule opposition des communistes, le gouvernement socialiste espagnol fait passer l’âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans

Article AC pour http://solidarite-internationale-pc...

Nous l’avions annoncé déjà il y a plusieurs mois (cf http://solidarite-internationale-pc...), la dernière grande contre-réforme du gouvernement PSOE de José Luis Zapatero, le recul de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans, est désormais scellée après l’accord conclu mercredi dernier entre le gouvernement socialiste, les représentants patronaux et les deux syndicats réformistes, l’UGT (socialiste) et les CC.OO (historiquement liées au PCE – aujourd’hui ’a-politique’).

Le premier ministre José Luis Zapatero a exprimé sa satisfaction d’avoir obtenu cet accord dans le cadre du « dialogue social » et le schéma institutionnel du Pacte de Tolède, ce forum de collaboration de classe réunissant depuis 1995 syndicats patronaux et de salariés, sous l’égide du gouvernement, en vue de la négociation des contre-réformes cassant le système public de retraites.

Le rapport du gouvernement socialiste, alimentant la négociation avec les « partenaires sociaux » et la future élaboration du projet de loi, avait par ailleurs déjà bénéficié d’un vote quasi unanime à la Chambre des députés où seuls 10 députés s’étaient opposés à ce rapport alors que 334 députés, PS et droite confondus, l’avaient adopté.

Les directions réformistes de l’UGT et des CC.OO fidèles à la ligne du « dialogue social »

Cet accord négocié avec les syndicats est une cruelle désillusion non seulement pour la frange la plus combative de la classe ouvrière mais aussi pour l’ensemble du salariat qui s’était mobilisé massivement le 29 septembre dernier, avec plus de 10 millions de grévistes et 1,5 millions de manifestants dans les rues (cf http://solidarite-internationale-pc...)

L’idée d’un appel à la grève générale montait dès lors un peu partout en Espagne. Pourtant, les deux confédérations syndicales, derrière une opposition de façade au gouvernement, ont freiné et empêché tout développement du mouvement. Aujourd’hui, la duplicité de la ligne des directions syndicales réformistes est révélée au grand jour.

Après la signature de l’accord, les secrétaires-généraux des deux grandes centrales syndicales se complaisaient dans l’auto-satisfaction

Ignacio Toxo, secrétaire-général des CC.OO, pouvait ainsi faire passer ce recul historique comme une avancée : « C’est un accord qui regarde vers l’avenir, qui mise sur la transformation de l’économie espagnole, car il n’est pas possible de reproduire dans la sortie de la crise les facteurs de croissance qui nous ont mené dans cette crise. »

Dans la même veine, Candido Mendez, de l’UGT proposait une justification audacieuse de cet accord ignominieux : « face à ceux qui estiment que l’obéissance aux marchés est la seule façon de combattre la crise (sic), les mauvais chiffres actuels du chômage montrent jusqu’à quel point il fallait sortir de l’inertie des mesures unilatérales du gouvernement ».

Pourtant, cette collaboration avec le gouvernement socialiste dans la casse des droits des travailleurs est tout sauf une volte-face. Depuis le début des années 1980, les deux centrales syndicales ont contribué à faire passer huit contre-réformes du marché du travail, plusieurs vagues de privatisation, le plan de renflouement (Plan E) des banques et de l’industrie en 2008, et donc aujourd’hui le recul de l’âge de départ à la retraite à 67 ans.

Si l’UGT socialiste remplit sa fonction historique en collaborant à la casse du système de Sécurité sociale, le rôle joué par les CC.OO rentre en contradiction avec les raisons qui ont présidé à la naissance de cette centrale syndicale, dont le regretté dirigeant communiste Marcelino Camacho fut le fondateur.

