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Le krach boursier menace les retraites dans de nombreux pays.

Publie le vendredi 31 octobre 2008 par Open-Publishing
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Sandrine Prod’Homme, une Franco-Rwandaise de 32 ans, est partie travailler comme consultante il y a cinq ans à San Francisco. Comme la quasi-totalité des salariés aux Etats-Unis, elle cotise chaque mois pour sa retraite dans un fonds de pension privé. Elle a opté pour un plan "401-k", qui lui permet de décider où placer son épargne. Comme la plupart des Américains, elle a investi en Bourse, ce qui est plus risqué mais potentiellement plus rémunérateur. Mais depuis le début du krach boursier, elle voit son capital retraite fondre chaque mois davantage : " Depuis cet été, ça n’arrête pas. En huit mois, mon 401-k a perdu 40 %, c’est une catastrophe. "

Ils sont 51 millions d’Américains dans son cas à avoir vu disparaître en quelques mois des années d’économies. L’ampleur de la crise est telle que tous les fonds de pensions américains ont été touchés.
Selon le Congressional Budget Office (CBO), les fonds auraient perdu au total 2 000 milliards de dollars en quinze mois (20 % de leur valeur).

Les célèbres CalPERS et CalSTRS, dédiés au financement des retraites des fonctionnaires et professeurs de Californie, ont fondu de 26 % et 10 % depuis fin juin 2008.

" Je ne suis pas la plus à plaindre. J’ai trente ans pour me refaire, poursuit Sandrine Prod’Homme. Mais ceux qui voulaient prendre leur retraite dans cinq ou dix ans et ont laissé leurs sous en Bourse sont au plus mal. La plupart doivent reculer le moment du départ à la retraite. Certains prévoient de s’arrêter à 80 ans ! "

Avec la crise, c’est tout le système de retraites par capitalisation qui vacille. Aux Etats-Unis, la Sécurité sociale permet de toucher une pension mais le montant octroyé, correspondant en moyenne à 40 % du salaire, est souvent insuffisant et tous les Américains n’y ont pas droit. La quasi-totalité d’entre eux cotisent donc dans des fonds de pension. Soit dans des plans à "bénéfices garantis", où le salarié verse une cotisation à son entreprise qui s’engage à lui verser une retraite pour un montant fixé à l’avance (si l’entreprise ne peut le faire, le Pension Benefit Guaranty Corporation, un organisme d’Etat, prend le relais). Soit il décide de placer son capital à sa guise dans un fonds non garanti mais plus souple et souvent abondé par l’entreprise, comme les fameux "401-k", et reçoit à sa retraite le capital qu’il aura fait fructifier.

" Aujourd’hui la tempête financière dévoile les failles de tout le système ", conclut l’économiste Thomas Philippon, professeur à l’université de New York. Les plans garantis " mettent en difficultés les entreprises. General Motors en souffre dramatiquement aujourd’hui ", indique-t-il, car ce sont les sociétés qui doivent financer ces retraites alors que la crise met à mal leurs revenus. Tandis que les plans non garantis pénalisent les salariés. " Plus globalement, l’idée très en vogue jusqu’ici de financer les retraites uniquement par capitalisation est remise en question ", estime M. Philippon.

De fait, les Etats-Unis ne sont pas seuls dans la tourmente. Tous les pays qui ont opté pour un système équivalent, censé résoudre le casse-tête du financement des retraites par répartition menacé par le vieillissement de la population, sont concernés.

Au Chili, où le système a été privatisé dans les années 1980, les fonds de pension auraient perdu 20 % de leur valeur.

En Argentine, face à la déconfiture des fonds privés, l’Etat a même décidé de nationaliser le système et d’utiliser les 26 milliards de dollars gérés jusqu’ici par les fonds pour créer un régime public.

" Dans ces deux pays, le sujet des retraites est ultra-problématique, mais en Argentine sans doute plus qu’au Chili, commente Pierre de Beaulaincourt, économiste chez Natixis, car on ignore encore si le gouvernement a décidé de nationaliser les retraites pour protéger les épargnants ou pour faire main basse sur leurs capitaux. " La crise a en effet aussi mis à mal les finances de l’Etat argentin et celui-ci a déjà annoncé qu’il rapatrierait du Brésil 544 millions de dollars des fonds de pension pour renforcer le marché des capitaux intérieur.

En Europe, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède ou la Finlande sont aussi touchés. Mais c’est en Pologne, en Hongrie et en République tchèque que les difficultés sont les plus sérieuses. Là-bas, les systèmes ont été privatisés plus récemment, pour désendetter les Etats et suivre les recommandations des grandes organisations internationales (Fonds monétaire international, Organisation de coopération et de développement économiques). Et contrairement à ceux des pays nordiques ou anglo-saxons, ces fonds n’ont pas accumulé assez de capitaux pour résister à une crise aiguë et longue.

" Lorsque la Bourse montait, on a porté trop d’attention aux systèmes par capitalisation, les systèmes de retraites ont été individualisés. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi et les salariés risquent de se retrouver avec des retraites minables ", alerte Pierre Habbard, de la TUAC, la commission syndicale consultative de l’OCDE.

