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Le plan emploi seniors : l’exploitation jusqu’à la tombe

Publie le mercredi 2 août 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Le plan emploi seniors : l’exploitation jusqu’à la tombe

Cette Rafale de la CNT a été collée sur les murs lyonnais en été 2006
Le 6 juin dernier a été présenté devant le Conseil économique et social le plan national concerté 2006-2010 sur l’emploi des seniors. Un accord
national interprofessionnel a été signé avec les « partenaires » sociaux (les trois organisations patronales, Medef, UPA, CGPME, et trois syndicats
sur cinq : CFDT, CFTC, CFE-CGC).

Notons au passage que ce sont toujours les mêmes syndicats jaunes qui signent des accords allant à l’encontre des intérêts des travailleurEs. Ces
mesures (31 propositions au total) figureront dans un projet de loi qui doit être soumis prochainement au Parlement. Un point n’est pas encore à l’ordre du jour : jusqu’à présent l’ANPE dispense les plus de 57 ans de recherche d’un
emploi. Une possibilité que le gouvernement envisage de supprimer. Cette négociation, prévue par la loi sur les retraites de 2003 (encore un
retour de bâton grâce aux syndicats qui collaborent avec le patronat), est destinée à améliorer le taux d’emploi des salariéEs de plus de 55 ans
afin d’atteindre un taux d’emploi des 55-64 ans de 50% en 2010. Actuellement 37% des plus de 55 ans travaillent. Ces propositions ne font que
remettre en question le droit à la retraite à 60 ans à taux plein pour les salariéEs, et le droit à cesser de travailler avant la fin de sa vie.
Un contrat dernière embauche et une mise en concurrence des travailleurEs
Le CDD senior : Création d’un CDD spécifique pour les chômeurEs de plus de 57 ans, inscritEs à l’ANPE depuis au moins 3 mois ou bénéficiant d’une convention de reclassement personnalisée, d’une durée maximale de 18 mois, renouvelable une fois. C’est le double de la durée maximale
d’un CDD normal. Ce contrat est dérogatoire au code du travail. Il introduit, tout comme le CPE, une discrimination par l’âge. Il permettra au patronat de maintenir pendant trois ans des salariéEs âgéEs dans une situation précaire. Pour unE chômeur ou chômeuse de 57 ans ou plus il pourra être proposé un CDD de 18 mois, renouvelable une fois, tandis qu’unE salariéE de 55 ans bénéficiera d’un CDD ordinaire, pouvant potentiellement se transformer CDI. Ainsi, au sein de la catégorie statistique de l’Insee des "55-60 ans", il y aura un traitement différencié entre les travailleurEs sur la base du seul critère d’âge, sans aucun autre élément justifiant cette différence.
Les chomeurEs et précaires n’auront pas d’autres choix que d’accepter ces contrats.
Contrat initiative-emploi : 20 000 sur les 50 000 prévus en 2006 seront réservés aux chômeurEs de plus de 50 ans. Rappelons que l’’employeur reçoit une aide publique et que comme tous les contrats spécifiques, il amène
bas salaires et précarité de l’emploi.
Des acquis sociaux et des protections face aux licenciements qui s’envolent
Interdiction de la mise à la retraite d’office avant 65 ans : Certes, les mises en préretraite sont le moyen favori des entreprises pour la réduction de leur effectif. Celles-ci ne pourront plus mettre à la retraite d’office des salariéEs de
plus de 60 ans (réforme Fillon sur les retraites en 2003). Mais c’était aussi la possibilité pour certainEs travailleurEs de partir en retraite après des décennies de travail difficile grâce à des accords de branches autorisant le départ anticipé en retraite avant 65 ans. Le plan ferme cette possibilité
pour tous les nouveaux accords. Ceux en vigueur devront être révisés par les partenaires sociaux et s’arrêter au plus tard le 31/12/2009.
Suppression de la contribution Delalande :
Créée en 1987, cotisation versée par les employeurs licenciant unE salariéE de plus de 50 ans, elle sera définitivement supprimée à compter
du 1er janvier 2010. Le gouvernement estime que c’est « un frein à l’emploi des seniors ».
L’embauche d’unE salariéE de plus de 45 ans ne sera plus passible de la contribution en cas de rupture de contrat. En tout cas c’est un frein au
licenciement en moins ! Cette contribution rapporte 500 millions d’euros par an, dont la moitié est reversée à l’assurance-chômage. La disparition
de cette ressource est inquiétante. Car au delà de la perte d’un financement, cela présage de nouvelles attaques et pressions sur les chômeurEs. Il va bien falloir compenser le trou dans la caisse en radiant un peu plus de chômeurEs !

