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Les 8 et 9 décembre, on décide de quoi ?

Publie le mercredi 28 novembre 2007 par Open-Publishing
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Les 8 et 9 décembre, on décide de quoi ?

Dans l’énoncé de l’ordre du jour de l’Assemblée Extraordinaire des 8 et 9 décembre, il est dit qu’elle doit, « définir un mandat précis » en vue du travail politique à fournir « dans le parti et dans la société » en vue du Congrès statutaire de 2008. Il convient donc à la fois que les travaux de l’Assemblée Extraordinaire ne clôture pas les réflexions engagées mais qu’elle effectue des choix explicites pour l’orientation du travail à accomplir. Nous ne pouvons en rester au simple listage, même ordonné, des questionnements.(1) De même qu’il serait indécent de nous faire faire tout ce tralala pour simplement proclamer « le débat est riche, poursuivons le débat ! » (2)

La question centrale est celle du projet.

D’un projet qui forcement aujourd’hui se doit d’avoir des dimensions européennes et mondiale importantes. Or, à trop centrer le débat sur le « type de rassemblement à construire à gauche » ou du devenir du seul PCF, on se prive en fait de la capacité d’y répondre. Non que ces questions soient marginales, mais on n’y répondra pas de façon neuve à projet inchangé.
Or si trois formes de rassemblement ont successivement échoué en trente ans – le programme commun, le rassemblement autour du seul PCF, le rassemblement antilibéral – c’est aussi parce que dans les projets portés par ces trois rassemblements, il y a une structuration marxo-keynésienne autour de l’Etat, qui a fait les grandes heures de 1936 et de l’après 1945, mais qui est devenue largement inopérante dans la mondialisation d’aujourd’hui et face à des besoins et exigences nouvelles d’épanouissement des individus.

Si le projet n’est pas « révolutionné », il n’y a aucune chance qu’émergent, avec ou sans PCF, des formes de rassemblements transformateurs de notre temps.

Dans le même temps l’exacerbation des questions sociales et écologiques, comme les potentialités de développement ouvertes par les progrès de la connaissance, des savoirs et des savoir-faire, portent une exigence renouvelée de « dépassement du capitalisme », un besoin d’ « en commun » inégalé, qui légitiment une visée communiste. Si celle-ci est bien vue comme le processus de dépassement de toutes les exploitations, aliénations et dominations.
Des questions du travail à celle des relations internationales, du féminisme à celle de la démocratie, de la reconnaissance des individus à celle d’une nouvelle configuration des droits collectifs, cette question cogne à la vitre de tous les débats qui ont bien voulu aborder ce versant du problème qui nous est posé, comme il est posé à la gauche toute entière.

Ouvrir un vaste chantier

Il me semble déterminant que l’assemblée des 8 et 9 prenne le problème dans ce sens : quelle architecture de projet d’émancipation humaine forger dans le monde d’aujourd’hui et, dès lors, quelles formes de rassemblements et de forces politiques à inventer pour la porter dans des dynamiques populaires et majoritaires ? Et non pas, de quel projet doter des formes de rassemblements et d’organisation politique déjà connues.

En cela, je n’ai en rien l’impression d’abandonner ou de liquider le communisme, je pense même que le communisme est une espérance d’avenir indispensable.

L’assemblée des 8 et 9 décembre peut proposer d’ouvrir, avec tous les matériaux disponibles, travaux, propositions antérieures, analyses, questionnement, dans comme hors le PCF, à l’échelle nationale comme internationale, ce chantier du projet. Pour une part les quelques débats préparatoires nationaux qui se sont déroulés y invitent. Ce chantier concret du projet ne peut être indépendant du creuset des résistances à la politique de la droite et plus globalement du néo libéralisme financier. Projet inséparable d’une nouvelle culture politique à forger, si on veut que des millions de personnes investissent le changement. Et c’est bien cela l’enjeu. L’originalité communiste, dans et pour ce projet, venant de cette ambition de civilisation de dépassement du capitalisme.