Consciente du problème, l’Organisation a lancé une consultation au sein des différents pays où existent des fonds de pension et publiera en décembre un bilan pour chiffrer l’ampleur des dégâts et "tirer les nombreuses leçons" de cette crise, assure un de ses représentants.

http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/10/29/le-krach-boursier-menace-les-retraites-dans-de-nombreux-pays_1112372_1101386.html

Messages

  • Qu’on pende tous ces salopards de Chicago boys propagateurs du désastre à travers les théories de Milton Friedman. Et ça continue voir l’ article de Joe Nocera l’éditorialiste économique du New York Times. Voir aussi la politique que souhaite continuer à mener ici l’agité et ses complices. Grève générale et virons les tous, banquiers et politiques et reprenons le contrôle de nos vies. Débarrassons nous de ces nuisibles ou nous allons tous crever.

  • CEUX QUI ONT CREE LA CRISE, EMPOCHENT :

    La subvention de Goldman Sachs ira dans la poche de ses cadres sup’

    Par Simon Duke,

    Daily Mail, le 30 octobre 2008

    article original : "Goldman Sachs ready to hand out £7bn salary and bonus package... after its £6bn bail-out"

    Goldman Sachs s’apprête à verser près de 12 milliards de dollars en salaires et en primes… après avoir touché sa subvention de 10 milliards de dollars

    Bien que cette société ait demandé au gouvernement américain une aide d’urgence – Goldman Sachs est sur le point de payer des bonus de plusieurs millions d’euros à ses cadres supérieurs.

    Il est ressorti hier que cette banque de Wall Street censée éprouver des difficultés a mis de côté près de 12 milliards de dollars [9 milliards d’euros] pour payer des salaires et des bonus de fin d’année.

    Chacun des 443 associés de cette banque est sur le point d’empocher un bonus de Noël moyen de plus de 3,8 millions d’euros.

    La dimension de cette cagnotte éclipse aisément la bouée de sauvetage de 10 milliards de dollars [7,6 milliards d’euros] que le gouvernement américain a lancée à Goldman dans son plan général de sauvetage de 700 milliards de dollars [environ 550 milliards d’euros].

    Alors que Washington déverse de l’argent dans cette banque, le cash sera immédiatement canalisé vers les employés de Goldman déjà pleins aux as.

    La nouvelle de la largesse de cette firme ravivera la colère contre la culture de "la prime à l’échec", endémique dans le monde de la haute finance.

    Ces mêmes banquiers qui ont mis l’économie mondiale à genou semblent empocher la même sorte de récompense que celle qu’ils ont obtenue pendant les années de croissance folle.

    Comme mesure d’accompagnement de son sauvetage de 500 milliards de livres [650 milliards d’euros] de l’industrie bancaire britannique, Gordon Brown a juré de sévir contre la culture de l’avidité qui règne dans la City. Mais cela n’affectera pas la centaine d’associés qui travaillent au siège londonien de Goldman Sachs.

    Cette firme – surnommée Goldman Sacks [Goldman "mise à sac"] pour les bonus record qu’elle verse à ses cadres supérieurs – devrait réduire ses dépenses d’un tiers cette année. Cependant, les bénéfices chutent beaucoup plus vite. Cette année, les profits ont jusqu’à présent plongé de 47% pour cent, en plein milieu de la pire crise financière depuis la Grande Dépression.

    Cela a effacé plus de 50 % de la valeur boursière de cette société.

    traduction : [JFG-QuestionsCritiques]

    http://questionscritiques.free.fr/edito/Goldman_Sachs_subventions_primes_301008.htm

    • Ecoeurant, tout simplement écoeurant, la crise profite forcément à certains, qu’il faut dénoncer sans aucun complexe pour prendre à témoin les citoyens, afin qu’ils fassent leurs choix politiques en connaissance de cause. Aucun citoyen ne doit ignorer ce genre de dérive financière, c’est trop grave pour ceux qui ont fabriqué ces richesses à la sueur de leur front et qui ont été détournées par une minorité voyouse, maffieuse.

      Les salariés français avaient bien raison de défendre le principe de la "retraite par répartition". On voit ce qu’il va en coûter à ceux qui ont préféré la "retraite par capitalisation" donc les fonds de pension, une drôle d’aberration quand le système capitaliste est déglingué comme ça lui arrive bien souvent. De quoi plonger les salariés dans un stress dangereux pour la santé. Il faut choisir.

    • J’aimerais vous prévenir que certains régimes complémentaires de nos retraites par répartition et au travers d’organismes comme par exemple ARCCO, ont eux aussi investis dans des opérations boursières pas forcément très net net !

      30 % des fonds auraient été ainsi financiarisés, ce sont leur chiffre ! Le Canard a fait un papier là dessus, et on peut leur faire confiance, c’est très rare qu’ils racontent des histoires à gallinacées !

    • Qui est habilité pour y aller voir de plus près et informer les salariés ?

      Si le Canard détient de telles informations c’est que l’info vient de quelqu’un bien placé au gouvernement. Max Gallo, lors d’une émission (Moati ?) disait que c’était une pratique courante de ministres qui quand ils voulaient faire des crocs en jambes à certains de leurs collègues du gouvernement divulgaient des infos d’importance. Lui-même en a usé. Pas beau ce genre de procédé, mais enfin si la politique était transparente aussi, il n’y aurait pas besoin de se rabaisser à ce point.

      C’est déplorable d’apprendre les choses par journal interposé. On dirait que les politiques sont restés à l’état d’enfant dans une cour de maternelle.

  • Ils ont bien joué avec les FRR,en perdant 3.5 milliards de notre sueur,ils s’arreteront quand on les arretera !momo11