Les Atrocités Libyennes Sont-Elles Vraies ? Souvenez Vous Des Incubateurs Koweïtiens !

Au cours d’une guerre les histoires d’atrocités doivent être traitées avec scepticisme. Surveillant le champ de bataille où il avait autrefois combattu le célèbre général confédéral Stonewall Jackson se tournant vers un aide lui demanda : « n’avez-vous jamais pensé Sir quelle opportunité offre aux menteurs un champ de bataille ? »

Il voulait dire que dans une guerre les gens motivés par la peur, leur intérêt personnel ou un simple désir de donner un sens à une situation confuse et terrifiante inventent des histoires. Et au milieu d’un conflit qui évolue rapidement c’est encore plus difficile que d’habitude de prouver qu’elles sont fausses.

Lors du premier conflit du Golfe en 1990 1991 deux célèbres morceaux de propagande et de désinformation ont fortement aidé à obtenir le soutien pour la guerre en semblant démontrer la sauvagerie et duplicité du gouvernement irakien. Le premier c’était la venue d’une koweitienne de 15 ans devant le Comité du Congrès pour témoigner comment en tant qu’infirmière volontaire à l’hôpital elle avait vu des soldats irakiens sortir des bébés des incubateurs et les laisser mourir sur le sol. Son témoignage avait scandalisé jusqu’à ce que quelque temps plus tard on apprenne que c’était la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington bien entrainée qui n’avait jamais quitté les US pendant l’invasion du Koweït par l’Irak. (L’éditeur de Counterpunch Alexander Cockburn a été le premier à remettre en question l’histoire de l’incubateur à cause de fabrications évidentes concernant l’hôpital et la façon dont avait eu lieu le soit disant massacre).

La deuxième histoire a eu lieu quelques mois plus tard lors d’un bombardement et de frappe de missiles sur Bagdad. Peter Arnett de CNN a rapporté que les US avaient détruit une usine de lait à l’Ouest de Bagdad alors que le Pentagone affirmait furieusement que le bâtiment était une usine fabricant des armes bactériologiques. J’ai visité les ruines de l’usine le même jour qu’Arnett et je me souviens avoir lu des lettres portant sur des affaires de lait pour bébé que j’avais trouvé dans des bureaux dévastés de l’usine. Un grand nombre portait sur les tentatives avortées pour sauver l’usine de la faillite preuves convaincantes que les autorités irakiennes n’avaient pas pu fabriquer du jour au lendemain.

Les gouvernements ne sont pas devenus moins menteurs ces 20 dernières années entre la guerre d’Irak en 1991 et celle de Libye en 2011. L’histoire qui illustre le mieux semble- t-il la nature diabolique de Muammar Kadhafi actuellement c’est qu’il a donné l’ordre à ses troupes de violer les femmes qui s’opposaient à lui et son achat de comprimés type Viagra pour encourager ses troupes à le faire. Cette histoire a été répétée pendant un certain temps mais est devenu crédible quand le procureur de la la Court internationale de Justice, Luis Moreno Ocampo, a dit qu’il avait des preuves que le dirigeant libyen avait personnellement donné l’ordre de violer en masse. Cette semaine la secrétaire d’état US, Hillary Clinton, a dit qu’elle était « profondément inquiète » des informations comme quoi les troupes de Kadhafi se livraient au viol de masse comme arme de guerre.

Cela ne fait aucun doute qu’il y a eu des viols individuels. Le plus connu, celui d’Iman al-Obeidi faisant irruption dans un hôtel de Tripoli rempli de journalistes le 26 Mars pour raconter de façon crédible comment elle avait été violée par des hommes de la sécurité de Kadhafi avant d’être emmenée à l’écart. Mais malgré les accusations de la CIJ Amnesty International et HRW n’ont trouvé aucune preuve d’un tel ordre gouvernemental de viol de masse bien qu’elles aient mené des enquêtes étendues. Diana Eltahawy, experte d’Amnesty International en Libye, m’a dit que les enquêteurs d’Amnesty en Libye n’avaient trouvé aucune preuve d’une telle politique.

