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Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !
Publie le jeudi 3 février 2005 par Open-Publishing16 commentaires
Pour une véritable évaluation de l’orthographe et de la grammaire : analyse
En quatre ans, le nombre d’élèves de seconde
qui ne maîtrisent pas l’orthographe de base a doublé.
56% d’entre eux auraient zéro à la dictée du brevet de 1988.
Les évaluations ministérielles : l’art du trompe-l’œil
Au début des années 2000, comme la plupart de nos collègues, nous nous sommes vite lassés, à Sauver les Lettres, des " livrets d’évaluations ". Rituels de rentrée aussi encombrants et onéreux qu’inefficaces, on les jetait au panier après les avoir fait remplir par les élèves et après avoir bourré de chiffres des logiciels abscons et inutilisables. Leur litanie d’innombrables " items " aurait dû pourtant nous faire tout connaître des élèves : leurs compétences, leurs savoir-faire, leurs savoir-être. Hélas, il ne nous manquait que l’essentiel, pour savoir par où commencer notre enseignement : leur niveau d’expression et d’orthographe.
Nous étions un certain nombre à pratiquer, depuis quelques années, un petit test simple, efficace, mais qui avait le tort, pour les idéologues de la DEP [1], de donner, de façon trop visible, une photo réelle de l’état des lieux. Il suffisait de proposer aux élèves, dont on attend qu’ils n’arrivent au lycée que s’ils maîtrisent les acquis du collège, une dictée et des questions de brevet. En une heure, on est vite fixé ; on sait immédiatement qui possède ses temps et ses modes, ses conjugaisons et ses règles d’accord, et qui comprend ce qu’il lit. On sait alors, dès la seconde semaine, par où commencer, et avec qui. Et en plus ça ne coûte qu’une heure de cours, en économisant des tonnes de papier, de frais d’imprimerie, de transports, et de déchetterie occasionnés par les défunts - paix à leur âme - livrets d’évaluation.
En 2000, sous le ministère Allègre, l’institution niait farouchement tout dégât issu de la massification [2], et pour, alléger encore les programmes et les horaires dans les matières fondamentales, s’attachait au contraire à montrer, par le genre d’évaluation bidon que nous avons décrite plus haut, que tout baignait, et que " le niveau monte ", pour reprendre le titre célèbre d’un précédent ouvrage d’Hervé Hamon. Sauver les Lettres a alors eu l’idée de généraliser et de systématiser les petits tests individuels que pratiquaient un certain nombre de collègues, en proposant à tous la même dictée, celle du brevet 1988, et en y appliquant les barèmes encore en vigueur en 1999, juste avant qu’on s’aperçoive, au ministère, que si l’on voulait continuer à prouver que le niveau montait, il fallait baisser le niveau d’exigence et changer les barèmes.
En même temps, l’écart entre la propagande officielle et la réalité, entre l’avenir radieux de l’école et son sombre présent devenait trop criant. Car l’orthographe a ce défaut : c’est une discipline que tout parent a pratiqué dans sa jeunesse avec une certaine constance. Il devenait donc de plus en plus difficile, au moins dans ce domaine, de faire prendre à cette catégorie de personnes, qui se trouve être aussi des électeurs, les vessies pédagogistes pour des lanternes. De plus, les adultes des générations précédentes sont plutôt fiers du niveau de langue que leur a donné l’école, à quelque niveau qu’ils l’aient quittée. Le mécontentement grondait donc, à voir la manière dont on négligeait l’instruction de leurs enfants, dans des domaines sur lesquels ils pouvaient juger l’efficacité de l’école : l’arithmétique et la langue.
La contre expertise de Sauver Les Lettres
Sauver les Lettres, d’ailleurs, peut s’enorgueillir d’avoir contribué à miner le moral de la population, et la confiance qu’elle portait à ses chefs en matière d’éducation, et provoqué l’ire des partisans de la pédagogie de l’émerveillement, soutenus par les pouvoirs publics, en venant conforter, par son tapage, l’inquiétude des parents.
