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Le "mandat" d’Uribe Vélez mis en perspective

Publie le dimanche 2 juillet 2006 par Open-Publishing
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de Garry Leech Traduction : Numancia Martinez Poggi

A la suite de la victoire électorale d’Uribe Vélez la semaine passée avec 62% des voixs ses soutiens, ainsi que différents, analystes ont commencé à faire circuler les termes « mandat » et « vote de confiance ». S’il est vrai qu’Uribe Vélez a bien remporté l’élection de façon nette, ce qui n’a pas été relevé dans toutes ces célébrations -certains allant jusqu’à affirmer qu’il a à lui seul mis un terme au virage à gauche de l’ensemble de l’Amérique latine- c’est le fait qu’il a reçu le mandat le plus faible de tous les dirigeants sud-américains.

Seulement 45% des électeurs se sont donné la peine d’aller voter, donc les 62% qui ont voté pour Uribe Vélez ce sont en fait 27% des inscrits qui ont choisi de réélire le président du pays. Ces chiffes sont pâlichons comparés aux pourcentages des inscrits qui ont voté pour les candidats victorieux lors des récentes élections présidentielles en Amérique du sud.

Tandis que certains médias, comme le Christian Science Monitor, ont déclaré que les Colombiens « ont été heureux d’aller voter pour lui », la réalité c’est que c’est une petite minorité qui a effectivement voté pour Uribe Vélez. Le président colombien n’a remporté que 27% des inscrits, alors que les autres vainqueurs qui l’ont emporté au premier tour lors des élections de ces derniers mois ont obtenu des résultats nettement meilleurs. Par exemple, en Bolivie 42% des inscrits ont voté pour Evo Morales en 2005, et un an auparavant 46% des inscrits ont voté pour Tabaré Vázquez en Uruguay. Egalement en 2004, 42% des inscrits avaient voté pour le président Hugo Chávez lors du referendum révocatoire. Les chiffres sont du même ordre pour les élections qui ont nécessité un deuxième tour.

La victoire de Michele Bachelet en janvier 2006 a été obtenue par la mobilisation de 47% des inscrits en faveur de cette première femme présidente. Pour sa part Inácio Lula da Silva l’avait emporté en 2002 au Brésil avec 46% des inscrits. En fait, le seul candidat présidentiel à obtenir un pourcentage des inscrits aussi bas que celui d’Uribe Vélez, la semaine dernière, c’est lui-même quatre ans auparavant. En 2002 seulement 24% des inscrits avaient soutenu l’allié le plus sûr des Etats-Unis dans la région.

Malgré le fait que tous les présidents de centre-gauche ont été élus avec un soutien populaire nettement plus significatif que celui dont bénéficie Uribe Vélez, c’est comme si aux yeux de certains analystes la Colombie était le seul pays à disposer d’une démocratie fonctionnelle. Comme le notait le Insvestors Business Daily après la victoire d’Uribe Vélez, « la réélection d’Uribe Vélez en Colombie non seulement vient contrecarrer le rejet général des électeurs latino-américains vis-à-vis du libre-marché. Elle prouve également que la démocratie est vivante au sud de notre frontière ». Apparemment, aux yeux de la droite et aux yeux des capitalistes états-uniens, une élection -et par voie de conséquence un pays- ne peut être jugé démocratique lorsque leur candidat l’emporte. Et dans le cas de l’Amérique du sud, ce n’est que leur candidat de Colombie qui est considéré bénéficier d’un fort mandat électoral, alors que la plupart des présidents de centre-gauche de la région l’ont emporté avec 20% des inscrits de plus qu’Uribe Vélez.

Source Colombia Journal :

http://www.colombiajournal.org/colombia237.htm

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