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Les allègements de charges multiplient les smicards

Publie le lundi 3 décembre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain.

Les allègements de charges multiplient les smicards

Les trappes à bas salaires sont l’un des effets pervers de la politique systématique de dégrèvement des charges sociales. Tous les gouvernements qui se succèdent depuis Edouard Balladur, inventeur de la chose, pratiquent les exonérations de charges sociales sur les bas salaires, afin d’inciter à embaucher des emplois peu qualifiés. Et de fait on embauche des salariés peu qualifiés autour du Smic, on crée beaucoup d’emplois mal payés, et d’une certaine manière on déqualifie le travail. On tasse la qualification du travail français vers le bas.

Qui paye la protection sociale ?

Comme ces salariés ont fort heureusement droit à la protection sociale, et que les patrons ne payent pas de cotisations sociales pour eux, il faut bien que ce soient les cotisations sociales sur d’autres catégories qui compensent. Disons que grosso modo ce sont les cadres qui payent une part de la protection sociale des non cadres. De fait, il existe bien une progressivité de la cotisation sociale, due aux dégrèvements de charges concédés aux patrons.

Et, du fait de la forte progressivité des cotisations sociales autour du Smic, un employeur y regarde à deux fois avant d’augmenter un salaire, car le coût du travail augmente proportionnellement plus vite. Conclusion : lorsqu’on est au Smic, on a de grandes chances d’y rester.

Autre conséquence, l’augmentation du nombre de salariés payés au Smic, cette politique d’aide systématique aux bas salaires a un deuxième effet pervers : la surqualification. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas que des gens peu qualifiés qui occupent ces postes eux-mêmes peu qualifiés, mais aussi diplômés, qui les occupent faute de mieux. « Alternatives économiques » a publié dans son dernier numéro un tableau remarquable fait par Eurostat, l’organisme statistique des communautés européennes, montrant que la France est le pays de l’OCDE comportant le plus de Smicards : 15%. Dans tous les pays riches - Grande Bretagne, Etats-Unis, Pays Bas, Belgique etc - la proportion de Smicards est de 1 à 2% seulement. Du coup la France est un pays égalitaire, mais où les revenus sont concentrés dans le bas de l’échelle, avec un Smic plus faible qu’ailleurs (le Smic français est plus faible que le Smic anglais par exemple). Décidément, la politique d’allègement des charges sociales est à revoir.

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Retrouvez « L’autre économie » de Bernard Maris, en direct sur France Inter, du lundi au vendredi à 6h49.

Lundi 03 Décembre 2007 - 07:25
Bernard Maris

 http://www.marianne2.fr/Les-allegem...

Messages

  • Ben oui pourquoi augmenter le salarié pour perdre l’allègement.

    Faut pas sortir de St Cyr pour comprendre cela.

    Ca fait plus de 4 ans que je dénonce ce scandale.

    Pratique courante chez les franchisés Accor.

    Allègement pour la boîte donc allègement dans les rentrées des caisses de sécu et de retraite.

    Par contre pour ce qui est de distribuer les actions aux actionnaires sont contents aussi vu que les allègements permettent d’augmenter le montant des dividendes.

    15 milliards aux plus riches rien aux plus pauvres.

    Margue

    • C’est pas innocent ce qui se passe en ce moment, car la généralisation du smig sans charges, payés par les salariés à peine mieux lotis, c’est fait pour généraliser ce système, casser définitivement la sécu solidaire, pour orienter vers les assurances privées, et du même coup faire du smig le salaire chinois de base ici en France ! Parisot et Sarko se frottent déjà les mains !

      Regarder partout, tout vient de Chine, et les entreprises agro-alimentaires sont en train d’être rachetées par les chinois. Eh oui, après l’habillement, les chaussons, les jouets, voilà qu’ils s’attaquent à notre alimentation avec la bénédiction des pontes de la grande distribution qui s’en mettent plein les poches au passage. Tiens, le très médiatisé monsieur Leclerc a récemment affirmé que les chinois fabriquaient pour lui et les autres une sauce tomate, vendue sous diverses marques, à bas prix, mais que cette même sauce servait aussi dans la composition des plats cuisinés ! Je comprends mieux pourquoi ça n’a plus le goût d’antant. Berck ! On ne m’y reprendra plus !

      Jusqu’où vont-ils aller les pontes français et les chinois ? Et nous jusqu’où laisserons-nous faire, car il y va de nos emplois et de notre qualité de vie ? Faudrait consommer français, mais si les chinois sont derrière, à nous vendre de la quincaille et de la "bouffe dégueu", faudra se tenir au courant pour slalommer entre les bons et les mauvais produits !

      Malheureusement, il est à craindre une attaque en règle de notre smig, une fois que Parisot aura obtenu le feu vert pour dérèglementer le travail ; elle avance pas à pas, détruit lois après lois, pendant que le privé braille sur leurs fins de mois difficiles. Attendez de voir, ça promet !

      Tout de même, un léger espoir dans ce privé, privé de parole, de droit syndical, il y a encore des gens d’honneur, comme les salariés des magasins conforama qui feront grève tous les dimanches de décembre.
      Comment les aider, eh bien en refusant d’aller le dimanche dans ces magasins ! Idem pour les carrefours et autres, même s’ils font des propositions alléchantes, il faut RESISTER au matracage publicitaire ! Nous avons le pouvoir, il faut se le garder jalousement, car le client est roi et si on veut, quand on veut, on peut faire la pluie et le beau temps dans les finances de ces messieurs de la haute bourgeoisie.

      Puisqu’ils ont décidé de nous faire crever de faim, nous allons les aider à venir nous rejoindre ! Plus de consommation inutile, réapprenons à faire la cuisine, et tout le reste, faisons des choix différents, parallèles, aidons les petits agriculteurs (enfin ceux qui restent) à nous faire des fruits et légumes sains dans la pure tradition d’antan. Débrouillons-nous par nos réseaux (nous en avons nous aussi) pour changer notre vie, car c’est pas par Sarko que viendra le salut !