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Les soldats blessés racontent l’embuscade, les combats, les erreurs...

Publie le jeudi 21 août 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

La France a connu, dans la soirée du lundi 18 août, ses premières lourdes pertes en Afghanistan, au cours d’une embuscade qui a coûté la vie à dix soldats français et blessés vingt et un de leurs camarades. Selon une source militaire en poste à Kaboul, les combats ont fait rage de 13 h 30 jusqu’à la nuit. Les derniers blessés ont été évacués mardi vers 2 heures du matin.

Les dix soldats tués appartenaient au 8e Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa), basé à Castres (Tarn), au 2e Régiment étranger de parachutistes (REP), basé à Calvi (Haute-Corse), et au Régiment de marche du Tchad (RMT), basé à Noyon (Oise).

Dès l’annonce officielle de leur décès, Nicolas Sarkozy a tenu à justifier la présence et l’envoi de troupes françaises sur le sol afghan. "La cause est juste, a déclaré le président français. C’est l’honneur de la France et de ses armées de la défendre. Au nom de tous les Français, je renouvelle à nos armées la confiance de la Nation pour remplir leur mission." Au même moment, interrogé par l’Agence France-Presse, un porte-parole des talibans revendiquait l’attaque. "Ce matin, a déclaré Zabihullah Mujahed, nous avons tendu une embuscade aux troupes de l’OTAN dans le district de Saroubi à l’aide de mines et de roquettes. Nous avons détruit cinq véhicules et infligé de lourdes pertes."

L’opération dans laquelle étaient engagés les soldats s’inscrivait dans le cadre de l’extension du mandat des troupes françaises en Afghanistan, et notamment dans la province de Kapisa, décision prise par le président Sarkozy après le sommet de l’OTAN de Bucarest début avril. Les soldats du 8e RPIMa, arrivés le 23 juillet en Afghanistan, figuraient à l’avant-garde d’un convoi, comprenant aussi des troupes de l’armée afghane et des forces spéciales de l’armée américaine, chargé de reprendre le contrôle d’une zone abandonnée aux insurgés entre les provinces de Kaboul et de Kapisa.

Au sein de l’état-major de l’OTAN, à Kaboul, on confirmait, mardi soir, que la mission de ce convoi consistait à sécuriser une route jusque-là considérée comme dangereuse et peu fréquentée entre les districts de Saroubi, appartenant à la région de Kaboul où se trouvent des troupes françaises depuis 2002, et de Tag Ab, dans la province voisine de Kapisa où a été affecté le nouveau contingent envoyé cet été par la France.

Cette route en lacet, interminable et idéale pour les embuscades, ne revêt, en soi, que peu d’intérêt stratégique, car on peut accéder à cette région, connue sous le nom de Kohistan, par d’autres voies. On note juste la présence d’un barrage dans le district de Saroubi. Cette mission consistait à faire le lien entre deux provinces désormais sous contrôle des Français.

Le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, a décrit, lors d’une conférence de presse à Paris, ce qu’il a décrit comme "une embuscade bien montée". "Arrivé à proximité d’un col, le chef de section a fait débarquer l’élément de tête de sa section pour aller reconnaître le site à pied." C’est à ce moment-là que "le feu nourri" des assaillants a surpris la patrouille. "Le chef de section a été blessé à l’épaule tout de suite, ce qui a contribué à la désorganisation", a ajouté le général Georgelin, pour lequel l’attaque a correspondu à "un schéma d’embuscade classique". Puis s’est engagée "une série de combats qui ont duré jusque tard le soir, sur un terrain extrêmement favorable à l’ennemi", selon le général, tandis que "les appuis aériens étaient apportés par la coalition".

Ce récit officiel paraît toutefois fort incomplet en comparaison des témoignages de soldats français blessés dans l’embuscade et rencontrés par Le Monde mercredi matin à Kaboul.

