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Les soins psychiatriques dans les prisons jugés "indignes"
Publie le lundi 10 décembre 2007 par Open-PublishingSTRASBOURG (Reuters) - Les conditions de prise en charge des troubles psychiatriques dans les prisons françaises sont à différents égards contraires à la dignité humaine estime le Comité européen de prévention de la torture (CPT) dans un rapport publié à Strasbourg
Ce comité d’experts du Conseil de l’Europe critique en particulier le fait que ces détenus qui "souffrent de décompensations psychotiques graves" sont souvent placés en quartiers d’isolement, voire en quartiers disciplinaires, faute de pouvoir bénéficier d’une hospitalisation.
Cette situation rencontrée à la centrale de Moulins-Yzeure (Allier) et dans une moindre mesure à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) lors d’une visite périodique effectuée en septembre-octobre 2006 "s’apparente à un traitement inhumain et dégradant", affirme le CPT.
Même verdict concernant le traitement infligé à ces patients de la maison d’arrêt de Fresnes contraints de rester nus dans une cellule d’isolement pendant deux à sept jours, sous la surveillance visuelle du personnel pénitentiaire, en attendant de pouvoir être hospitalisés.
Le gouvernement français, qui a donné son accord, comme c’est la règle, pour la publication de ce rapport, justifie cette mesure par les risques de suicide et indique expérimenter à Fresnes le port d’un pyjama en tissu déchirable.
Le CPT estime en revanche n’avoir reçu aucune réponse satisfaisante à sa demande de réexamen des mesures de sécurité appliquées aux patients de l’Unité d’hospitalisation sécurisée du centre hospitalier de Moulins-Yzeure.
"Malgré le dispositif sécuritaire mis en place au sein de cette structure de soins, les détenus qui y étaient soignés étaient systématiquement attachés à leur lit, sans interruption, le plus souvent avec des entraves aux chevilles et avec une main menottée au cadre du lit", décrivent les experts.
"Ces entraves et ces menottes étaient également portées aux toilettes et à la douche. Par ailleurs, trois fonctionnaires de police étaient présents aux côtés du patient pendant tout acte médical, même le plus intime", ajoutent-ils.
"Tous les interlocuteurs rencontrés par la délégation, tant dans les ministères compétents (Justice, Santé) que sur le plan local, les personnels de santé et de direction dans les établissements visités, ont admis l’état dramatique dans lequel se trouve la psychiatrie pénitentiaire en France", souligne le CPT.
Gilbert Reilhac