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Le temps retrouvé du fouet dans les galères en France

Publie le mardi 6 janvier 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Matelot frappé. Un rappel à la loi pour le patron.
Pour avoir roué de coups un matelot qui s’était endormi à la barre en octobre 2007, un patron pêcheur a fait l’objet, hier à Quimper, d’un rappel à la loi.
« Je trouve vraiment qu’il s’en sort bien. Il fait tout gentil et calme. J’aimerais vraiment qu’il soit puni pour ce qu’il a fait ». Premier à s’extirper du bureau du délégué du procureur, après vingt minutes de débats, le jeune marin de 21 ans reste abasourdi. Certes, son ancien patron a reconnu les claques, mais il réfute toujours les coups de pied et de poing, malgré le témoignage d’un autre matelot. Sans antécédents de violence, l’ancien capitaine, réembauché depuis par le même armateur, quitte, à son tour, la pièce, sans croiser son regard. Tout juste nous consentira-t-il quelques mots. « J’ai perdu mon sang-froid, je n’aurais pas dû ».

La scène remonte au 6 octobre 2007. À la barre d’un chalutier concarnois qui rentre débarquer sa pêche à Douarnenez, le matelot, embarqué depuis trois mois et épuisé par trois semaines de mer, s’endort. Le bateau s’échoue mais peut repartir sans trop de dégâts. Cela n’empêche pas le patron de le corriger : claques, insultes, coups de poing au visage, coups de pied alors qu’il était au sol.

Bilan : un tympan perforé, plusieurs contusions au visage, à l’épaule et au thorax. Dix jours d’interruption temporaire de travail, six mois sans travailler. « Depuis, j’ai fait la langoustine en Irlande, la coquille en rade de Brest, mais j’ai toujours un peu peur, je ne sais jamais à qui j’ai affaire, assure-t-il. C’est un milieu fermé, il y a tant de choses qui ne sont pas dites ». "J’ai toujours un peu peur".

En quête d’un procès
Le matelot reconnaît sa faute professionnelle. « On justifie les faits de violence par cette faute professionnelle ; cela ne donne pas le droit de molester un employé », constate son avocate, la Brestoise Virginie Veret, qui se projette déjà dans le procès civil pour la réparation du préjudice. Présent hier à Quimper, avec la mère du jeune homme, le syndicaliste de la CGT des marins Jean-Paul Hellequin, ne décolère pas : « Pour moi, ce rappel à la loi, ce n’est vraiment pas un jugement. Nous allons continuer à nous battre pour obtenir un procès ».
Yves Madec (le télégramme,6/01/09)

Messages

  • Désolé : s’endormir à la barre d’un bateau est une faute EXTRÊMEMENT grave. Le bateau et l’ÉQUIPAGE est en danger. Que le patron se soit mit fortement en colère, cela va de soit : il est REDEVABBLE, lui, pas le matelot, du bateau ET DE SON ÉQUIPAGE devant son armateur, à ses propres frais. Ne soyons pas si déluré qu’il faille rester de marbre devant une telle charge, SOCIALE, devant la BAVURE DU MATELOT. En mer, rien ne pardonne.

    Certes, il a pris sa branlée. Certes. Je ne dis pas qu’il n’aurait pas dû la prendre, je dis qu’il l’a bien prise. Pêche longue ou pas : il a signé pour gagner BEAUCOUP d’argent sur sa marée. Lorsqu’on vitupère sur un gros-cul (pétrolier et autre) là, cela fait du grabuge. Mais lorsqu’il s’agit d’un "pauvre" marin, là, il faut pardonner. Pourtant c’est toujours un matelot qui est à la barre.

    Je ne suis pas pour le fait de donner sa branlée à un matelot, loin de moi, mais s’il l’a prise, ce n’est pas pour rien ICI : car, de plus, il y a eu ÉCHOUAGE, donc mise en péril du bateau et de l’équipage.

    Le prolo, lorsqu’il prend sur soi d’obéir à l’éxécution d’une charge COLLECTIVE (gouverner à bon port un navire et son équipage en entier) ne peut que recevoir une réprimande lorsqu’il ne l’exécute pas convenablement. Ce procès est le procès d’un pauvre. Il n’avait qu’à pas choisir ce dur métier pour se retourner contre son "exploiteur" (il est payé à la part, et ce n’est pas peu !) du fait d’avoir reçu une brimade professionnelle.

    Je le répète : je ne suis en rien pour les brimades ENTRE matelots qui sont bien pire que cette branlée. Je ne suis pas pour les branlées, d’aucunes sortes qui soient. Mais je comprends largement la colère du capitaine (responsable devant les AUTRES et devant son armateur) envers lui. Ce matelot est un branleur.

    • C’est un peu n’importe quoi là ton argumentation.

      Je suis ok, que le mec a fait une ENORME connerie et que ça doit être dur de pas lui retourner une grosse beigne - mais le rouer de coups c’est un peu plus qu’une grosse baffe. Le boxeur doit être puni ,c’est évident , patron OU PAS.

      C’est sur, le type aurait pu se faire passer à tabac par les autres marins (pas seulement les patrons) mais ceux qui ont failli mourir en mer et perdre leur outil de travail à cause de LUI !

      Là où je dis le matelot est bizarre (d’un point de vue syndical), ou l’histoire est bizarre, il ne conteste pas la faute. Ok. Y’a faute, clairement.
      Mais POURQUOI n’A T IL PAS DORMI pendant 3 semaines ? Son patron (celui qui lu i a cassé la gueule) il ne recrute pas assez de matelots ? Pourquoi ? Pour se gaver ?
      Pourquoi n’a t il pas signalé qu’il était épuisé ? Demandé à être remplacé ?

      Bref, comment ça marche, tout ça, et peut on en savoir un peu plus sur cette affaire, ce milieu, ses coutumes, sa convention collective etc ?

      Ça m’intéresse.

      Merci.

      La Louve

    • Ah le monde viril du travail.

      Quand je travaillais dans l’informatique, où « on n’est pas des tapettes », on faisait plus que 35 heures parce qu’on était des vrais mecs.

      Résultat avec un BTS de fait je gagnais moins qu’un technicien de surface travaillant 35 heures et étant payé 35 heures. Donc moins que le SMIC.

      Donc l’auto-exploitation, non merci.