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Les jeunes Chiliens durcissent leur mobilisation contre le système éducatif
Publie le mercredi 7 juin 2006 par Open-PublishingUne grève nationale a paralysé, lundi 5 juin, les établissements scolaires au Chili, à l’appel des lycéens qui réclament une réforme du système éducatif, hérité de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990). Cette révolte de centaines de milliers d’élèves du secondaire, soutenus par les étudiants des universités, le syndicat des professeurs (100 000 adhérents) et une centaine d’organisations sociales, secoue le pays depuis un mois et constitue le premier conflit auquel est confrontée la présidente socialiste, Michelle Bachelet, depuis sa prise de fonctions le 11 mars.
Les manifestants, qui dénoncent la mauvaise qualité de l’éducation et les grandes inégalités budgétaires entre l’enseignement public et privé, réclament aussi la gratuité du transport et celle d’un baccalauréat aujourd’hui payant. Ils ont jugé insuffisantes les mesures proposées par Mme Bachelet, qui avait fait de l’éducation un des principaux thèmes de sa campagne électorale.
La présidente chilienne a annoncé lundi le dépôt imminent d’un projet de loi pour réformer la Constitution et "consacrer le droit de tout citoyen à une éducation de qualité". La dictature militaire avait confié la gestion des établissements publics aux municipalités, dépourvues de moyens, aggravant l’écart avec le secteur privé. Le gouvernement a également promis des bourses aux plus démunis pour le baccalauréat ainsi qu’un assouplissement du tarif des transports.
Selon Mme Bachelet, la Concertation démocratique - coalition de centre-gauche (socialistes et démocrates chrétiens) au pouvoir depuis 1990 - a toujours tenté de réformer l’éducation mais s’est heurtée à l’opposition de la droite. Depuis les élections législatives de décembre 2005, cette coalition dispose de la majorité au Sénat et à la Chambre des députés.
"Les étudiants ont fait sentir leurs revendications, que j’ai qualifiées de justes et légitimes, pour une éducation de meilleure qualité, et ils l’ont fait de manière pacifique", a déclaré la présidente chilienne, jugeant toutefois la grève "inutile".
Des incidents ont eu lieu, lundi, à Santiago, qui se sont soldés par 254 arrestations et des dizaines de blessés, dont 17 carabiniers. La semaine dernière, les manifestations avaient été durement réprimées par la police. Mme Bachelet avait limogé le chef des forces spéciales de la police.