Le rassemblement et le parti politique

Cette question centrale du projet m’amène à rejeter avec beaucoup de vigueur deux impasses que je ressens certaines contributions ou discussions.

La première impasse est celle qui voudrait précipiter ou tout conditionner à la construction d’une « nouvelle force politique ». La dissolution ou la dilution du PCF comme horizon programmée, au motif que les formes politiques héritées de la IIIème Internationale seraient obsolètes, ou bien que le travail d’invention du projet devrait se faire avec d’autres forces. Je n’ai rien contre le travail avec d’autres forces, mais on y est utile que si l’on y est soi même, y compris pour apporter, écouter et apprendre avec d’autres. Rassemblement et fusion ne sont pas synonymes. D’autant que ces démarches survalorisent beaucoup les forces effectivement disponibles pour cette fusion éventuelle. Un raccourci par une « fusion organisationnelle », créerait sans doute plus de déperditions que de synergie. Je suis donc clairement pour que l’assemblée des 8 et 9 décembre écarte cette proposition dans le mandat de travail qu’elle donnera pour 2008.

La seconde impasse est celle qui se contenterait comme horizon de vouloir simplement faire « plus et mieux » le PCF dans sa forme actuelle. C’est sous estimer les questions neuves qui sont posées, la gravité de la situation dans laquelle nous sommes, cela donnerait aussi le signe que nous sommes sourds à des attentes de la société dans ses forces les plus progressistes. Même si j’apprécie par exemple nos travaux sur la sécurité d’emploi ou de formation, comme sur l’impérieuse urgence à s’attaquer à la sphère financière, elles ne peuvent pas être le projet anthropologique dont nous avons besoin, qui devra unir les questions sociales, écologiques et culturelles. Pensez que notre situation résulte d’une insuffisante valorisation de nos travaux ou de nos propositions me semble ne pas vouloir voir la réalité. On ne peut donc accepter que l’Assemblée du 8 et 9 borne son horizon à améliorer l’existant.

Et puis ces deux impasses finalement tendent toutes deux à boucler la construction politique avant le projet, et sans la participation populaire, dans « l’entre soi » du champ politique institué. Autant dire l’échec renouvelé assuré.

Que peut choisir l’Assemblée des 8 et 9 ?

L’Assemblée des 8 et 9 ne doit elle donc rien faire ou décider ? Surtout pas ! Si déjà elle écartait explicitement à l’issue d’un débat approfondi et à l’issue de mois de questionnement et d’échanges ces deux impasses, elle aurait déjà accompli ce que nos Congrès précédents n’ont pas eu le courage de faire. A force d’y accumuler des textes votés par tout le monde, on se retrouve avec des textes « auberges espagnoles » et au spectacle que donne le Conseil National d’aujourd’hui dans ses débats largement bloqués, stériles et répétitifs.

Dans la section à laquelle je participe, en terme de mandat pour l’AG nous avons adopté entre autres les deux points suivants :

« Les hommes et les femmes avec qui construire l’alternative »
Division, sectarisme, virage à droite…. la situation de la gauche n’est pas une fatalité.
Il y a un peuple qui souffre et des jeunes sans avenir, il y a des militants politiques, associatifs, des syndicalistes, des simples citoyens qui aspirent à voir émerger une autre société.
Innover dans les formes de rassemblement, travailler à créer les conditions d’un travail collectif, créer un espace où chacun puisse se retrouver pour participer à la construction de cette alternative est de la responsabilité du Parti et de sa direction. Face à la droite, le PCF, avec celles et ceux qui le souhaitent, doit prendre la responsabilité d’engager la création d’un « nouveau Front Populaire »
« Le Parti Communiste »
L’avenir du Parti communiste c’est d’être partie prenante dans l’émergence et la construction d’une alternative au capitalisme. L’enfermement autour du seul PCF ou la dissolution du PCF, sont les deux facettes d’une même impasse ; celle qui consiste à construire l’alternative sans l’intervention citoyenne. Cette construction ne peut être le fait du seul PCF, elle doit s’inscrire dans une démarche politique radicalement innovante. Sans préjuger de l’évolution de notre organisation sous l’effet d’une dynamique populaire et d’une volonté très largement partagée par tous les communistes, aujourd’hui le PCF, comme collectif militant et comme repère, est indispensable.
Tout aussi indispensable est sa revitalisation qui associe dans la mise en œuvre d’un communisme au présent : autogestion, proximité et démocratie.

