Accueil > Les handicapés manifestent contre Diafoirus-Diaffarin

Les handicapés manifestent contre Diafoirus-Diaffarin

Publie le dimanche 29 février 2004 par Open-Publishing

Au Sénat, ils se disaient déçus par le projet de loi les concernant.

Devant le Sénat : « Assez de promesses, des actes ! » scande le haut-parleur à
l’adresse des parlementaires. Ils sont 300 environ, la plupart en fauteuil
roulant, les autres sur des béquilles ou simplement venus en
accompagnateurs.

Déception. Au premier jour de l’examen du projet de loi sur le handicap par
le Sénat, les handicapés sont venus dire leur déception. Organisés par
l’Association des paralysés de France (APF), des rassemblements avaient lieu
dans plusieurs grandes villes. Prévu pour « l’égalité des droits et des
chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », ce
projet de loi a été présenté par Jacques Chirac comme l’un de ses grands
chantiers.

Défendu par la secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées,
Marie-Thérèse Boisseau, il introduit un droit à la compensation des dépenses
liées aux invalidités, crée des maisons départementales du handicap et
amplifie l’effort en matière d’accessibilité. Aux yeux des intéressés, il ne
s’agit toutefois que d’une « demi-loi ». « On en a fait une priorité, ne
faisons pas les choses à moitié ! » renchérit l’affiche de l’APF.

Trois
comédiens en Diafoirus-Diaffarin raillent la politique de « cautère sur une
jambe de bois » du gouvernement, et Jean-Marie Coll, vice-président de l’APF,
souligne l’ampleur de la tâche : « Deux tiers des cinémas, la moitié des
bureaux de vote restent inaccessibles aux handicapés. » « Nous voulons être
présents dans la ville », reprend Marie-Sophie Desaulle, châle rouge et
enthousiasme communicatif.

Ressources. La présidente de l’APF n’est pas démentie par Frédéric, 35 ans,
qui peste chaque jour contre « les trottoirs trop hauts » ou « le chauffeur de
bus qui se gare mal ». Jean-Marie Coll veut aussi parler du « problème très
sensible des ressources » : « Comment vit-on avec 580 euros par mois ? » Le
montant de l’allocation adulte handicapé (AAH), doit souvent couvrir les
prestations quotidiennes d’une tierce personne, ainsi qu’une large part du
coût d’un fauteuil roulant (pour un modèle de base à 1 500 euros, la
Sécurité sociale n’en rembourse pas plus de 500).

La frite. Simone, visage jovial, étrangement reliée à un tronc immobile, a
besoin d’une aide trois fois par jour. Malgré la Cotorep et l’AAH, « le plus
dur pour moi, ce sont les ressources », souffle la jeune femme au fauteuil à
manettes.

« Tous ceux qui sont là ont la frite », assure Jacques, membre du Collectif
des démocrates handicapés : « Il faut politiser le débat, il n’y a pas
d’autre solution. »

Libération