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Lettre à M. Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI

Publie le jeudi 9 octobre 2008 par Open-Publishing
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M. le directeur,

En tant que citoyen, je m’étonne de votre silence . Le FMI serait donc bien cette coquille vide incapable de jouer son rôle de gendarme en période de crise ?
Pourtant , nous le savons depuis Keynes, votre institution est la seule à pouvoir réajuster le système.

Vous me permettrez sept propositions citoyennes :

1. Arrêtez les mesures des banques centrales qui consistent à éteindre le feu en mettant de l’huile par dessus . M. Trichet est fier d’annoncer une « baisse concertée des taux directeurs ». Il oublie simplement que, depuis longtemps, cette mesure avait été anticipée par les marchés étant donné l’ampleur de la crise. D’autre part, on peut douter de l’efficacité d’une mesure qui consiste à relancer le crédit alors même que l’origine de la crise provient de l’impossibilité des banques américaines à recouvrir leurs anciennes créances . CQFD .

2. De la même manière, demandez aux gouvernements d’arrêter d’injecter de l’argent dans ces paniers percés que sont les banques . Si injection il doit y avoir , c’est dans l’économie réelle :les ménages à petits revenus et les PME.

3. Demandez la fermeture pure et simple des marchés financiers, à commencer par les marchés dérivés, jusqu’à ce qu’un accord global de fonctionnement, que vous présiderez, soit obtenu.

4. Profitez de votre position au FMI pour demander la création d’une procédure d’agrément stricte de toute innovation financière particulièrement en ce qui concerne les marchés de produits dérivés et de tout produit ou marché induisant un risque global pour le système et donc pour les citoyens.

5. Remettez à l’ordre du jour une « taxe Tobin » prélevée sur les ventes de titres et dont le taux serait couplé à un indice de volatilité/nervosité des marchés . Ainsi tout mouvement de panique à la baisse génèrerait des revenus fiscaux qui permettraient d’éteindre le feu en pénalisant uniquement les acteurs de ces marchés.

6. Demandez un droit de regard du FMI sur toutes les opérations informatiques/physiques (clearing des banques, SWIFT, etc.) afin de mieux contrôler les mouvements de capitaux.

7. Demandez une pénalisation faillite personnelle etc. des responsables des crises . La mutualisation des dettes n’est acceptable que si les responsables ont acquitté de façon indéfinie et solidaire leur devoir. A profits privés, dettes privées. En d’autres termes : appliquez le principe de responsabilité , si cher au libéraux, à ceux qui ont voulu et encouragé ce système . L’impunité serait un signe de faiblesse que, paradoxalement les marchés sanctionneraient.

En appuyant cette démarche de responsabilisation, vous montrerez que la finance n’est pas qu’une affaire d’initiés, ses conséquences étant lourdes pour l’ensemble des citoyens.

P MOTHES
Prof. D’économie et gestion

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