En juin 2000, le collectif révèle le scandale de la dictée du nouveau Brevet 2000, qui fit la une du Monde : un texte de 63 mots, alors que jusqu’en 1999, le texte de dictée n’en comptait jamais moins de 150, et comportait davantage de difficultés, sans pour autant constituer, loin de là, un répertoire des difficultés de la langue française. Mais le pire était dans le barème de la notation, qui sans nul doute allait permettre de montrer combien le niveau montait : " On attribuera 1/2 point pour la graphie correcte des mots suivants : Mais, à, aimait, ces, la marque du pluriel dans enfants, dignes, pitié, tous, sont, orphelins, gîte, était, parce qu’. On enlèvera un maximum de 2 points pour d’autres fautes commises, à raison d’1/2 point par faute". Bref, il suffisait d’écrire correctement 13 mots sur 65 - un mot sur cinq - pour être champion d’orthographe.
L’enquête effectuée par Sauver les Lettres à la rentrée 2000 confirma qu’on ne pouvait guère demander plus à une grande partie des élèves de fin de troisième. A notre demande, un certain nombre de professeurs avaient donné à leurs élèves de seconde une même dictée afin d’évaluer leur maîtrise de l’orthographe. Cette opération avait été menée auprès de cinquante six classes de seconde (soit 1724 élèves), dans des lycées géographiquement et socialement assez variés pour constituer un échantillon représentatif (lycées de banlieue, de centre-ville, de province ...). Nous avions choisi un court texte d’Alphonse Daudet, extrait des Contes du lundi, donné au Brevet des Collèges en 1988. Nous avons utilisé le barème en usage au brevet jusqu’en 1999, comme dans les classes de collèges. La moyenne générale était de 5,58 / 20. Seuls 29,77 % des élèves avaient obtenu la moyenne, 9,27 % atteignaient ou dépassaient 15/20, près de 28% avaient obtenu 0/20. Le résultat confirmait donc nos alarmes :
– plus d’un quart des élèves entrant à quinze ou seize ans au lycée, après dix ans d’école, obtenaient zéro : ils ne possédaient pas les bases de l’orthographe courante.
– sept élèves sur dix n’obtenaient pas la moyenne ; seuls trois élèves sur dix démontraient une maîtrise au moins moyenne de l’orthographe de leur langue.
– la moitié des élèves avait moins de 5/20 ; un élève sur deux, il y a quatre ans, était donc incapable de rédiger un texte simple sans qu’il soit truffé de fautes courantes. (détail et analyse : http://www.sauv.net/fx010107.htm )
Le ministère réagit .... en paroles
Dès novembre 2000, les autorités se mobilisent : notre ministre de l’époque, J. Lang, lance dans Le Monde un appel aux accents quasiment gaulliens : " ...avant toute chose, la connaissance et la maîtrise parfaite de la langue nationale. La plus grande injustice, la plus grande souffrance, c’est quand un jeune est privé du droit de voyager dans sa propre langue. Je ferai l’impossible pour gagner la bataille de la lecture et de l’écriture. " Le discours officiel a donc changé, mais les années passent sans qu’aucune amélioration soit sensible.
En 2002, à nouveau, J. Lang, tire la sonnette d’alarme, dans un plaidoyer pro domo vibrant d’inquiétude et d’émotion, tout en rendant hommage aux programmes qu’il a mis en place, et qui n’ont toujours pas permis de " gagner la bataille de la lecture et de l’écriture " : " Un fait inacceptable entache la grande réussite de l’école française et de ses maîtres : 10 % d’enfants entrent au collège sans savoir ni lire ni écrire correctement. D’où notre volonté d’agir dès le plus jeune âge. De cette conviction absolue - la langue, d’abord la langue - découlent les nouveaux programmes. Place à un horaire spécial pour la grammaire, elle-même recentrée sur la relation entre le verbe et son sujet et entre le verbe et les compléments. Place au retour de l’orthographe reposant sur l’intelligence de la syntaxe et du lexique. Place à la connaissance exigeante des conjugaisons et à la découverte du vocabulaire. " (Le Monde du 3 septembre 2002).
On allait donc voir ce qu’on allait voir, et la barre serait bientôt redressée : l’orthographe n’était pas encore sacrée " grande cause nationale ", il n’y avait pas encore de journée de l’orthographe sinistrée, mais c’était tout comme.
