Les communistes dans le noir

de Boulard Denis, Journal du Dimanche du 09 décembre 2007

En assemblée extraordinaire ce week-end à la Défense

En 1902, Lénine posait la question de la prise du pouvoir en interrogeant : « Que faire ? » Un siècle plus tard, le Parti communiste français (PCF) en est là.

Non pour prendre le pouvoir, mais plus prosaïquement pour éviter de disparaître. Réunis ce week-end sous la Grande Arche de la Défense (Hauts-de-Seine), quelque 1.500 délégués issus des « sections » (les mythiques cellules rebaptisées) débattent lors d’une « assemblée extraordinaire ».

L’objectif affiché ? Définir le cadre de la réflexion à mener sur le Parti jusqu’au congrès fin 2008, au cours duquel Marie-George Buffet, elle l’a d’ores et déjà annoncé, rendra les clés du secrétariat national qu’elle détient depuis octobre 2001. D’entrée de jeu, décor et programme apparaissent moins austères qu’autrefois.

Les délégués sont installés par dix autour de tables rondes et ils ne travaillent plus en « ateliers », mais en « ruches ». Au-dessus de la tribune, bizarrement elle aussi constituée de tables rondes, une banderole laisse croire que l’impossible est à portée de voix : « Débattre ensemble, repenser le changement ».

Cerise sur le gâteau, des « refondateurs » aux « orthodoxes », tous affirment qu’il « n’y a plus de ligne majoritaire et qu’aujourd’hui le Parti navigue à vue ». Ainsi, même l’incontournable appellation communiste serait menacée ! Pas si simple, camarades…

Souriante, Marie-George Buffet prend le temps d’expliquer dans les couloirs que « toutes les envies peuvent et doivent s’exprimer ». Mais elle réaffirme aussitôt son attachement « à la visée communiste, même si elle reste à redéfinir ».

Exit, donc, sans plus de procès, les rêves de changement de nom ! Cette semaine, le Conseil national du PCF (le « Parlement » du Parti) a voté un texte dans lequel il affirme que « toutes les options sont ouvertes » dans le débat à venir.

Hier, Marie-George Buffet précisait ses priorités : « Nous devons mener la riposte à la politique de Sarkozy, notamment sur le pouvoir d’achat, la précarité, la place des jeunes dans la société… » Oui, vraiment, que faire ?

Les communistes aimeraient bien le savoir pour sortir de l’ornière électorale.

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