Les Verts : les courants ont tu leurs divergences lors de l’université d’été

Les Verts choisissent l’union de façade

Les courants ont tu leurs divergences lors de l’université d’été. A trois mois du congrès.

Par Alain AUFFRAY, Toulouse

Les écologistes ne pouvaient pas indéfiniment se déchirer en public. De l’avis général, c’est dans un climat inhabituellement « pacifié » et même « amical » que plus d’un millier de militants se sont séparés hier, à Toulouse, après quatre jours d’université, une manif à vélo et une action anti-OGM. A trois mois du congrès, ce rassemblement a surtout servi de tour de chauffe pour les représentants de la demi-douzaine de sensibilités qui prétendent diriger le parti pendant les deux prochaines années.

Les amis de Dominique Voynet ont l’ambition d’être au centre de cette future majorité qui aura à préparer les échéances de 2007 et à négocier avec le PS des accords pour les législatives et les municipales. A Toulouse, ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour s’assurer un maximum de ralliements et pour fermer la parenthèse ouverte au congrès de Nantes, en 2002, quand une « coalition de circonstance » a pris le pouvoir. Frustrés par le bilan de la gauche plurielle, les militants avaient alors choisi de couper les têtes et de confier aux représentants de la sensibilité la plus radicale ­animée par Gilles Lemaire, Yves Contassot et Alain Lipietz le soin de promouvoir un rapprochement avec la gauche altermondialiste.

« Nuances ». Candidate déclarée à la succession de Lemaire, la voynétiste Mireille Ferri, vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France, estime que le « climat apaisé » de cette université d’été résulte de la « profonde lassitude » des militants. Sans cacher son amusement, Voynet notait samedi que la députée de Paris Martine Billard avait qualifié ce qui faisait débat chez les Verts de simples « nuances ». Venant d’une militante favorable à la constitution d’un « pôle de radicalité » incluant l’extrême gauche, cette retenue est effectivement nouvelle.

L’objectif déclaré de l’entourage de Voynet est de préparer pour le congrès une motion soutenue par une majorité absolue de militants. « Nous serons plus forts pour préparer 2007 », explique Denis Baupin, maire adjoint de Paris et maître d’oeuvre de cette stratégie de reconquête. Un premier pas avait été franchi au début de l’été avec le rapprochement des voynétistes et de Rénovons, la sensibilité écololibérale animée par Marie-Hélène Aubert, députée européenne. Pour Baupin, les conditions d’un rassemblement sont réunies depuis que les élections du printemps ont démontré la nécessité d’accords nationaux avec le PS : « Faute d’accords, on a servi de rabatteurs de voix pour les socialistes, qui monopolisent tous les postes de présidents dans les régions et les départements. » A Reims, pour leur congrès, les Verts s’apprêtent, selon lui, à ouvrir le troisième chapitre de leur histoire : « Il y a eu le ni gauche ni droite des années Waechter (1984-1994) ; il y a eu le "nous sommes de gauche" des années 1994-2004 ; nous devons maintenant dire que nous nous situons au coeur de la gauche et que nous ne nous contenterons pas d’en être un aiguillon. » Dans les coulisses des journées de Toulouse, Baupin a multiplié les rencontres pour élargir son rassemblement. Avec Voynet, il s’est notamment employé à convaincre Noël Mamère de renoncer à son projet de motion au congrès. Le maire de Bègles s’est laissé séduire. Mais ce changement de stratégie a été, samedi soir, violemment contesté par ses proches (lire ci-contre).

« Choix clairs ». A l’évidence, la majorité des militants souhaite que les Verts puissent enfin afficher leur unité. Au point que certains ont dû mettre en garde contre la tentation d’un « rassemblement minimal » passant sous silence les points de clivage. Comme Aubert, beaucoup souhaitent que le congrès fasse des « choix clairs », notamment en disant oui au traité constitutionnel européen et en assurant « que les Verts ont, sur les questions économiques et sociales, un programme qui ne se confond pas avec celui d’Attac ». En d’autres termes : les acteurs de la reconquête voynétiste veulent s’assurer que la parenthèse Lemaire s’est bel et bien refermée.

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