Et comme toute grande cause nationale, l’orthographe réunit dans un même élan de solidarité, la droite et la gauche. Et le nouveau ministre, Luc Ferry - d’ailleurs en charge des programmes sous son prédécesseur - déclare, au début de sa Lettre à ceux qui aiment l’école, en se fondant sur un rapport de " Claude Thélot, l’un de nos meilleurs spécialistes du système scolaire : (...) en ce qui concerne la maîtrise de la langue proprement dite, et notamment celle de l’orthographe et de la grammaire, l’enquête ne laisse aucun doute : les élèves d’aujourd’hui ont commis, en moyenne, sur les dictées proposées, environ deux fois et demie plus de fautes que ceux des années 1920... ". Et plus loin, dans le même ouvrage : " Les difficultés en lecture et en écriture sont à la racine de la plupart des échecs dans l’enseignement primaire et secondaire ; elles handicapent lourdement l’insertion sociale et professionnelle des adultes qui n’ont pu les surmonter. Ce n’est donc nullement le hasard qui me fait placer ce chantier en tête des actions mises en oeuvre par mon ministère." Enfin, il affirme, dans Le Point du 25/01/02 : " Quant à la dictée, c’est un outil indispensable non seulement d’évaluation, mais aussi de formation. "
En 2004, moins de la moitié des lycéens maîtrise l’orthographe de base
Mais quel est, dans les faits, le résultat de cette mobilisation unanime et nationale ? Sauver les lettres a voulu évaluer le parcours accompli depuis quatre ans, en donnant aux élèves entrant en seconde le même test, la même dictée du brevet de 1988, avec le même barème : nous constations naguère qu’un quart des jeunes gens de 15 ans avaient zéro à une dictée de brevet, et ne possédaient donc pas l’orthographe de base : ils sont maintenant 56,4%. En quatre ans, le nombre d’adolescents incapables d’écrire leur langue a donc doublé.
Notre enquête se fonde pourtant sur des données élargies : ce ne sont pas 1700, mais 2300 dictées que nous avons évaluées, soit un tiers de plus qu’en 2000. Voici les chiffres :
2000
2004
Variation
Nombre total de copies
1724
2298
copies ayant obtenu 15 et plus
143
9,27 %
138
6,01 %
-3,26%
entre 10 et 14,5
20, 1
274
11,92 %
entre 5 et 9,5
330
21,40 %
294
12,79 %
- 9%
entre 0,5 et 4,5
322
20,88 %
296
12,88 %
- 8%
ayant obtenu 0
431
27,95 %
1296
56,40 %
+ 28%
supérieures ou égales à 10
29,77 %
17,93%
- 11,84%
inférieures à 10
70,23 %
82,07%
+ 11,84%
Ce tableau est assez éloquent, et montre que non seulement la mesure des dégâts n’a pas été prise, mais que rien n’a été fait pour les réduire.
Près de 46% - soit pratiquement la moitié des élèves - font plus de quinze fautes par dictée, et près de 30% en font plus de vingt. La dictée comportant moins de dix lignes, cela signifie qu’un élève de seconde sur trois, en France, est incapable d’écrire sans faire moins de deux fautes par ligne. En résumé, s’il n’y avait qu’un quart d’élèves de seconde totalement dysorthographiques il y a quatre ans, ils constituent maintenant une grosse majorité des élèves de lycée.
Comment expliquer cette dégringolade vertigineuse, d’un système scolaire que nous enviait le monde entier ? L’école primaire et le collège fabriquent deux fois plus d’illettrés qu’il y a quatre ans ; malgré dix ans de scolarité, plus de la moitié d’une classe d’âge sera incapable d’écrire une lettre, ou un courriel, sans rougir, à moins que, paralysé par la honte de faire des fautes, ils ne s’adressent à un écrivain public. Triste régression, mais régression politique, aussi : car ces statistiques ne réjouiront que les imbéciles qui voient, dans l’illusion de sortir de la " Galaxie Gutenberg ", un progrès vers l’égalité, au prétexte que l’écrit ne serait plus un facteur discriminant socialement. Folle illusion, car ce n’est guère qu’à l’école, qu’on peut mal lire et mal écrire sans être pointé du doigt. Ils étaient 30%, il y a quatre ans, à pouvoir prétendre profiter de l’égalité des chances intellectuelles et sociales ; ils étaient 30% qui, grâce à leurs bases solides pouvaient prétendre à des études exigeantes et qualifiantes, qui, quelle que soit leur origine sociale, allaient leur donner la possibilité de faire échec au déterminisme social. Ils ne sont même plus 18%. Nous sommes revenus à l’ancien régime : l’écrit n’a pas perdu son pouvoir ; on peut même dire l’inverse : plus il est l’apanage d’un petit nombre de personnes, plus il donne à ceux qui le possèdent un pouvoir exorbitant sur les autres. C’était l’instrument de la liberté, c’est redevenu le signe d’un privilège.