Quand le MEDEF rêve d’esclaves à vieCumul emploi-retraite pour les bas salaires : Jusqu’à présent, le cumul d’un salaire et d’une pension retraite est autorisé lorsque celui-ci ne dépasse pas le montant du dernier salaire perçu.
Si unE salariéE est payéE au smic avant de prendre sa retraite, le cumul de sa pension et de son nouveau salaire ne pourra pas dépasser le smic. Le
plafond de revenu sera désormais fixé à 1,6 smic.
C’est surtout officialiser que des travailleurEs ayant leur 40 ou 42 annuités pour leur retraite soient obligéEs de travailler pour compenser le faible montant de celle-ci. Et c’est pervertir encore un peu plus la redistribution des retraites.
Valorisation de la retraite progressive : elle permet aux salariéEs de plus de 60 ans de poursuivre une activité à temps partiel en touchant une partie de leur pension. (ouverte aux salariéEs justifiant 150 trimestres de cotisation.). Tout est bon pour que les travailleurEs poursuivent une activité au-delà de 60 ans : aménagements d’horaires ou par exemple « valorisation » des
salariéEs âgéEs par des missions de tutorats auprès des autres travailleurEs.

Augmentation de la surcote : La réforme des retraites de 2003 a instauré une surcote incitant à travailler au-delà des 40 à 42 annuités nécessaires
pour une retraite à taux plein. Actuellement, les salariéEs qui continuent à travailler au-delà de 60 ans bénéficient d’un bonus pour leur retraite
de 3 % par année travaillée. Ce taux sera maintenu à 3 % la première année, puis porté à 4 % les années suivantes et à 5 % au-delà de 65 ans.
Le ministère de l’emploi indique que 10 millions d’euros de crédits supplémentaires devraient être débloqués : 3 millions pour des « actions de gestion prévisionnelle de l’emploi dans les branches » (sic !), 2 millions pour « l’amélioration des conditions de travail dans les entreprises » (une goutte
d’eau, au vue du nombre d’entreprises et des difficultés rencontrées par les salariéEs), 5 millions pour le financement d’une campagne d’information
grand public qui devrait débuter en septembre.
On est content de voir l’argent dépensé dans une propagande pour le travail au profit du patronat.
Ne nous y trompons pas, tout ceci n’est qu’une mascarade pour faciliter les conditions d’embauche et les licenciements par les employeurs et surtout
remettre en question le droit à la retraite et limiter la répartition des richesses. Le libéralisme se dissimule derrière des plans mis en place par le
gouvernement avec le soutien de syndicats trahissant encore une fois les travailleurEs. Sous prétexte d’aider les travailleurEs, chômeurEs ou retraitéEs
ou de « relever l’économie de la France » se cache une destruction systématique des acquis sociaux au profit de quelques nantis. Car parallèlement à ce plan « senior », c’est 15 000 fonctionnaires qui ne seront pas remplacéEs après leur départ à la retraite.

Messages

  • Je fais partie de ceux qui vont payer pour toutes les conneries d’avant. depuis 1981 (la rose)
    ou la j’ai vu des ens partir a la reraite a 55 ans 1/2 en gagnant plus (dans le privé).Maintenant les caisses sont vides, avec tous le gaspi des politiques.
    moi j’ai 56 ans 1/2 je n’ai jamais été au chaumage dde ma vie je sais j’ai de la chance.
    pour seulement 2 trimestres je ne peux pas partir a 59ans.
    et je suis persuadé qu’apres les elections nous seront obliger de travailler jusqu’a 62 voir 64 (ils prennent en exemple toujours quelques pays (voir les feux allumes la journée)
    En somme je me demande si il ne faut pas se faire licencier avant (pour faute) pour echapper a ce probleme d’injustice
    cordialement

