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Le viol du silence
Le Collectif féministe contre le viol lance aujourd’hui la plus grande campagne qui ait jamais existé contre le viol.
Cette campagne est un cri d’alarme dont l’objectif est de briser les tabous qui entourent ce crime et de diminuer la tolérance sociale à l’égard des violences sexuelles.
Parti pris gonflé, c’est une star du cinéma érotique, Clara Morgane, qui porte la campagne et joue dans le clip de sensibilisation. Elle attend un plombier, ouvre la porte de chez elle pour l’accueillir, elle porte une jolie robe avec un décolleté plongeant.
La caméra prend la place de cet homme et son regard transforme la jeune femme en objet sexuel. Il s’apprête à la violer. Gros plan sur son sac à outils. Il fait un geste pour l’agresser.
Elle lui dit : « tu fais quoi là, t’as vu ta tête ? ». Et elle affirme : « Le désir, c’est pas contagieux, alors quand c’est non, c’est non ! ». Fin du clip. L’information écrite défile : « Sans consentement, c’est un viol. Le viol est un crime, seul l’agresseur est coupable. Nous pouvons aider les victimes ».
Le numéro vert s’affiche : 0 800 05 95 95 95.
Ce numéro national gratuit enregistre chaque année environ 7.000 appels, soit 3 à 15 nouveaux crimes dénoncés chaque jour.
Le message de cette campagne est clair : qu’une femme soit désirable n’est pas un motif pour violer son désir, son corps, son intégrité. L’idée, c’est de battre en brèche le stéréotype : « elle l’a bien cherché » qui pèse sur les femmes victimes. C’est ainsi qu’elles se sentent coupables, sales, honteuses.
Je dis « elles » mais je pense et je devrais dire « nous ». Cette campagne me touche et me tient à cœur parce que j’ai été victime de viol. J’ai fini par le dire publiquement il y a trois ans après dix ans de mensonge par omission.
Les journalistes me demandaient toujours : « comment êtes-vous devenue féministe ? ». Impossible de dire la vérité. Je ne voulais pas, je n’arrivais pas à dire la raison profonde de mon engagement parce qu’on ne parle pas de ces choses là, surtout quand on est une femme publique, quand on fait des choses sérieuses comme de la politique. Et puis aucune femme publique n’en avait jamais parlé : il doit bien y avoir des raisons.
La seule personnalité qui en ait parlé, à ma connaissance, c’est
Claudia Cardinal mais elle a longtemps fait passer l’enfant né du viol qu’elle a subi à l’âge de 15 ans pour son petit frère. Si l’on parle, on peut nous accuser de dévoiler notre vie privée alors que c’est justement la violation de notre intimité.
Et puis il y a la peur, celle du regard des autres, la peur de n’être plus vue que comme une femme violée, une femme souillée, malheureuse, détruite, suspecte aussi car notre parole est souvent mise en doute. Alors il faudrait se taire, tant de gens autour de moi me l’ont conseillé, pour me protéger.
Mais se taire, c’est être complice du silence, de ce silence qui permet de violer encore et toujours. Ce silence me pèse parce que je sais la souffrance, celle qui ronge la tête et la chair, et parce que le tabou est l’une des meilleures armes des violeurs.
L’homme qui m’a violée était un multirécidiviste : il a avoué avoir violé une trentaine de femmes et nous n’étions que trois au procès en Assises. Sans cesse je pense à celles qui n’étaient pas là, à celles qui n’ont pas pu et ne peuvent pas parler, et qui n’ont pas la justice avec elle pour mener le travail de réparation.
Si la parole des femmes était rendue possible, non seulement les victimes iraient mieux parce que dire ce qui s’est passé, pouvoir être comprise, est la clé de la reconstruction, mais il y aurait aussi moins de victimes.
On estime à 4% le nombre de viols ou tentatives de viols dénoncés aux forces de l’ordre. Pas facile d’aller raconter dans un bureau froid, à un policier que l’on ne connaît pas, les circonstances, les détails crus d’un acte de viol.
Et les flics sont peu ou pas formés pour recueillir cette parole.
Je revois le jeune policier qui a pris ma plainte en 1995 me demandant s’il peut faire une pause au milieu de mon récit pour aller fumer une cigarette.
Aujourd’hui, je suis debout, je ne survis plus, je vis.
C’est parce que j’ai rencontré le Collectif féministe contre le viol. J’aimerai que nous puissions un jour dire « nous », à visage découvert, dans un manifeste par exemple, comme les femmes qui avaient avorté l’ont fait en 1971.
Le clip est visible sur www.kancnon.com
numéro vert Viol femmes information : 0 800 05 95 95
Messages
1. Le viol du silence, 2 juin 2009, 23:17, par marie.lina
Le viol : c’est aujourd’hui un moyen de faire la guerre , combien de victimes et pourquoi cela marche ????
Encore aujourd’hui la victime de viol est considérée comme salie ,souillée, je vais dire invendable ! Car c’est bien cela , tant que nous serons des valeurs d’échange nous serons violées et c’est cela que veulent certains violeurs :gagner de la puissance en violant les femmes des autres ( les mères, les soeurs ............) Et bien messieurs ont vous emmerdent ,car "il n’y a rien que le savon ne lave !"