Le nombre de victimes s’expliquerait notamment, selon ces soldats, par la lenteur de la réaction du commandement et de sérieux problèmes de coordination. L’unité de reconnaissance chargée d’approcher le col à pied est restée sous le feu ennemi "pendant près de quatre heures sans renfort". "Nous n’avions plus de munitions pour nous défendre avec d’autres armes que nos Famas", raconte un blessé.

Les frappes aériennes de l’OTAN censées permettre aux soldats assaillis de sortir du guet-apens ont par ailleurs, selon les blessés, raté leur cible et touché des soldats français, de même que des tirs venant des soldats afghans positionnés en aval. Les communications radio ont par ailleurs été coupées avec les unités du Régiment du marche du Tchad, créant une grande frustration parmi les soldats coincés au col.

"Lorsque nous sommes arrivés à cinquante mètres de la ligne de crête, raconte un soldat, les tirs ont commencé. Ils n’ont pas cessé pendant six heures. Parmi les attaquants, il y avait des tireurs d’élite, ils étaient plus nombreux que nous et nous attendaient. On les entendait recharger leurs armes."

Les survivants à l’attaque s’interrogent également sur l’absence de mise en veille, comme c’est le cas pour ce type de mission à risque, d’une force d’action rapide. "Il faut près de trois heures pour arriver au col, suffisamment de temps pour que les talibans soient prévenus par des complices de notre arrivée."

Contrairement à la version officielle, les victimes ne sont pas toutes mortes lors des premiers tirs ennemis mais, selon les soldats interrogés, au fil des affrontements.

La région de l’embuscade, située au nord de Kaboul, a longtemps été sous l’emprise du mouvement islamiste Hezb-e-Islami du chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar. Cette organisation y est toujours présente, mais l’implantation islamiste radicale s’est largement diversifiée. Hekmatyar est passé, comme Jalaluddin Haqqani dans l’est de l’Afghanistan, de la résistance à l’armée russe à la lutte aux côtés du mouvement taliban du mollah Omar.

C’est cette coalition d’insurgés, talibans afghans et combattants d’Hekmatyar, alliés aux talibans pakistanais et à Al-Qaida, qui a tendu un piège mortel aux soldats français.

Jacques Follorou

 http://www.lemonde.fr/asie-pacifiqu...

Messages

  • LES AMÉRICAINS APPELLENT ÇA DES TIRS AMIS !
    IL N’EST VRAIMENT PAS BON D’ÊTRE L’AMI DES AMÉRICAINS !

  • Ce nest pas dans la presse francaise, completement aux ordres, quon peut lire ce genre dinformation... Cest dire le garde-a-vous totale de la profession devant le nain de lelysee et son drapeau. Des tirs amis ! Quelle ironie ? Les soldats francais sont morts dun "tir ami".

    Comme les 3 000 morts victimes du 11-Septembre...

    Pierre Sergent, cet officier de reserve devenu journaleux, sur Antenne 2, a raison, lors des funerailles des victimes, de lier la mort des dix soldats francais, en Afghanistan, et le 11-Septembre...

    Ce sont des avions et des missiles US qui ont tue 3 000 americains, a New York et au Pentagone, et qui ont assassine, aujourdhui, dix troufions, partis sportivement a labattoir.

    Himalove

    • Cher Himalove,

      Fais bien attention toutefois à une propagande bien faite.

      Hier, j’ai vu sur FR3 un reportage prouvant que les "Talibans", c’est-à-dire en réalité la résistance afghane, encercle Kaboul. Et le reportage disait que les "Talibans" était vraiment très forts, mais le reportage n’a pas pu être transmis correctement, et il a été arrêté avant la fin. Censure ?

      Si ce sont SEULEMENT des tirs "amis" qui ont tué les soldats français, alors ces morts ne prouvent en rien la qualité et la force de la résistance afghane, et donc la fRANCE a raison d’espérer gagner ce combat.

      Donc, quelque part, on peut penser que ça arrange bien l’état-major américano-sioniste si les peuples croient que ce n’est pas la résistance qui a réussi un joli coup face à l’occupant.

