Accueil > Libérez Marie-Agnès Peleran !

Libérez Marie-Agnès Peleran !

Publie le samedi 3 novembre 2007 par Open-Publishing
8 commentaires

Quelques éléments pour un portrait de la journaliste reporter d’images à France 3 Méditerranée détenue au Tchad, et quelques éclaircissements sur sa situation actuelle.

Dans la confusion qui règne autour de l’arrestation au Tchad de 9 Français (ainsi que 7 Espagnols, 4 Tchadiens et 1 Belge), les proches de Marie-Agnès Peleran ont eu à subir un surcroît d’angoisse : son statut de journaliste semblait être mis en doute, ce qui risquait de fragiliser sa position face aux autorités tchadiennes. D’où la nécessité pour nous de parler d’elle telle que nous la connaissons.

Marie-Agnès Peleran est sortie diplômée de l’IUT de journalisme de Bordeaux en 1990. Elle a ensuite appris le maniement de la caméra à l’INA. Elle a aussi une licence d’Histoire et a préparé une maîtrise d’Anthropologie et Ethnosociologie. Depuis peu, elle est diplômée en acupuncture.

Marie-Agnès a d’abord travaillé pour RFO à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis à FR3 Rennes. Arrivée à Marseille en 1996, elle participe à la création de l’édition locale de France 3. Elle y couvre l’actualité culturelle et associative. « Et puis il y a la plongée !, ajoute son ami Emmanuel Vigier. Le premier sujet un peu long qu’on a fait ensemble, c’est un reportage sur l’interdiction de la pêche au mérou en Méditerranée... Elle bossait assez souvent pour "La belle bleue", un magazine sur la plongée. »

En 2001, elle est mutée au journal régional. Entre 2002 et 2006, elle co-réalise avec Emmanuel Vigier une trentaine de reportages pour le magazine « Mediterraneo », au Sahara occidental, dans les territoires palestiniens, en Bosnie, en Croatie, en Serbie, en Bulgarie, en Egypte…

Emmanuel Vigier : « Je bosse avec Marie depuis dix ans. De la locale à Mediterraneo. De la Canebière aux Balkans. On a sillonné l’ex-Yougoslavie ensemble. Notre séjour à Sarajevo nous a autant marqué l’un que l’autre. On a beaucoup filmé, interviewé... On a cherché à comprendre, à faire connaître ce bout d’Europe, qu’on dit "compliqué" et dont on se contrefiche aujourd’hui. Sans Marie, je n’aurais pas fait ce documentaire en Bosnie (tiens, j’avais pris un congé, comme Marie pour le Tchad !). »

L’intérêt de Marie-Agnès pour les sans visages, souvent victimes des logiques d’Etat, n’est pas un simple créneau journalistique. Elle mouille aussi la chemise dans sa vie de tous les jours. Elle a été déléguée du personnel à la rédaction régionale de France 3 Méditerranée et membre du bureau national du syndicat SNJ-CGT. « Je me souviens d’un moment important dans la vie de Marie : son amitié avec Jean-Claude Izzo. Elle avait fait un magazine sur lui. Ils avaient un truc en commun : une capacité à se révolter, accompagnée d’un bon sens de l’humour. Marie a été touchée par sa mort. »

Marie-Agnès est membre actif de Nafadji-Pays-d’Arles, une ONG de Maliens. En lien avec eux, elle doit partir à Noël au Mali avec la photographe Yohanne Lamoulère, pour faire un reportage sur les 101 Maliens expulsés en 1986 et en recueillir la mémoire 20 ans après.

Marie-Christine Courtès : « En juillet-août 1995, Marie-Agnès a travaillé pour le journal en langue française de la première chaîne nationale vietnamienne (VTV1). Elle a effectué le remplacement de la journaliste Caroline Olive, en charge de la coordination/rédaction en chef du journal, pendant ses congés d’été, bénévolement. Il s’agissait d’une mission de coopération pour le compte de CFI (Canal France International). Une douzaine de jeunes journalistes vietnamiens ont ainsi été formés, en France et au Vietnam. Marie-Agnès est restée en contact avec eux. »

C’est bien dans cet esprit-là qu’il faut envisager le voyage de Marie-Agnès au Tchad. Contrairement à ce qui a été affirmé, elle n’a jamais été membre de l’Arche de Zoé. Et le fait qu’elle ait été inscrite sur la liste des possibles familles d’accueil la positionnerait, en cas de poursuites, comme victime.
Mais l’essentiel n’est pas là. Si Marie-Agnès est partie au Tchad, c’est bel et bien pour témoigner. La caméra confiée par son rédacteur en chef et plusieurs maisons de production contactées avant son départ sont là pour l’attester, comme « Elle est pas belle la vie », de Morhad Aït’ Abbouche.