Si j’élimine de mon discourt les cas psychiatriques , tout le reste n’est qu’un problème de puissance ,comme si le jus de nos vulves, vous rendait plus fort. Et bien assez de parole ,notre petit machin est à nous et même si vous attendiez la lune ,c’est notre main dans la figure qui vous attend . Et pitié,il faut en finir avec cette idée débile de la virginité et déjà on perdra des zélateurs de la pureté donc des violeurs potentiels !
Bref ,vive les femmes et notre corps est à nous ,ainsi que le fond de nos culottes . marie.lina
1. Le viol du silence, 3 juin 2009, 03:29, par sergio
Vous écrivez : « …Le viol : c’est aujourd’hui un moyen de faire la guerre… »
Donc un crime de guerre, et comme tout crime de guerre doit-être durement réprimé. Quel État l’a intégré dans sa législation ?
Cela concerne tout le monde, les femmes comme les hommes, il faut en parler !
2. Le viol du silence, 3 juin 2009, 08:51, par marie.lina
Merci de votre remarque, c’est un crime de guerre ,d’autant plus que de petits états ,minés par les guerres civils en sont à la course absurde aux atrocités gratuites.
Comment ne pas avoir envi de mordre ,car en toute honnêteté ,vous prenez sur vous :" restons calmes, pardonnons, reconstruisons !!!!!" et en face de vous vous avez toujours des réactions du genre :
– hilares :je te l’ai bien mise !!!!!
– si cela n’était pas un viol:cela vous aurais plus, ? (du vécu chez les flics !)
– désolée mais tu mets la honte sur la famille ; donc on doit te tuer
Donc on fait quoi ? Sans sida ou bébé :le mépris de cette bande de nains !!
Avec de multis traumatismes :sida, déchirures multiples,AUTO-CULPABILITE de part la
pression socio-culturelle !!!!!!
Donc ,on peut en parler, mais moi j’aime bien l’ironie ,jusqu’à la provocation grossière ; c’est mon savon, comme cela j’aime encore les hommes et la vie qui va avec ; . marie.lina
3. Le viol du silence, 3 juin 2009, 19:52, par irmo
Bonjour,
J’ai regardé ce clip plusieurs fois et je n’ai pas du tout vu la même chose que vous.
Vous écrivez que c’est le regard de l’homme qui transforme Clara Morgane en objet sexuel. Moi je pense qu’elle se présente très explicitement à lui comme objet de désir, avec une multiplication de signaux. Comme on dit parfois, elle "l’allume". Je doute qu’elle se fusse comportée de la sorte avec - admettons - un huissier.
Je ne vois pas pourquoi elle se permet de l’accueillir ainsi. Pas une excuse pour le viol, certes.
Là où je pense que vous déraillez complètement, c’est lorsque vous dites qu’il veut la violer. S’il avait voulu la violer, il l’aurait violée, tout simplement. Il a voulu l’étreindre. Et si pour vous, un gros lourdaud qui cherche à étreindre une femme est un violeur, et donc un criminel de guerre, à mes yeux ça reste un gros lourdaud qui s’est fait alllumer, qui a tenté sa chance avant de se faire refouler.
Dernière chose : je ne vois pas le moindre début de tentative d’agression, et là encore je pense que vous vous faites des films.
On reproche aux hommes de surinterpréter, mais votre lecture de ce clip montre qu’ils ne sont pas les seuls. Je ne vois ni viol, ni tentative de viol et encore moins tentative d’agression dans cette vidéo.
Cordialement
1. Le viol du silence, 9 juin 2009, 14:07, par Nanou
Pour l’auteur du message précédent : vous concluez (et c’est le plus important à retenir) que même quand un homme à l’impression de percevoir des "signaux", qu’une fille l"allume" parce que sa tenue est "sexy" celà ne justifie en rien une agression sexuelle.
d’autre part, quand vous dites qu’un gros lourdaud peut "étreindre" une femme sans vouloir commettre un viol, c’est bien possible, mais quand la femme n’est pas consentente, on appele ça des attouchements. Or j’estime que se faire frôler de manière insistante ou plotter quand on ne l’a pas demandé est une agression. De plus, les gros lourdaud, comme vous le dites, sont généralement trés lent à comprendre que non c’est, non, et comme on finit par être en colère, ça se finit toujours avec des insultes du genre : salope, sale pute, trainée car monsieur lourdaud est frustré. Et ça c’est du vécu.
d’autre part, là ou vous ne voyez peut être pas que c’est important, ce clip incite a exprimer clairement son refus et cible les jeunes. Je trouve que c’est bien car malheureusement, beaucoup de jeunes ou trés jeunes filles ne sont pas informées dans le cadre familial des réactions qu’elles peuvent susciter chez les hommes. Il y a certaines familles, qui sous le prétexte de la pudibonderie, n’enseignent jamais aux filles que leur corps leur appartient et qu’elles en ont le contrôle. Ils peut arriver à ces filles de se retrouver face a un homme "lourdaud", trop entreprenant qui va vite oublier ses scrupules si il ne sent pas une forte et ferme résistance en face. Voilà comment monsieur tout le monde peut devenir un agresseur sexuel et un violeur sans être le psychopathe qu’on croit voir dans tous les violeurs.
Croyez moi, trés jeune c’est difficile de comprendre ce que le type à derrière la tête si on est pas informée, et on peut se retrouver dans de trés mauvaises situations.
Et ceci est encore du vécu.