Ainsi, ce nouveau pas dans la collaboration de classe a suscité la désapprobation du « secteur critique des CC.OO », aile-gauche de la confédération restée sur les positions historiques du syndicat. Le secteur critique a refusé de voter l’adoption par les CC.OO du projet gouvernemental dénonçant dans l’approbation de cette réforme non-nécessaire et inopportune un acte de soumission au patronat et au pouvoir, et plus largement à l’idéologie dominante

Consensus total dans les partis bourgeois, de la droite nationale aux nationalistes, face à la seule opposition des communistes

Pour faire passer son projet au Congrès, le gouvernement socialiste n’a pas peur de nouer des alliances douteuses. Ainsi, le PSOE s’est assuré de tout retournement de dernière minute du Parti populaire au Parlement en pactant avec les formations nationalistes de CiU (le parti nationaliste catalan), du Parti nationaliste basque (PNV) et de la Coalition des Canaries (CC) au prix d’ajustements mineurs aux textes.

Car le Parti populaire (PP – parti de la droite post-franquiste) a su habilement tenir un double discours sur la question du recul de l’âge à la retraite.

Devant les électeurs largement opposés à ce projet, il jouait la sa fibre sociale manifestant son opposition verbale au projet de loi promettant même un retour à 65 ans en cas de victoire de la droite aux prochaines élections.

Dans l’hémicycle comme dans les coulisses des négociations, le PP apportait son soutien sur le fond tout en désirant ne pas se griller face aux électeurs mécontents. Mariano Rajoy, leader du PP, a ainsi reconnu officiellement sur le ton de l’euphémisme que son parti « avait de bonnes dispositions » pour voter le projet et José Luis Zapatero a plus clairement affirmé que c’était une « bonne chose » que le PP ait apporté son soutien.

Seule formation parlementaire à porter une opposition au projet dans les institutions, Izquierda Unida (IU – formation à laquelle participent essentiellement les communistes qui compte sur seulement deux députés au Congrès après la déroute de 2008) a néanmoins participé au discours dominant sur la réforme nécessaire du système de retraites en jouant le rôle du « partenaire critique mais constructif » proposant ses mesures alternatives au gouvernement pour sauver le système.

C’est finalement du côté du Parti communiste espagnol (PCE) dont la voix est hélas étouffée par celle de la coalition IU, beaucoup plus timide et dont elle est pourtant la force motrice, que l’on retrouve à la fois l’analyse la plus complète et l’opposition la plus résolue au projet de loi :

« La politique du gouvernement de Zapatero de remise en cause des droits des travailleurs de ce pays continue. Se confirme sa soumission aux pouvoirs économiques laissant apparaître clairement une fois de plus que l’objectif des politiques du gouvernement PS consiste à récompenser les responsables de la crise et de punir ceux qui n’ont rien à voir dans les causes qui l’ont engendré. La nouvelle remise en cause du droit à la retraite ne vise en fait qu’à les diminuer, que ce soit leur montant que le nombre de personnes qui y auront droit, avec comme dessein de renforcer les systèmes privés de retraite afin de générer des profits plus importants encore pour les banques privés ».

Pour le PCE, cette mesure n’est pas seulement injuste mais c’est une véritable absurdité économique :

« Cette attitude politique est encore plus grave si on prend en compte le fait que plus de 900 000 jeunes de moins de 25 ans sont au chômage dans notre pays et que le président du Gouvernement même reconnaissait lui-même au Congrès quelques jours auparavant, que le chômage des jeunes en Espagne est structurel, ce qui veut dire qu’il condamne consciemment une grande partie de la population à ne pas recevoir une retraite répondant aux exigences d’un minimum de dignité ».

Le boulet de l’expérience Izquierda Unida pour la relance d’un projet communiste impulsant les luttes et leur donnant une perspective !

Les travailleurs espagnols manquent cruellement aujourd’hui non seulement d’une centrale syndicale sur des positions de classe mais aussi d’une organisation politique révolutionnaire, de classe et de masse, ce que fut historiquement le Parti communiste espagnol (PCE), capable de la remettre sur des positions de lutte de classe.

L’échec de l’expérience Izquierda Unida (IU) pèse lourd dans la situation d’échec dans laquelle se trouve la gauche de classe en Espagne, avec une hégémonie de la social-démocratie réformiste dans le champ syndical et politique (IU y compris) et une impuissance des forces révolutionnaires, des communistes, privées de toute action et de toute expression autonome hors d’une IU liée structurellement au PS.

Aux communistes, et aux syndicalistes de classe des CC.OO, de reconquérir leur autonomie !