Un pigiste de l’audiovisuel : « La plupart des docus sont tournés sans contrat, sans avance de frais, sans soutien (sinon oral) de producteurs. […] Or, si Marie-Agnès Peleran est journaliste en poste à France 3, elle a toujours tenu à faire son boulot au-delà de ce cadre restreint et des contraintes qui pèsent sur les locales de France Télévision : impossible de creuser un sujet sans prendre sur son temps personnel, voire sur ses finances propres. Si faire ce choix d’un engagement journalistique hors-cadre revient, en plus, à se faire lâcher au moindre pépin… ! »

En effet, certains confrères ont jugé dans un premier temps son cas difficile à défendre… Marie-Agnès se retrouve dans la position fragile de tout réalisateur indépendant qui entame un projet. De très nombreux documentaires, et non des moindres, sont réalisés de cette façon-là.

Marie-Agnès Peleran est une personne entière, engagée dans son métier comme elle l’est dans la société. Elle mérite la solidarité de la profession ainsi que de l’opinion publique, pour qu’enfin le gouvernement français défende avec toute la fermeté nécessaire ses ressortissants à l’étranger, et tout particulièrement les trois journalistes emprisonnés actuellement au Tchad.

Le comité de soutien à la journaliste Marie-Agnès Peleran

Une version longue de ce portrait est disponible sur le site

www.soutienmapeleran.org

Contact : 06 30 38 23 13

contact@soutienmapeleran.org

Messages

  • Entierrement d’accord pour la libération de Marie-Agnès Peleran mais aussi de TOUTES les personnes emprisonnées de l’associaton :l’ Arche de zoé.

    On ne peut pas faire du soutien sélectif : ils doivent TOUTES ET TOUS être libérés(es) sans condition.Le gouvernement et le quai d’Orsay doivent se bouger.À moins que cela ne les arrange..?

    François Pellarin

  • La Justice tchadienne décidera, et jugera les responsables.

    Si quelqu’un a menti, il sera jugé. Mais il faudra des preuves sérieuses.

    Les journalistes, eux, ne faisaient que leur travail.

  • Étant donné les méthodes actuelles de gouvernance de l’État français et l’état de la Françafrique, on imagine facilement le sac de magouilles étayées par la médiacratie stipendiée qui ont conduit le chef de cet État-là à redorer un blason que ternit l’accumulation des corruptions et scandales financiers.

  • La presse nous affirme une chose un jour puis le lendemain son contraire ?

  • je ne comprends pas le role de cette journaliste.elle etait en congé "humanitaire", donc ne couvrait pas l’venement pour son journal et de surcroit candidate a" l’accueil" d’un orphelin du darfour qui s’avere etre un tchadien dote d’au moins un parent ; comment a t elle pu rester autant de temps avec cette ong sans faire d’enquete, sans poser de questions, le reporter de capa la fait, son reportage a devoile les agissements de cette assos.
    peledan est ou menteuse ou incapable ; dans les 2 cas c’est grave.

    • Quand on regarde le reportage du journaliste de Kapa et le mepris avec lequel cette"ONG"a traité leurs correspondants tchadiens complétement éberlués par les propos des responsables,j’ai de moins en moins envie de demander leur libération.

      Ils se sont vraiment comportés comme de vrais colonialistes,méprisants le droit du pays,sachant parfaitement que les enfants n’étaient pas soudanais,n’écoutant pas les mises en garde des tchadiens.

      Les intégristes humanitaires sont comme tous les autres intégristes:ils me hérissent et ceux là ils ont été dressés par le kouchnerisme et la pseudo "ingérence humanitaire".

      Ce qui me fait hésiter c’est que la position de soumission du Tchad par la France,la magouille politique,le chantage de Déby qui est détesté par la population et donc fait de la surrenchére,le sentiment anti-français provoqué par la présence continue depuis vingt ans de l’armée française qui il y a quelques mois encore bombardait l’opposition.

      IL n’y aura pas de justice dans ces conditions.Mais de la prison tchadienne à la prison française pourquoi pas.Mais ne serait-ce pas encore une nouvelle marque de mépris pour les africains ?

      Jean Claude Goujat

      PCF Landes

  • Voila une presentation qui perd malheureusement à mes yeux beaucoup de sa crédibilité en ne présentant qu’une partie des faits concernant en particulier l’affaire de l’Arche de Zoe. Le nom de Mme Peleran est cité dans le site du COFOD parmi les membres dirigeants de cette association créée par l’Arche de Zoé. Mme Peleran étant une des organisatrices de l’opération au Tchad ne pouvait pas réaliser un travail d’investigation journalistique mais bien assurer le volet médiatique qu’Arche de Zoe croyait nécessaire au succès de ses plans une fois les enfants arrivés en France.A la lecture de la carrière de Mme Peleran,il semble peu vraisemblable qu’elle n’ait pas étudié l’historique et les prises de position de l’association Arche de Zoe avant d’adhérer au cofod et de décider de participer à la phase ultime et la plus médiatique de l’affaire.