On nous objecte souvent, pour réfuter nos analyses alarmistes, que l’orthographe française est la plus complexe du monde et la plus arbitraire qui soit, qu’elle est la seule qui exige qu’on écrive magasin et magazine, chariot et charrette ; le législateur, périodiquement, simplifie ces graphies arbitraires, sans que l’usage suive, car il s’agit au fond de signes culturels et sociaux, dont l’usage ne peut s’abolir par décret. Mais plus de 80% des fautes commises par les élèves dans ces dictées ne sont pas de cet ordre : ce sont des fautes d’accord et de conjugaison.
L’orthographe grammaticale, c’est la faculté de comprendre le monde, et d’agir sui lui.
Leur dysorthographie n’est donc pas le signe d’une absence de soumission servile à des usages arbitraires et " fascistes ", pour reprendre l’épithète malheureuse - et mal comprise - de Barthes à propos de la langue, et si galvaudée par les pédagogistes. Ces fautes sont le symptôme d’un mal beaucoup plus grave : tous ces élèves qui ne connaissent ni ne respectent les règles d’accord et de conjugaison, se montrent incapables de mettre en relation, dans un processus logique, une représentation mentale et des signes, une idée, et des lettres. Bien plus l’incapacité d’accorder ce qui précède avec ce qui suit témoigne d’une véritable infirmité logique : quelle appréhension, quelle compréhension du monde peut avoir un être qui isole chaque perception, sans la mettre en relation, dans un processus consécutif, avec ce qui précède et ce qui suit ?
L’orthographe sinistrée est donc un symptôme - en même temps qu’un dommage collatéral - de cette infirmité logique et, plus généralement, de tout le décervelage dont ont été victimes la plupart des disciplines depuis l’application des nouveaux programmes de 2000, à commencer par le français. En témoigne la globalisation progressive de l’approche de l’écrit, qu’on peut suivre depuis le CP. Après avoir abandonné la lecture syllabique (premier apprentissage de la mise en relation et de l’articulation logique [3]), on a abandonné la grammaire de mot, puis de phrase, au profit de la " grammaire de texte ", pour aboutir, au bac, à l’étude d’un " corpus ", ensemble de trois ou quatre textes, que les élèves doivent globalement appréhender en une heure trente.
Tout se passe comme si, tout en mutilant progressivement les élèves dans leurs aptitudes analytiques, on s’efforçait de gommer cette mutilation en proposant à leur regard des ensembles de plus en plus vastes, qu’ils doivent se contenter de vaguement balayer. Comment s’étonner après cela que quatre élèves de seconde sur cinq ne maîtrisent pas l’orthographe grammaticale, donc la grammaire, structure de la langue ?
Cette analyse est d’ailleurs confirmée par celle des réponses aux questions de grammaire que nous avons posées à la suite de la dictée. En effet, les fautes d’orthographe grammaticale s’expliquent par l’ignorance généralisée de la fonction des mots : 95,24 % des élèves ne savent reconnaître ni un attribut (" l’on est étonné de voir "), ni un complément de nom ( " les gens d’ici "), ni même une épithète ( " son double côté marin et pastoral "). Près de 80% ignorent les règles d’accord avec ou sans l’auxiliaire avoir.
Mais cette ignorance, qu’un apprentissage suffisamment précoce et systématique suffirait aisément à annuler - pour le plus grand plaisir des élèves, qui manifestent, à quelque âge qu’on l’aborde, un réel intérêt pour l’analyse grammaticale - se creuse d’un manque de compréhension de la logique de l’énoncé : l’ignorance de la distinction entre proposition principale et subordonnée relative ou conjonctive ( environ 84%), celle de la fonction de ces dernières (93%), et de leur hiérarchisation logique, maintient les élèves dans un brouillard conceptuel qui se retrouve dans leur difficulté à comprendre ce qu’ils lisent. L’architecture des temps (plus de 50%), l’activité ou la passivité du sujet ( 80%) ne sont plus à la disposition de leurs esprits pour structurer leur pensée, appréhender le monde, et le dire.