  • Ce que contient votre article en dispositions réglementaires actuelles et à venir est complet ET VRAI.
    Par contre il y a à dire sur les perspectives à en tirer.
    Je ne suis d’aucun parti pris : je m’applique uniquement à placer mes yeux bien en face des trous.
    Conclure que je serais pour cette raison, un anti gauche ou anti social serait uniquement vouloir nier la très importante réalité des faits.
    << Changer la vie >> Pour endiquer un chômage endémique, la gauche de 81 a eu la géniale idée (la droite l’aurait eue !) d’instaurer la préretraite qui a coûté et coûte toujours cher... Plusieurs centaines de milliers de personnes mises au rebut et à la casse (qualifiée à l’époque de << mort sociale >>) du jour en lendemain sans qu’il y ait jamais eu récession économique : la rentabilité des automatisations massives et autres apports technologiques allait simplement être supérieure à celle des postes supprimés !
    Les 35 heures de Martine Aubry ne pouvaient se décider qu’à son moment et à cette indispensable condition. Ces mêmes 35 heures ne pourraient plus produire le même effet si cette décision était à prendre aujourd’ui...
    Pour << changer la vie >> avec succès, on ira jusqu’à créer en 85 les très "provisoires" Restaurants du coeur qui viennent de fêter leurs 20 ans... On revenait quelque part et sans coup férir en arrière de 30 ans, aux hivers de l’abbé Pierre...
    Tous les gouvernements successifs ont utilisé depuis 25 ans les tranches d’âge comme "variables" de l’emploi/chômage avec un nombre d’actifs quasiment constant de 16/16,5 millions environ du seul secteur Marchand. (Les variations du chômage s’expliquant AUSSI par l’arrivée de nouveaux jeunes et la sortie de chômeurs promus retraités à vie !)
    Des jeunes qui -quand ils trouvent aujourd’hui un emploi- peuvent devenir de nouveaux pauvres. Certains de ceux qui divertissent nos gamins dorment dans leur voiture sur le parking de l’Euro Disney faute de pouvoir assumer un loyer.
    Quoi qu’on pense de certaines des mesures que vous dénoncez, il faut tout de même convenir de ceci : aucune disposition réglementaire ne contraint ou ne contraindra jamais un retraité à remettre le collier jusqu’à la tombe. Ces mesures ne s’adressent qu’à celui qui le voudra et ne le pourra qu’à la seule condition de trouver un boulot ! Certains des médecins qui le veulent peuvent dès à présent poursuivre leur activité avec incitations à l’appui...
    Le Papy-boom vaudra le départ en retraite (qui a déjà commencé pour ceux nés en 1945...) de 6 millions de salariés actifs comme chômeurs (ou RMistes !) d’ici 2015.
    Probablement plus de 3 millions supplémentaires de NON salariés : libéraux, commerçants, artisans, agriculteurs... Si le nombre de ces derniers est appelé à décroitre encore, certains seront pourtant remplacés !
    Si on aura à remplacer près de 800.000 enseignants, la CRAM aura supprimé quant à elle 35.000 postes d’ici fin 2007 : une économie de 35.000 salaires ! par automatisation des procédures et suppression de plusieurs milliards annuels de documents par l’informatisés et transmissibles par Internet.
    Je ne suis pas en train de dire que le chômage disparaîtra par une équivalence de nombre avec les départs en retraites à venir. Mais il est certain que ce chômage décroîtra pour cette raison purement ’mécanique’ Que si tous ceux de 57 ans et plus ne seront pas repris en CDD de 18 mois renouvelable une fois, je n’ai lu nulle part que ce CDD ne pourrait se convertir en CDI.
    Aucun texte ne l’interdit !
    Je m’interdis de penser que tout employeur est un malade mental ou un salaud. Qu’une véritable création d’emploi ne peut découler que d’un besoin : que si ce besoin a très heureusement trouvé sa réponse chez un bon candidat son employeur convertira le CDD en CDI pour le garder ! Surtout si le chômage devait bientôt baisser, d’abord bien sûr pour les meilleurs candidats à l’emploi...
    Les faits se moquent de nos opinions : de la mienne autant que de la votre. Je m’en tiens très sereinement à une observation très "au ras des pâquerettes". Je suis sûr de ne pas devoir ’tomber plus bas’ pour comprendre !!!
    Il est de bon ton (et à juste titre) de dénoncer la Mondialisation : je constate simplement que le gagne petit que je cotoie sur le marché lillois de mon voisinage est un authentique acteur de cette mondialisation quand il achète pour 5 Euros ses 3 slips fabriqués en Chine. Qu’il tue du même coup l’entreprise de la rue d’à côté qui fermera pour ne pas savoir fabriquer les mêmes slips pour moins de 10 ou 15 Euros. L’empêcher de faire des économies quand il n’en a pas les moyens...
    Très cordialement,
    A. B.
    Albert