La réalité, comme l’histoire, mais aussi les cultures et les pratiques montrent qu’on efface pas des courants idéologiques comme un dessin au tableau, et qu’on ne construit pas des partis politiques comme on joue au Légo. Par contre la question de coopérations plus soutenues entre les forces, sensibilités, personnes, qui partagent l’ambition de transformations sociales profondes anticapitalistes, présentes dans toutes les familles politiques actuelles de la gauche et dans le peuple, est posée. Notre Assemblée des 8 et 9 pourrait faire le choix d’y inviter sous forme de « front », de « convergences »…poser cette volonté de le proposer, d’affirmer la disponibilité du PCF pour y travailler. Il y a de ce point de vue une initiative politique de longue haleine et profonde à dessiner.

Dans la politique et à un horizon largement prévisible, pour travailler efficacement à tout cela, il faut un parti politique : envisager ce qu’il faut « révolutionner » au PCF lui-même, pourrait être le troisième mandat issue de l’Assemblée des 8 et 9, ce qui suppose dans les débats que nous avons eu que notre activité à la fois pratique et intellectuelle, notre fonctionnement « crée du communisme au présent », « fasse vivre les valeurs pour lesquelles nous sommes communistes, permettent aux personnes de nous identifier, de nous reconnaître comme une force donnant envie de se mettre en mouvement avec elle ». Vaste chantier.

Jean Paul Duparc

(1) De même, on ne peut en rester au constat de divergences illustré par le débat publié par « l’Humanité » il y a trois semaines et intitulé « Communisme et PCF, quel avenir ? ». Outre que les femmes en était totalement absentes, les propos de Cirera, Cohen-Seat, Dimicoli, Gayssot, Martelli, nous resservait les mêmes, tenant des propos à peu près identiques à des tribunes libres publiées dès Juin. Il ne servirait à rien de venir à l’Assemblée Générale des 8 et 9 pour simplement assister à un « remake » d’un débat devenu rituel, si c’est pour en ressortir en n’ayant une nouvelle fois rien décidé
(2) Or visiblement à lire certains textes qui circulent ici ou là, d’aucuns n’ont qu’un seul objectif : qu’il ne sorte rien de « précis » de l’Assemblée des 8 et 9. Peut être parce que impliqués dans certains appels ( « maintenant à gauche » ou « gauche avenir » par exemple ) leur objectif prioritaire est de privilégier d’autres initiatives venues d’autres horizons.

Messages

  • C’est quoi les références de ce texte ? Marx, Jésus, Che, Mitterand ? Y aurait-il encore des exploiteurs et des exploités, une bourgeoisie et un prolétariat ? en France mais aussi dans le monde ?

    CN46400

    • L’article n’est pas si mal, et contrairement à une sorte d’évidence, Mitterrand ça s’est toujours écrit avec deux "t" et deux "r", vérifiable dans tout bon dictionnaire de noms propres.

    • Poursuivant plus sérieusement, nous pensons que les dirigeants du PC, au lendemain du NON au TCE, n’ont pas suffisamment cru à l’émancipation d’un nombre non négligeable de citoyens par rapport au capitalisme, petits salaires, chômage, et notamment parmi les jeunes.

      Le défaitisme fait des ravages. Pensez donc, plus de la moitié de concitoyens se retrouveraient pour continuer un combat anticapitaliste ? Prenant son découragement pour la réalité, la direction du PC est retournée vers ce qu’elle croit être des sécurités électorales, et vers les socialistes du OUI. Comme si le NON au TCE n’était qu’une passade, une envie de dire zut à Chirac, et autres caprices d’un moment.

      Erreur fatale qui perdure...