L’écroulement s’est effectué à une rapidité alarmante, puisqu’il y a quatre ans, un élève sur trois obtenait encore, en orthographe, une note supérieure à la moyenne. Cette chute vertigineuse et précipitée du nombre d’élèves maîtrisant l’orthographe, ne peut pas ne pas incriminer les conditions désastreuses dans lesquelles s’est effectuée la massification : on a ouvert les vannes sans se soucier d’aménager les structures, pour accueillir ces flots d’élèves peu préparés. Loin de tirer les plus faibles vers le haut, elle a fait sombrer les autres : ils étaient 10% à faire moins de cinq fautes en dix lignes ; ils ne sont plus que 3%.
Le naufrage de l’instruction publique embarrasse-t-il vraiment les pouvoirs publics ?
Monsieur Fillon, comme ses prédécesseurs, tape du poing sur la table en disant qu’il faut revenir aux " fondamentaux ", qu’il faut faire des dictées. Mais il ne change pas les structures, pour permettre d’imposer effectivement le redoublement de ceux qui ne maîtrisent pas la lecture et l’écriture dès la fin de CP. Il introduit dans les " fondamentaux " des gadgets comme l’informatique et une langue étrangère de " communication ", dont l’apprentissage est inutile si l’on ne possède pas les bases de sa propre langue. Et ce faisant, il continue, malgré ses dénégations, à aggraver la situation : car la journée de l’élève n’étant pas extensible, il faudra bien pour enseigner ces nouveaux " fondamentaux " retirer des heures aux autres disciplines. De même, au collège, il ne revient pas sur l’amputation que subissent, réforme après réforme, les horaires de français, au profit d’animations pédagogiques aussi contestées que les " itinéraires de découverte ".
En attendant, les parents qui en ont les moyens affluent vers les écoles privées. Cela devrait ravir M. Dutreil, ministre de la fonction publique qui déclarait récemment [4] : " Le problème que nous avons en France, c’est que les gens sont contents du service public. L’hôpital fonctionne bien, l’école fonctionne bien, la police fonctionne bien ".
Qu’il se rassure : M. Fillon contribue, avec la même ardeur que ses prédécesseurs, à résoudre le " problème ".
Robert Wainer
1. Direction de l’évaluation et de la prospective, que dirigea M. Thélot de 1990 à 1997 au ministère de l’Éducation. De janvier 2001 à février 2003, il fut président du Haut conseil de l’évaluation de l’école.
2. Grâce à l’habileté des services de M Thélot, ou aux raisonnements comme celui de M. Forestier, directeur de cabinet de C. Allègre : quatre pages de graphiques pour expliquer qu’il fallait supprimer les redoublements, qui ne servaient à rien, puisque les élèves qui redoublaient étaient davantage en échec que ceux qui ne redoublaient pas... ce qui constitue soit une lapalissade, soit une inversion des causes et des conséquences.
3. Voir les analyses de M. Le Bris dans Et vos enfants ne sauront ni lire... ni compter, Stock (2002)
4. R. Dutreil, devant les membres de la fondation "Concorde ", rapporté par Charlie Hebdo du 27 octobre 2004.
(12/2004)
Messages
1. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 3 février 2005, 18:01
Normalement, Sauvez les lettres ne devrait pas tarder à se faire traiter.
Si, Mdame, sur la vie du prophète, y m’a traité.
Traiter, donc, de réactionnaire (version SUD) ou d’élitiste(version SGEN-CFDT ou SE-UNSA, syndicats qui furent favorables aux allègres diffamations).
1. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 3 février 2005, 18:16
Ca, hélas, c’est vrai : je suis professeur des écoles ...
on se fait facilement traiter de "réac"
si on essaye de faire apprendre par coeur aux élèves les règles
de conjugaison ou les accords de grammaire.
Heureusement, on se fait traiter de réac par des gens biens :
inspecteurs, "formateurs" iufm, syndicalistes du SGEN CFDT-de l’UNSA-et parfois du SNUIPP,
collègues zélés, parents fatigués, journalistes spécialisés en éducation, ...
