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Les kurdes avertissent l’Armée syrienne libre
par Maxime Azadi
Publie le mardi 3 juillet 2012 par Maxime Azadi - Open-PublishingLe principal mouvement kurde syrien TEV-DEM a lancé un avertissement à l’Armée syrienne libre (ASL), formée et financée par l’Occident et le duo qataro-turc, en cas d’ingérence dans le Kurdistan syrien. « Aucune force ne peut menacer les kurdes sur le sol du Kurdistan » a-t-il affirmé.
Selon des sources kurdes, l’ASL a menacé dans un communiqué le principal parti kurde PYD et les comités de légitime défense, après la démarche de quelques membres du Congrès national kurde (CNK), deuxième formation kurde, auprès de l’ASL pour une intervention contre PYD.
Le mouvement de la société démocratique du Kurdistan Occidental (TEV-DEM) qui regroupe plusieurs formations kurdes dont le PYD a dénoncé la multiplication des tentatives d’attaques dans le Kurdistan syrien après les menaces provenant de l’ASL. Le mouvement kurde a dit que cette plainte de quelques kurdes auprès de l’ASL fait partie d’un plan secret de la Turquie visant à créer des tentions entre les kurdes.
Plan secret contre les kurdes
Les médias kurdes ont récemment révélé un document secret du ministère des affaires étrangères de la Turquie adressé au consulat turc d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Le document dont l’ActuKurde s’est procuré une copie détaille les moyens qui doivent être utilisés pour affaiblir et éliminer le PYD, accusé d’être filiale syrienne du PKK, organisation armée et populaire qui lutte contre Ankara depuis 30 ans.
Le document parle d’une campagne de désinformation et de manipulation, ainsi qu’il souligne l’importance des aides diplomatique, économique et militaire accordées aux militants sunnites. Le plan envisage d’empêcher les kurdes de Syrie qui œuvrent pour une autonomie démocratique et de créer des divisions entre eux pour briser l’influence du PKK afin de les pousser dans une guerre civile.
TEV-DEV dénonce également la « complicité de certains kurdes qui s’inscrit dans le cadre de ce plan » et avertit : « Notre réponse sera ferme contre tout projet mal intentionné »
Campagne de désinformation
« L’ASL ne doit pas s’ingérer dans les affaires kurdes » a dit le mouvement kurde, affirmant : « Aucune force ne peut menacer les kurdes sur le sol du Kurdistan. »
Il a ajouté qu’un conflit entre les opposants ne servira qu’au régime syrien : « Notre mouvement lutte contre le régime Baas en Syrie depuis tout début et a donné des dizaines de martyrs pour la liberté et la démocratie au Kurdistan occidental (…) Quelques médias créent instamment des liens le nous et le régime. Ils disent que les comités de défense du peuple empêchent les manifestations anti-régime. Ces allégations sont infondées et mensonges. Nous organisons des grandes manifestations contre le régime syrien. Nous crions la liberté et la démocratie et nous appelons à la chute du régime Baas. »
Sous la menace directe du régime syrien et la Turquie, et face au silence, la complicité et les manipulations de l’Occident, les kurdes poursuivent à construire leur autonomie démocratique, en ouvrant à l’initiative du principal parti kurde PYD des écoles de langue, interdits jusqu’à la révolte lancée en mars 2011, créant des communes, des conseils du peuple et des comités de légitime défense pour protéger la population kurde, estimée entre 2 et 3 millions, soit 15 % de la population du pays.
Comités de défense légitime
Face à l’aggravation de la crise, le régime Baas n’est pas en mesure de confronter le peuple kurde. Un peuple qui est déterminé à ne pas rater cette opportunité historique afin de prendre leur véritable place au Moyen-Orient.
Des comités de défense du peuple sont indispensables et un droit légitime face à cette situation qui pourrait dégénérer en une guerre régionale, selon le mouvement kurde. Grace à des comités de défense au sein du TEV-DEM, plusieurs tentatives d’attaques ont été repoussées aux frontières du Kurdistan syrien. Au moins cinq membres de ces comités ont été tués depuis mi-mars 2011, a-t-on appris.
Les kurdes ne font pas confiance au Conseil National Syrien, formé à Istanbul et soutenu par l’Occident, mais aussi par le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite, ces trois pays qui ne sont pas moins pire que la Syrie. Le conseil national dominé par les islamistes refuse de reconnaitre les droits du peuple kurde en tant que nation dans un pays laïc, démocratique et fédéral. Les kurdes n’ont aucune sympathie pour le régime Baas, au pouvoir depuis 40 ans, et lutte pour un changement du régime au profit d’une autonomie démocratique.
Turquie cherche des provocations
Le CNS a désormais un président kurde, Abdel Basset Sayda, âgé de 55 ans, exilé en Suède depuis près de 20 ans. Le nouveau chef n’a aucune influence sur les kurdes qui refusent toute solution ignorant l’autonomie démocratique.
Pour Aldar Khalil, un responsable du TEV-DEM, la Turquie cherche une guerre en Syrie, tout en soulignant que l’influence de la Turquie au Moyen-Orient est exagérée. « Le vent souffle différemment ici » dit-il et poursuit : « Alors que les tactiques politiques face à la Syrie ont échoué, la Turquie cherche désormais des provocations dangereuses (…) Il est possible que les services secrets turques planifient des attentats et des meurtres au Kurdistan occidental. »
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