Est-ce que les femmes pourraient se taire à propos de ce qui leur ait arrivé par honte ou parce qu’elles ont peur d’être tuées pour sauver « l’honneur d e la famille » ? Ms Eltahawy a dit :

« nous avons parlé à des femmes sans personne d’autre autour partout en Libye inclus dans Misrata et sur la frontière Tunisie - Libye. Aucune d’entre elles ne connaissait quelqu’un qui avait été violé. Nous avons également parlé avec de nombreux médecins et psychologues, même résultat. « Liesel Gerntholtz qui dirige la section droits des femmes à HRW qui a également enquêté sur les accusations de viol en masse dit : « nous n’avons pas pu trouver de preuve. Nous n’avons pas pu le vérifier. » Elle a insisté sur le fait que les enquêtes de son groupe étaient en cours.

Un élément de preuve de viols de masse est apparu le mois dernier sous la forme d’une étude du Dr Seham Sergewa, une pédiatre qui a travaillé avec des enfants traumatisés par les combats. Elle a distribué 70 000 questionnaires à des Libyens dans des camps de réfugiés et reçu 59 000 réponses.
Elle dit :

« nous avons trouvé 10 000 personnes souffrant de PTSD (désordre lié à un stress post traumatique) 4000 enfant souffrant de problèmes psychologiques et 259 femmes violées. » Elles disent qu’elles ont été violées par les milices de Kadhafi parfois devant leurs familles. Dr Sergewa a dit avoir interviewé 140 de ces femmes violées. Mais Ms Eltahawy dit que quand Amnesty International a demandé si elle pouvait rencontrer l’une d’entre elles le Dr Sergewa a dit : « qu’elle avait perdu le contact avec elles et qu’elle était la seule a être en contact direct avec les victimes. » Compte tenu de la déclaration d’Amnesty International qu’elle n’avait pas pu trouver de preuve de viols de masse, il semble que l’organisation ne considère pas les études faites par le Dr Sergewa comme crédibles.

Certains soldats pro Kadhafi capturés affirmant qu’ils avaient connaissance de viols comme politique officielle ont été présenté à la TV. Mais Amnesty a trouvé que quand un enquêteur parlant arabe leur a rendu visite en prison sans la présence d’un officiel dans la pièce ils n’ont pas répété l’accusation.

Comme en Irak des journalistes ont été hyper crédules et les gouvernements occidentaux défendent leurs intérêts en rapportant des histoires d’atrocités sur le gouvernement libyen qu’il y ait ou non des preuves là-dessus. Une autre histoire de Libye que croient tous les rebelles c’est qu’un grand nombre de combattants dans les unités pro Kadhafi sont des mercenaires d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Ms Eltahawy dit qu’Amnesty n’en a trouvé aucune preuve. Le seul massacre commis par le régime de Kadhafi ayant fait des centaines de victimes qui est jusqu’à présent bien documenté c’est celui des tueries dans la prison Abu Salim à Tripoli en 1996 au cours desquelles au moins 1200 prisonniers sont morts selon un témoin fiable survivant.

Les lignes de fronts bruissent toujours de rumeurs de massacres imminents ou de viols qui se propagent rapidement parmi des personnes terrifiées qui pourraient être les possibles victimes. On peut comprendre quelles ne veuillent pas attendre pour voir si ces histoires sont vraies ou pas. J’étais à Ajdabiyah une ville sur la ligne de front à 1h ½ au Sud de Benghazi en début d’année quand j’ai vu des voitures chargées de réfugiés paniqués s’enfuyant sur la route. Ils venaient juste d’entendre via Al Jazeera arabe une information complètement fausse que les forces pro Khadafi avaient effectué une percée.

De même Al Jazeera publiaient des informations non vérifiées sur des hôpitaux attaqués des banques de sang détruites des femmes violées et des blessés exécutés.

La vérification d’atrocités est d’une extrême importance car si les gens veulent essayer de les faire cesser ils doivent être surs qu’on leur dit la vérité et non pas que c’est de la propagande. L’une des conséquences dommageables des mensonges anti allemands racontés par les propagandistes pendant la Premier Guerre Mondiale c’est que quand 20 ans plus tard les Nazis se sont effectivement livrés à des massacres de masse les preuves de leurs crimes ont été au début considérées avec énormément de scepticisme.

http://www.counterpunch.org/patrick06202011.html

http://bellaciao.org/en/spip.php?article20900