Plus que jamais, dans un pays ravagé par le chômage et la pauvreté de masse, le peuple d’Espagne a besoin d’un PCE fort et combatif !

Messages

  • Avec la collaboration des syndicats réformistes et face à la seule opposition des communistes, le gouvernement socialiste espagnol fait passer l’âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans

    les militants de IU ne sont pas les seuls, et de loin, à s’opposer à cette agression contre les travailleurs.

    • L’article dit que IU est précisément lié au PSOE, et que les Communistes sont les seuls opposants, aux Cortes, c’est à dire au Parlement espagnol. Il ne s’agit ici pas de sectarisme.
      Aujourd’hui des sections régionales du PCE quittent IU (Gauche unitaire= coalition électorale avec les Verts) pour présenter leurs propres candidats.
      Pour ma part, je pense qu’il ne peut y avoir d’espérance de révolution socialiste sans rupture avec l’ Union Européenne.
      Si l’horizon du "réformisme" c’est la retraite à 67 ans avec plus de 20% de chômage, quelle différence avec la réaction ?
      A lire sur la lettre ouverte à Juan Carlos de Bourbon, de J. ORTIZ universitaire palois et fils de Guerrillero à propos des décisions royales et légales, de l’héritier de Franco, d’ennoblir des "personnalités" littéraires , sportives etc.
      L’Espagne n’a jamais quitté l’Ancien Régime, et la France y revient...

    • de Franco à sarko en passant par l’appareil de l’UE et aux appareils d’état nationaux c’est d’abord derrière la bourgeoisie qui est toujours en face.

      la frontière ne passe pas entre l’UE et les états-nations mais entre la bourgeoisie, ses appareils d’état (UE , Etats-nations, OTAN, etc) et la classe ouvrière, les organisations politiques qu’elles se donnent.

      Effectivement IU fut un terrible échec du dévoiement des révolutionnaires quand ils aspirent à l’unité sur des bases réformistes.

      La rupture est des fois nécessaire et l’indépendance de l’expression politique des révolutionnaires ne ressort pas d’un sectarisme, ni de tourner le dos à des aspirations unitaires d’une classe mais d’un impératif fondamental.

      les mêmes questions se posent ne France (entre le PC qui se dilue dans le FdG ou le NPA qui est tenté en permanence par des unités qui brouillent et font reculer).

      l’unité doit porter sur ce qui fait avancer les capacités d’organisation et de mobilisation des travailleurs, pas sur le terrain de l’adversaire.

      je suis persuadé qu’en partant de ce principe on peut reconstruire un mouvement puissant qui soit candidat au pouvoir (réel).

      Bonne chance

    • je relève une inexactitude si l UGT est bien un syndicat socialiste , les CCOO ( commissions ouvrières) ne sont pas un syndicat indépendant la quasi totalité de ses dirigeants appartiennent au PCE , alors si effectivement le PCE et IU affichent officiellement leur opposition au plan ZAPATERO qui ne concerne dailleurs pas que la retraite mais remet également en cause les indemnités de chomage et les remboursements des médicaments et des aides sociales diverses , on ne peut pas dire que seul les communistes s’opposent au plan du gouvernement .
      Le PCE est toujours en proie à des luttes internes , les plus réformistes dirigent les syndicats (comme pour la CGT EN FRANCE ) et restent à IU les autres quittent IU et essaient de reconstruire un PCE uni sur des bases plus révolutionnaires ;

      au total il n y a pas de vraie opposition en ESPAGNE la seule opposition c’est la droite du PARTI POPULAIRE qui reprendra le pouvoir aux prochaines élections pour appliquer une politique encore plus rigoureuse en suivant la route trAcée par le PSOE.

  • bon, très bien
    ZAPATERO est un socialo verreux

    J’espère que, ici, personne n’en doutait

    Je ne vois pas comment les espagnols ne vont pas manger du RAJOY d’ici peu

    la droite va être regonfler a bloc, et les électeurs socialistes préféreront sans doute se faire tout petit aux prochaines législatives

    Je ne vous parle même pas des prochaines municipales
    Ca va saigner dur