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Le pouvoir d’achat : débat de fonds ou argument électoral ?
Publie le samedi 2 septembre 2006 par Open-Publishing« Assurer à chacun et à chacune un emploi et un revenu décent ».
Il est proposé sous ce titre de la Charte une mesure phare qui ne manquera pas d’être l’un des arguments massue de la campagne : la revalorisation du SMIC à 1500 euros nets.
Si la revalorisation du pouvoir d’achat des plus démunis est en effet une priorité, cette proposition alléchante n’en est pourtant peut-être pas le meilleur moyen. Alors que nous dénonçons les méfaits du néo-colonialisme économique, est-il bien judicieux d’accroître encore les écarts de niveau de vie entre un occident obèse et les « pays du Sud », anorexiques involontaires ?
L’alternative à l’augmentation des revenus reste la diminution du coût de la vie et cette alternative me semble nettement plus en phase avec la visée, même lointaine, d’un rééquilibrage au niveau mondial.
Le capitalisme occidental court à sa perte, pour de multiples raisons, mais d’abord et surtout parce qu’il est assis sur des richesses virtuelles : les actifs occidentaux sont très majoritairement et massivement surévalués (les goodwills et les actifs immatériels comptabilisés représentent une part pratiquement égale à celle des fonds propres dans les grandes entreprises françaises et européennes.
(Voir « Rentabilité et risques dans le nouveau régime de croissance », Commissariat Général au Plan, 2002 ou Véron, N. et Husson, B., « Attention aux goodwills », Option finance, mars 2004).
L’insuffisance de régulation des marchés financiers (qui ne s’auto-régulent pas plus que les autres) génère ces sur-valeurs, purs produits de la spéculation. C’est cette course à la valeur « supplémentaire » qui dicte les réorganisations, les rémunérations surdimensionnées de certains dirigeants et cadres d’entreprises etc.
Attaquer de front la dérive spéculative aurait un effet direct sur le coût de la vie, l’immobilier en constitue l’exemple le plus évident. L’autre effet vertueux réside dans le déplacement des rapports de force économiques, au sein des entreprises mais aussi à l’échelle des relations internationales.
Cette dynamique associée aux propositions avancées dans la Charte, telle la réduction des écarts de salaires, les encouragements à l’économie durable et solidaire, l’élargissement des services publics etc. serviront plus ou moins directement à augmenter le pouvoir d’achat de ceux qui en ont le plus besoin.
Construire une alternative au libéralisme capitaliste, sans proposer de mesures concrètes et solidement étayées contre les effets pervers du fonctionnement des marchés financiers, c’est un peu comme ... comme le programme du parti socialiste, non pas quand même, m’enfin ... N’avons-nous pas d’économistes, de financiers au sein des collectifs pour élaborer de vraies propositions dans ce sens ? Comment allons-nous enfin la faire éclater cette bulle financio-financière ????