C’est bizarre, on en est toute fière, de cette insulte... !
Valérie
2. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 3 février 2005, 18:24
Nous parlions avec mes collègues de travail du niveau scoliare des enfants :
Les exemples sont catastrophiques selon l’expérience des parents :
- Le premier homme à marcher sur la lune ? Lance Amstrong (??)
- Il y’a des dauphins au texas mais impossibilité de dire où se trouve le texas.
- Les premières croisades datent des années 1400 et suivantes.
Il est plus facile de savoir combien coute une paire de Nike, un pull Puma, des chaussettes Lacoste, que de connaitre la vie de Robespierre. Voltaire ? Pfff !!! La star ak(tchoum) poursuit inlassablement son lavage de cerveaux dans une banalité et une indifférence épouvantable ( que veux-tu qu’on y fasse ??, la phrase fétiche de ce pays en perdition totale dans la marée opulente du capitalisme triomphant).
1. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 3 février 2005, 18:38
Je suis d’accord avec vous sur le déclin de la connaissance dans le pays, lié au capitalisme triomphant.
Mais ce n’est pas propre à notre pays, c’est une situation commune à tous les pays dits riches : sous une économie capitaliste, de la meme manière partout, on doit assurer des débouchés à la production. Or pour vendre une production marchande dont l’utilité est de plus en plus contestable, il faut une demande, des clients, de plus en plus abrutis, de moins en moins critiques, de moins en moins logiques.
Ces clients seront également des salariés influençables et vulnérables.
C’est en ceci que les illusions pédagogistes, mises en application, constituent le fer de lance d’un véritable combat conservateur, sous couvert de modernité.
2. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 5 février 2005, 06:45
Confondre un pédaleur de l’une avec un trompettiste de l’autre : ça mériterait la restauration du beau nez d’Anne !
3. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 11 février 2005, 19:14
Avant d’évoquer le niveau scolaire des élèves, il serait souhaitable d’écrire votre commentaire sans faute d’orthographe (ex : Texas sans majuscule plus 4 autres fautes !), surtout en réponse à l’article de Sauvez les lettres qui présuppose que la maîtrise de l’orthographe est la base de l’enseignement.
3. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 3 février 2005, 18:32
Sauvez les lettres a un mérite, c’est de mettre en pleine lumière les responsabilités des syndicats dominants de l’Eduaction nationale, qui n’en peuvent plus de glorifier les taux de réussite au bac, de 80 % et plus, sans le mettre en relation avec les taux d’échec dans les premiers cycles universitaires.
Le problème majeur de ces syndicats sur la question de la transmission des savoirs est qu’ils ne sont plus crédibles aux yeux de la population.
4. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 3 février 2005, 19:18
HISTOIRE VRAIE :
J’étais professeur stagiaire à l’IUFM de Paris en 2003-2004 :
j’ai découvert avec stupeur que les "formateurs iufm" demandaient aux instituteurs stagiaires
d’aider les élèves de maternelle à décrypter le programme de télévision. Avant même de savoir lire, ils sauront annoncer à leur maman, le programme du soir :quelle émotion, quelle fierté ;
Et quel brio pédagogique !
1. > >Vive l’école de grand papa !!!!!, 3 février 2005, 20:32
A bas le pédagogisme !!!!
Vive l’école de grand Papa, celle qui (c’est bien connu) émancipait à tour de bras.... De la génértation post-Ferry de 14-18 s’en allant docilement défendre la sainte patrie dans les tranchées de Verdun à la majorité silencieuse (et là aussi éduquer dans les écoles de la République) approuvant passivement le pétainisme....
L’école reste émancipatrice à ses marges, à la condition que les enseignants prennent en compte son caractère profondément inégalitaire.... Sur ce chemin les enseignants de "Sauvons les lettres" préfèrent la lecture de luc Ferry à celles de Bourdieu, Illich, Freinet.... A chacun ses références.
Bon courage
Elnor
2. > Vive l’école de grand papa !!!!!, 3 février 2005, 20:58
Pour un grand nombre de petits bourgeois devenus enseignants, l’école avait bien plus d’attrait quand elle ne s’ouvrait pas aux "gueux"..... On pouvait y parler Culture entre nous.....
