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Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert
Publie le lundi 2 juin 2008 par Open-Publishing6 commentaires
Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert à Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre de l’Éducation et Madame la Garde des Sceaux dimanche 1er juin 2008
En raison de la venue de X. Darcos, R. Dati et F. Fillon au lycée Paul Bert, Paris 14, métro Vavin ligne 4, les professeurs du lycée seront en grève et appellent tous ceux qui seront disponibles à se réunir ce lundi matin 2 juin, à 8h15, à l’angle du boulevard Raspail et de la rue Huyghens. Ils ont décidé en assemblée générale que tous les présents soient habillés, à cette occasion, complètement en noir pour être plus "visibles" et symboliser la mort de l’école publique.
Madame et Messieurs les Ministres vous n’êtes pas les bienvenus
Nous avons appris votre présence au Lycée Paul Bert (Paris XIVe) le lundi 2 juin au matin dans le cadre de la prévention des conduites à risques chez les adolescents.
Si cette action nécessite vraiment votre venue dans notre établissement, nous sommes tout d’abord étonnés de l’absence de Madame Bachelot, Ministre de la Santé, dans la mesure où dans notre conception de l’éducation, aux yeux des citoyens que nous sommes, ce problème nous paraît relever principalement de son ministère. Le décalage manifeste entre la dimension scientifique du travail entrepris au lycée Paul Bert sur l’addiction et l’opération de communication politique parachutée dans ce même établissement suscite la méfiance de l’ensemble de la communauté éducative.
Par ailleurs notre établissement accueille de nombreux élèves qui ont besoin de travailler dans un climat de sérénité. Or le fonctionnement de la cité scolaire se trouve fortement perturbé par tous les préparatifs qui entourent cet évènement.
Enfin, alors que dans nos demandes quotidiennes ainsi que dans le mouvement de la communauté éducative qui se poursuit depuis plusieurs mois, nous ne cessons de demander des moyens pour lutter à la fois contre l’échec scolaire et contre ces comportements à risques, le gouvernement dont vous êtes les représentants refuse de nous entendre. Depuis des années en effet nous réclamons pour assurer la réussite de tous les élèves l’amélioration de leurs conditions d’études : plus d’encadrement tant pédagogique qu’éducatif, des équipes stables d’enseignants qui puissent se concerter et travailler dans la durée, un personnel médico-social en nombre suffisant capable de mener une politique de prévention ainsi que des moyens matériels correspondants.
Cependant, alors que la situation de notre établissement se dégrade (baisse constante des moyens, incohérence des directives….), vous nous répondez par une dotation horaire amputée, des heures supplémentaires qui alourdissent la charge de travail des enseignants, des professeurs écartelés entre plusieurs établissements et la suppression des postes de surveillants.
Attachés à une Éducation Nationale de qualité qui réponde aux réels besoins des élèves, nous sommes lassés des effets d’annonce et des discours de politique spectacle.
C’est pourquoi nous considérons votre venue et sa mise en scène comme une provocation, dont nous refusons d’être les complices.
Messages
1. Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert , 2 juin 2008, 16:26, par lap
comme quoi ils étaient au courant qu’un rassemblement aurait lieu !
2. Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert , 2 juin 2008, 16:46
Fillon n’avait peut-être pas besoin de se déplacer, Darcos aurait dû suffire. Mais c’est vrai que ce dernier se planquait derrière le 1er ministre, car entendre les huées de toute la communauté éducative du lycée Paul Bert ça peut fiche la trouille à ce gros grizzli.
Et puis alors que Dati se soit déplacée, ça ça veut dire quelque chose. Elle fait figure à présent de "père fouettard" et d’ici là qu’elle nous ponde une loi régressive contre les jeunes, ou les profs, il n’y a pas loin à parier.
Et venir au prétexte de traiter du problème de la drogue, sans Bachelot, c’est effectivement avoir derrière la tête des idées malfaisantes, notamment provoquer les profs et les parents, pour prendre la température du degré de contestation du peuple.
Fichtre ! ça me débecte, parce qu’il y a longtemps qu’on devrait tous être en grève illimitée, paralysant le pays certes, mais pour le bien de tous : un dérangement provisoire pour une vie meilleure et sécurisée. Avouez qu’il n’y a pas photo, et bien-sûr premier point : ne pas penser un seul instant que les "caisses de l’état" seraient vides, c’est faux, sinon Sarkozy n’aurait pas fait son autoaugmentation de + 203 %, etc, etc....
Arrêtons de gamberger, de nous trouver de faux prétextes, et agissons vite avant qu’ils nous aient mis "leurs menottes" aux poignées.
1. Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert , 2 juin 2008, 21:47, par lap
bien dit !
3. Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert , 2 juin 2008, 23:02, par Sous-Militant
Voilà, je répète le témoignage que j’ai fait sur rue89.com :
"
Donc, je suis élève du lycée Paul Bert. Et l’un des "organisateurs" (j’insiste sur les guillemets) des mouvements de cet établissement. Voici comment nous avons vu et vécu cet action.
Avant de commencer, je tiens à affirmer que l’histoire du gendarme "grièvement" blessé n’est qu’une pure connerie ! Aucun projectile lourd n’a été lancé, et pour avoir été la première ligne de lycéen, j’assure que les coups venaient bien des gendarmes mobiles, et non des jeunes.
Nous avons été prévenu jeudi dernier, par quelques rumeurs, confirmées par la suite par certains professeurs, et dès vendredi il a été décidé qu’une action aurait lieu, action servant simplement à se faire entendre des médias présents et à stopper cette propagandes. Il a également été décidé de s’habiller tout de noir pour cette journée "foutage de gueule". Bien entendu, les élèves présents à la discussion des ministres étaient triés sur le volet, seuls les plus anti-bloqueurs ont assistés à la réunion, mise à part quelques exceptions.
Ce lundi, dès 08H00 nous étions présents devant notre lycée, dès lors, notre proviseur, Mme Ka..., désignait aux policiers les élèves qu’il fallait embarquer si jamais cela tournait mal. Nous avons été rejoins par les professeurs et parents d’élèves.
08h20, la police bloque la rue, impossible de rentrer.
08h30, les policiers en civil demandent, sans violence, de partir de la rue. Professeurs et lycéens décident de ce moment pour déployer une banderole ainsi que plusieurs autres pancartes. Quelques minutes plus tard, les gendarmes mobiles forment une ligne et avance. Première bousculade, ils nous poussent sur 10 mètres, écrasant de leurs boucliers professeurs et parents d’élèves. Des collégiens étaient là, bloqués par la poussé des gendarmes, ils ont également éét violenté. On forme une chaîne pour refuser l’avancée des gendarmes sous le slogan "NO PASARAN". La première ligne se prend des coups de genoux (particulièrement là où ça fait très mal) et coups de matraques dans le ventre (là où ça se voit pas...).
Ils se stoppent.
Quelques minutes de trève, deux de nos représentants entrent dans le lycée pour discuter.
Des CRS se mettent en place sur les trottoirs. Et sous un ordre lancé, les gendarmes se remettent à pousser les lycéen, qui eux, n’avaient pas cherché à forcer la ligne...Les CRS essayent d’attraper les lycéens qui avaient été désignés, j’en faisais partie, mais grâce au soutien et à la solidarité de quelques autres camarades, aucune des cible n’aura été arrêtée. Je ne sais pas, mais je crois que c’est lors de cette poussé que les lycéens arrêtés ont été pris. Nous sommes repoussés au bout de la rue, après plusieurs coups de genoux et de matraques. On sera encerclé durant presque une heure, jusqu’à que les ministres sortent, sous nos sifflements.
Quant aux élèves arrêtés, nous décidons d’aller les soutenir aux commissariat du XIVeme, où jusqu’à la fin-où nous étions à peine 5-un cordon de CRS nous encadrera. Plus aucun incident n’aura lieu. Deux des interpellés sortirons, mais celui contre qui une plainte a été portée, c’est sans doute le plus aberrant. Je ne donnerais pas son nom, mais le connaissant, je peux assurer qu’il n’est pas du genre à donner des coups de boule, d’autant plus que sa santé lui interdit formellement ce genre de gestes. A sa sortie du commissariat, il a dû aller à l’hôpital, ayant de multiples hématomes sur les bras, et plus important, une grave blessure à l’oeil, bien évidemment, il ne se les ait pas fait en trébuchant...
La venue des ces ministres n’aura été qu’une formidable provocation. Et l’attitude de notre proviseur est simplement inacceptable."
1. Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert , 2 juin 2008, 23:13
Videos :
– http://www.rue89.com/2008/06/02/violences-au-lycee-pour-saluer-la-visite-de-fillon-dati-et-darcos (3 videos)
– http://www.youtube.com/watch?v=nSNTWeCisyU
2. Lettre ouverte de la communauté scolaire Paul Bert , 3 juin 2008, 00:22
J’espère que vous les jeunes vous donnerez une suite judiciaire à ces manquements policiers. Tant qu’on est encore dans un état de droit, il ne faut pas lâcher le morceau. J’espère que le jeune lycéen se remettra du traumatisme à son oeil. Ces parents doivent-être contents de la violence policière ! Pouah, quelle honte !