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Le parquet de Gênes a remis un rapport sur les violences durant le G8 de 2001

Publie le dimanche 13 mars 2005 par Open-Publishing

Un rapport présenté, samedi 12 mars, par le parquet de Gênes accuse quarante-sept policiers, médecins, carabiniers et membres de l’administration pénitentiaire italienne de multiples atteintes aux droits de l’Homme contre des manifestants lors du sommet du G8 en Italie en juillet 2001.

Ce dossier circonstancié de près de 500 pages cite notamment des cas de menaces de viol, de manifestants frappés, contraints à rester nus, à prendre des postures humiliantes ou auxquels on a coupé les cheveux. Les sévices ont été commis dans une caserne proche de Gênes où étaient réunis les chefs d’Etats de pays les plus industrialisés et de la Russie. 255 manifestants y avaient été conduits après avoir interpellés en marge des manifestations, en particulier une centaine de personnes raflées dans la nuit du 21 au 22 juillet dans une école abritant des militants anti-G8.

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"Coups, injures, humiliations" ont été leur lot à tous, ont souligné les deux juges, Patrizia Petruzziello et Vittorio Ranieri, auteurs du rapport, déposé samedi en prélude à un procès. Décrite comme une véritable "zone de non-droit", l’infirmerie de la caserne a été également le théâtre de traitements vexatoires. De nombreuses femmes ont par exemple été obligées de se déshabiller et de rester nues en présence d’agents masculins.

"Des pages sombres dans les relations entre les forces de l’ordre et des citoyens italiens et étrangers ont été écrites durant ces journées à Bolzaneto, entachées de comportements graves qui même s’ils devaient être prescrits, pourront de toutes façons être difficilement oubliés", concluent les juges.

Quinze dirigeants et agents de police sont poursuivis, dont le vice-préfet de police de Gênes de l’époque Alessandro Perugini et la commissaire principale Anna Poggi. Seize membres de l’administration pénitentiaire ont aussi été mis en examen, dont deux généraux Claudio Ricci et Alfonso Mattiello, ainsi qu’Oronzo Doria, qui avait alors le grade de colonel et trois ex-capitaines. Onze carabiniers et cinq médecins, dont trois femmes, sont également poursuivis.

Tous sont accusés d’abus de violence privée, faux, violation de la législation pénitentiaire et de la convention sur la défense des droits de l’Homme.

Ils ont échappé à l’accusation de torture uniquement parce que les juges ont pris en considération le passage relativement bref des manifestants - moins de deux jours - entre les mains de leurs geôliers. 150 personnes se sont constituées partie civile.

Les manifestations contre le G8 (Etats-Unis, Canada, Japon, France, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, plus la Russie) avaient dégénéré, causant la mort d’un manifestant et faisant des centaines de blessés ainsi que des dégâts matériels.

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