      On peut se demander, comme tu sembles le faire, si l’OTAN n’a pas volontairement tué les soldats français afin de créer une dynamique de vengence, une dynamique de guerre. Mais je n’y crois pas parce que FR3 semblait prouver la puissance de la résistance qui n’a cessé de se renforcer et qui se renforce probablement chaque jour un peu plus et leur succès récent contre les troupes françaises de l’OTAN va évidemment les renforcer un peu plus.

      Ho Chi Minh et les vietcongs attaquaient préférenciellement les troupes ennemies fraichement arrivées sur le terrain pour deux raisons :

      1°) ils y connaissent rien donc c’est facile

      2°) Ça décourage les petits nouveaux, ça leur fout le moral à zéro et après, il n’y a pas baucoup de nouveaux volontaires pour venir au combats

      Amitié !

  • Même issue que lors de la première guerre du golfe en 1990sur les menbres de la coalition victimes des tirs amis ?

    RESULTAT : circulez ,il n’y a rien à voir et à se souvenir

    • La France a envoyé des soldats aider l’OTAN en Afghanistan pour contrôler le transport du gaz naturel en direction du Pakistan et de l’Inde, qui étaient les alliés des Etats-Unis dans la région.

      " Le pipeline Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI) transportera environ 33 milliards de mètres cubes de gaz naturel par année sur 1 680 kilomètres, du champ gazier de Dauletabad, dans le sud-est du Turkménistan, jusqu’à Fazilka, en Inde, en passant par le sud de l’Afghanistan et le Pakistan. L’Inde et le Pakistan se partageront la production également et verseront un petit pourcentage à l’Afghanistan.

      Un accord général concernant le pipeline gazier – signé par les représentants des quatre nations participantes le 25 avril 2008 – engage les partenaires à en entreprendre la construction en 2010 et à fournir du gaz d’ici 2015. La Banque asiatique de développement (BAsD) finance le projet.

      Ce projet de pipeline est prometteur pour le développement économique et la coopération dans la région ; malheureusement, le conflit en Afghanistan ne cesse d’en retarder la construction. De plus, les coûts estimés ont doublé depuis 2002, passant à 7,6 milliards de dollars.

      Les vues des États-Unis dans la région et les rivalités avec la Russie et la Chine entraînent des manoeuvres géopolitiques pour le contrôle de l’énergie, manoeuvres dans lesquelles le Canada se trouve impliqué.

      Les répercussions du pipeline TAPI sur les Forces canadiennes doivent être évaluées, puisqu’il traversera les grandes zones de conflit de l’Afghanistan, dont la province de Kandahar, où les Forces canadiennes tentent d’assurer la sécurité et de lutter contre les insurgés.

      La construction du pipeline pourrait ouvrir d’importantes possibilités de développement économique dans la région ; mais si l’on entreprend le projet sans parvenir à un accord de paix mettant fin à l’insurrection, le pipeline pourrait exacerber le conflit actuel et obliger les Forces canadiennes à revoir leurs priorités afin de protéger le pipeline.

      Le gouvernement canadien devrait suivre la recommandation du rapport final du groupe d’experts de M. Manley et mieux informer les parlementaires et la population concernant le pipeline TAPI et ses répercussions sur les politiques canadiennes.

       http://www.policyalternatives.ca/do...

      Pour voir le trajet du futur ( ? ? ? ) pipeline TAPI :

       http://www.monde-diplomatique.fr/ca...

      Les guerres pour le pétrole et pour le gaz naturel ne font que commencer.

      Les 10 Français morts en Afghanistan sont morts pour le contrôle du gaz naturel.

  • Si les militaires parvenaient à connecter leurs deux neurones ils comprendraient qu’ils meurent aujourd’hui, comme hier leurs aînés, pour que Total et compagnie continuent à s’enrichir pour le seul profit de leurs actionnaires. Le baratin sur la défense de la liberté dans le monde (pourquoi pas dans l’univers pendant qu’il y est) "c’est du pipeau, c’est bon pour les gogos"* lul

    *(Brigitte Fontaine)