L’arrivée des gamins des classes populaires dans le secondaire a changé la donne... On est obligé de faire autrement : montrer du doigt les limites de l’institution, lutter contre cette société inique, innover pédagogiquement..... Bref choisir son camp.
Un professeur travaillant en ZEP
3. > Vive l’école de grand papa !!!!!, 4 février 2005, 17:11
Réponse à Elnor, et à la contribution suivante :
Comme prévu dès le prmier commentaire de ce forum sur la pédagogie, le Collectif "Sauver les lettres" doit faire face à l’insulte : il ne saurait etre "réactionnaire".
Je dois donc fournir ces précisions utiles, pour écarter toute suspicion :
Je suis enseignant,
Je ne suis pas membre de ce collectif, et pas du tout nostalgique de l’école de la troisième république ou de Vichy.
Je ne suis pas issu d’une famille bourgoise, et je ne me suis pas embourgoisé avec 1700 euros par mois. J’ai rejeté le livre de Ferry et, comme des centaines de milliers de personnes, j’ai lu Bourdieu...
J’enseigne en ZEP, moi aussi.
Je considère que le problème reste entier malgré les insultes : pourquoi une majorité d’élèves qui atteignent le lycée aujourd’hui ne maitrisent ni la langue française de base, ni la logique la plus élémentaire ?
Au lieu de postuler que seuls "les bourgeois" sont attachés à la qualité de l’enseignement -postulat qui ne résoudrait rien même si par extraordinaire il se révélait fondé- n’est-il pas temps d’analyser le problème posé ?
Un professeur du secondaire.
4. > Vive l’école de grand papa !!!!!, 10 février 2005, 17:48
"on est obligé de faire (sic) autrement".
En effet.
Tu t’exprimes comme un chef de rayon.
5. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 4 février 2005, 00:30
Je peux me vanter d’avoir une certaine maîtrise de la langue française, une orthographe irréprochable (souvent ;)...
...parce que j’ai LU, beaucoup de livres, depuis que j’ai su lire !
Je ne connais pas spécialement les règles de grammaire/orthographe, mais quand quelque chose est mal écrit, cela "choque" mon oeil, et j’ai assimilé empiriquement si l’on peut dire la logique de la langue.
C’est très utile lorsqu’on apprend une autre langue...ou qu’on a envie d’apprécier pleinement un texte.
Alors, au lieu de les expédier dans une école privée pour avoir la conscience tranquille (désolée j’ai une dent !), donnez à vos enfants ou élèves le goût de la lecture. Bon j’imagine que parfois ce n’est pas évident...
Passez du temps avec vos enfants, expliquez leur la richesse de la langue, tant qu’ils sont jeunes et réceptifs.
Et, pourquoi pas, apprenez leur à lire (je remercie encore ma grand mère de l’avoir fait !)
ARIA
6. > Le pédagogisme a produit une Ecole où l’on n’apprend presque plus rien !, 5 février 2005, 06:48
Cé koi, le pédagogisme ?
7. A ceux qui, la tête bien enfouie dans le sable, osent parler de l’Ecole de grand papa, 8 février 2005, 16:07
La guerre de 1914-18 et le pétainisme ont des causes : elles s’appellent :
1. capitalisme industriel et impérialismes en découlant du fait des ruptures de débouchés commerciaux pour la première
2. montée des idéologies fascistes consécutives dans une très large mesure à la crise économique des années 1930 avec ses armées de chômeurs non-indemnisés pour le second.
Si vraiment certains ont freinetiquement envie d’accuser "l’école de grand papa", de la rendre reponsable de ces catastrophes, pourquoi ne pas tenter, même si la tâche est rude, au regard des mécanismes historiques, de le faire avec plus de finesse ?
Une fois qu’il l’auront fait, ils pourront peut-être s’exprimer sur ce qui les gêne aux entournures :
ce que mettent en évidence les dictées de Sauvez les lettres.
1. > A ceux qui, la tête bien enfouie dans le sable, osent parler de l’Ecole de grand papa, 10 février 2005, 07:53
A chaque époque son bouc émissaire.Ça permet de camoufler les vraies raisons d’une crise en train de s’amplifier. Dangereusement.