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Les syndicats dénoncent les agressions contre les inspecteurs du travail
Publie le dimanche 5 septembre 2004 par Open-Publishingde Philippe Bernard
Ils réagissent aux meurtres de Saussignac.
Une information judiciaire pour "homicides volontaires sur personnes chargées d’une mission de service public" devait être ouverte, samedi 4 septembre, par le parquet de Bergerac (Dordogne), deux jours après la mort de deux inspecteurs du travail, tués par balles par un agriculteur dans le village de Saussignac, alors qu’ils procédaient à un contrôle inopiné du contrat de travail de saisonniers.
L’auteur des coups de feu, Claude Duviau, 57 ans, ancien militaire et ancien assureur reconverti dans la viticulture, s’était ensuite tiré une balle dans la mâchoire. Il restait hospitalisé à Bordeaux, samedi, dans un état qui ne met pas sa vie en danger. L’information judiciaire, confiée à la juge d’instruction Nathalie Larsabal "devra notamment permettre de préciser les raisons du passage à l’acte (...) que, d’après les témoignages recueillis, l’attitude de l’intéressé ne permettait pas de prévoir", a indiqué, vendredi 3 septembre, le parquet qui a requis un mandat de dépôt. Un témoignage semble indiquer cependant que l’agriculteur, aux prises avec de graves difficultés professionnelles, avait laissé entendre qu’il s’apprêtait à faire parler de lui (Le Monde du 4 septembre).
La mort violente, dans l’exercice de leurs fonctions, de Daniel Buffiere, 45 ans, père d’un enfant et adjoint au maire (PS) de Bassilac (Dordogne), et de Sylvie Trémouille, 41 ans, mère d’un enfant, a plongé dans la consternation le monde de l’inspection du travail. Après les ministres de l’agriculture et des affaires sociales, le président de la République a écrit, vendredi, aux familles des victimes afin de leur faire part "de son soutien et de sa profonde sympathie". Syndicats et partis politiques de gauche ont largement exprimé leur émotion. Les difficultés croissantes du métier d’inspecteur et le manque de soutien politique sont dénoncés par des syndicalistes.
"Quelles que soient les circonstances précises de ce drame, il survient dans un climat de dénigrement du Code du travail, des garanties sociales (...) et des fonctionnaires chargés d’en contrôler le respect, estime la CGT.Les agressions verbales et physiques à l’encontre des agents des inspections du travail sont de plus en plus fréquentes et sont très rarement suivies d’une réaction ferme des pouvoirs publics (...)." De son côté, la CFDT estime que "ce drame de la désespérance ne doit pas cacher les nombreuses intimidations, et agressions dont sont victimes les inspecteurs dans l’exercice de leur fonction", avant de souligner que "les pouvoirs publics et, en tout premier lieu, les employeurs ont un devoir de protection". FO insiste aussi sur le fait que "fonctionnaires ou non, tous les agents dépositaires de la chose publique ont droit au respect et à la sécurité dans l’exercice de leurs fonctions, (...), composante du pacte républicain". Du côté des agriculteurs, la FNSEA estime que "rien ne peut justifier un tel acte" tout en appelant "l’attention de tous sur les conditions de vie de plus en plus difficiles de nombreux exploitants".
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