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Le mouvement se durcit dans les raffineries.

Publie le mercredi 13 octobre 2010 par Open-Publishing
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Les grévistes dans les raffineries pourraient jouer un rôle central dans le mouvement social contre la réforme des retraites, avec un durcissement de leurs actions qui rend réel le risque de pénurie de carburant.

Huit des douze raffineries françaises, dont les six du groupe Total, étaient en grève mercredi, au lendemain d’une première journée nationale de grèves reconductibles.

"On va vers un durcissement du mouvement", a déclaré un responsable CGT du secteur des raffineries.

Tandis que le mouvement semble s’essouffler dans d’autres secteurs, il se renforce dans les raffineries, qui pourraient assumer le rôle joué par les transports publics en 1995.

La grève de ce secteur cette année-là, fortement médiatisée, avait été le symbole de la contestation contre le "plan Juppé" sur les retraites et la sécurité sociale. Ces grèves furent à l’époque les plus importantes en France depuis celles de mai 1968.

"Puisque le gouvernement ne veut pas nous écouter quand on est dans la rue, on va appuyer sur la partie économique. Avec les raffineries, on peut bloquer en deux jours l’alimentation en carburant de la France", a dit Yvon Scornet, responsable CGT à la raffinerie de Petit-Couronne (Seine-Maritime).

Six raffineries sont menacées d’arrêt total, et dans huit d’entre elles les expéditions à la sortie des usines sont bloquées. Elle ne peuvent ainsi ni être alimentées en pétrole brut, ni expédier des produits raffinés.

Les salariés de cinq raffineries ont entamé les opérations d’arrêt des installations de production et une sixième raffinerie pourrait suivre, dit-on de source syndicale.

À cela s’ajoute la grève des terminaux pétroliers de Fos-Lavera, près de Marseille, entrée mercredi dans son 17ème jour et qui prive plusieurs raffineries d’approvisionnement en brut.

Ce mouvement menace à court terme l’approvisionnement en carburant du sud-est de la France. "Avant la fin de la semaine, il n’y aura plus d’essence dans les stations-service (du sud-est), c’est une certitude", a dit à Reuters Laurent Mathieu, délégué CGT à la raffinerie Ineos de Lavera.

Le mouvement s’étend à toute la branche pétrole. Les salariés des exploitations de produits pétroliers du Havre, qui alimentent quatre raffineries du bassin parisien, ont ainsi voté mercredi à 100 % la grève reconductible, annonce la CGT.

La France possède 160 dépôts pour alimenter les stations-service. Une poignée de ces dépôts, dont l’approvisonnement est menacé, étaient bloqués mercredi et les syndicats disent ne pas savoir si le mouvement pourra s’étendre.

L’Union française des industries pétrolière (Ufip) a affirmé lundi qu’il n’y aurait pas de rupture d’approvisionnement dans les stations-service en France pendant encore "une bonne semaine". L’Ufip n’a cependant pas précisé à combien serait ramené ce délai en cas de grève de plusieurs jours dans les raffineries.

En cas de difficultés prolongées, la France pourrait s’approvisionner auprès des stocks stratégiques à la demande du gouvernement et après accord de l’Agence internationale de l’énergie.

Ces stocks représentent trois mois de consommation et sont composés à environ 60 % de produits raffinés et 40 % de brut. Ils ont été utilisés pour la dernière fois en 2005 pour faire face à la désorganisation des circuits d’approvisionnement des pays de l’OCDE après le passage de l’ouragan Katrina aux États-Unis. L’utilisation de ces stocks n’a pour l’instant été évoquée ni par le gouvernement, ni par l’Ufip.

http://www.lepoint.fr/economie/retraites-le-mouvement-se-durcit-dans-les-raffineries-13-10-2010-1248656_28.php

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