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Le quotidien "L’Humanité" lance un cri d’alarme à la veille de son centenaire

Publie le jeudi 12 février 2004 par Open-Publishing
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Le journal créé par Jean Jaurès est à la recherche de nouveaux partenaires. Il demande à Jacques Chirac "une initiative nationale" pour défendre "le pluralisme de la presse".

"La presse quotidienne est entrée dans une inquiétante zone de turbulences, cela pourrait être fatal aux titres les plus faibles, à commencer par L’Humanité", écrivait Patrick Le Hyaric, directeur du quotidien communiste, dans l’édition du samedi 7 février, en publiant le texte d’une pétition "pour le pluralisme de la presse". OAS_AD(’Middle’) ; Appelant à "une initiative nationale", M. Le Hyaric a adressé une lettre à Jacques Chirac, dans laquelle il fait quatre propositions pour protéger, justement, ce pluralisme.

"Tous les titres de la presse quotidienne nationale sont, toutes proportions gardées, dans des positions extrêmement difficiles, en raison de la hausse des tarifs postaux et de la baisse des ressources liées, surtout, à des recettes publicitaires très faibles", a expliqué auMonde le directeur de L’Humanité. La seule hausse des tarifs postaux conduirait à une nouvelle augmentation des coûts de distribution pouvant atteindre 400 000 euros pour le quotidien communiste, "autant dire que note journal serait étranglé !", lance M. Le Hyaric.

L’heure est donc à la mobilisation. La Société des amis de L’Humanité a réuni en assemblée générale, samedi 7 février, une centaine de ses membres au siège du journal. L’association, présidée par Edmonde Charles-Roux, qui compte notamment Régis Debray, Gisèle Halimi, Jean-François Kahn, Louis Sclavis et Marc Perrone, veut "prendre toute -sa- place dans la bataille pour faire vivre le journal et le pluralisme", explique Mme Charles-Roux.

Le journal est toujours déficitaire. "Les recettes de vente et de publicité ne permettent pas de remettre le journal à l’équilibre", explique son directeur. Les pertes ont atteint, en 2003, 1,7 million d’euros, soit le même niveau que celles de l’année précédente. "Attirer de nouveaux partenaires serait une bonne chose pour la pérennité du journal", glisse M. Le Hyaric.

En mai 2001, Hachette Filipacchi Médias (groupe Lagardère), TF1 et les Caisses d’épargne avaient investi dans L’Humanité et étaient entrées au sein de la société Humanité Investissement Pluralisme, qui détient 20 % du capital, une part que ces entreprises "amies" ne doivent pas dépasser. 40 % sont entre les mains de personnalités historiques, dont plusieurs dirigeants et cadres du Parti communiste. Le reste est détenu par la Société des lecteurs (SDL) à hauteur de 20 %, les Amis de L’Humanité, 10 %, et les personnels, 10 %.

2,2 MILLIONS D’AIDES EN 2003

Sans attendre d’hypothétiques nouveaux partenaires financiers, M. Le Hyaric propose d’"augmenter les aides publiques aux quotidiens d’information générale, notamment à ceux qui, comme L’Humanité, ne disposent que de faibles ressources publicitaires". L’Humanité a touché, au titre des aides publiques accordées aux journaux à faibles ressources publicitaires, 2,2 millions d’euros en 2003.

Point positif, la diffusion devrait avoir atteint 46 000 à 47 000 exemplaires en 2003, soit le même niveau qu’en 2002 et 75 000 exemplaires pour l’hebdomadaire L’Humanité Dimanche. La direction espère que ce mouvement va se poursuivre. Le journal en appelle donc une nouvelle fois à ses lecteurs, au premier rang desquels les adhérents de la SDL pour qu’ils soient des "parrains ou marraines" d’autres lecteurs.

Le journal espère mobiliser ses fidèles sur le thème de son centenaire. L’Humanité, créée par Jean Jaurès, fêtera en effet ses cent ans le 18 avril 2004. M. Le Hyaric devrait tenir une conférence de presse, le 18 février, au café du Croissant, lieu mythique où Jean Jaurès fut assassiné en 1914.

Plusieurs initiatives vont être prises comme, par exemple, la réédition d’une série d’articles parus dans le journal, de juillet 1977 à 1978, où cent écrivains avaient "raconté le pays".

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