Accueil > Le site de Tricastin aurait pollué dès 1977
Le site de Tricastin aurait pollué dès 1977
Nucléaire . L’enquête sur l’incident met en évidence l’existence d’une pollution à l’uranium plus ancienne qui expliquerait les taux anormalement élevés sur le site.
Le ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, a annoncé dans un entretien accordé hier au Parisien-Aujourd’hui en France, que l’état des nappes phréatiques situées aux abords de l’ensemble des centrales nucléaires françaises fera l’objet de « vérifications ». Cette décision fait suite à la pollution accidentelle des cours et plan d’eau avoisinant celle de Tricastin dans le Vaucluse par la fuite d’une solution uranifère contenant 70 kilogrammes du métal radioactif, le 7 juillet dernier.
Saisi par le ministre, le Haut Commissariat pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire - (HCTISN) a conclu à « une série de dysfonctionnements et de négligences humaines » de la part de Socatri tant dans la gestion de l’incident que pour ce qui concerne son origine. Mais surtout, l’organisme a révélé que les taux anormalement hauts d’uranium relevés en plusieurs points de la nappe ne peuvent pas être attribués à la récente fuite mais relèvent d’une pollution plus ancienne. Pour tenter d’en déterminer l’origine, « le HCTISN demande qu’un état détaillé des pollutions historiques (radiologiques et chimiques) de la nappe (phréatique - NDLR) présente au droit du site lui soit présenté ».
Selon la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD), cette présence anormalement importante d’uranium pourrait être liée à un site de stockage dans lequel ont été enfouis, entre 1969 et 1976, « 15 000 m3 de déchets mixtes contenant de l’uranium et des produits chimiques », dont 760 tonnes de barrières de diffusion issues de l’usine d’enrichissement d’uranium à des fins militaires.
Ce n’est pas la première fois que cette zone est mise en cause. Une étude de 1998 du Haut Commissariat à l’énergie atomique avait mis en évidence « une contamination de la nappe liée à cette butte de stockage, dès 1977, par la présence de teneurs anormalement élevées en uranium dans les eaux du puits P ainsi que dans la rivière Gaffière ». En 1998 toujours, les experts de la COGEMA estimaient à « 900 kilogrammes environ » la quantité d’uranium qui aurait « quitté la butte via les eaux souterraines ». La - COGEMA qui étudiait alors une possible « couverture » de la butte, n’a finalement pas donné suite.
suites judiciaires possible
L’incident du 7 juillet dernier pourrait connaître des suites judiciaires. Jean-Louis Borloo a rappelé qu’un « rapport a été transmis au parquet » et plusieurs élus locaux ne cachent pas leur volonté d’obtenir réparation de « cet énorme préjudice ». En attendant, la PDG d’Areva, dont Socatri est une filiale, se rend aujourd’hui sur le site, à la demande du ministre de l’Écologie, pour procéder, à son tour, à un audit.