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Libye : Paris envoie un ambassadeur à Benghazi

Publie le mardi 29 mars 2011 par Open-Publishing

Alors qu’une quarantaine de pays sont attendus à Londres pour la première réunion du "groupe de contact", chargé du pilotage politique des frappes et de la préparation de l’après Kadhafi, Barack Obama a justifié l’intervention de la coalition.

Le point mardi 29 mars sur la situation en Libye, plus d’un mois après le début de l’insurrection.

Sur le terrain. Les rebelles reculaient mardi dans l’Est sous le feu des forces de Mouammar Kadhafi et se retrouvaient à une centaine de kilomètres de la ville de Syrte. La coalition internationale, dont les opérations sont désormais commandées par l’Otan, a poursuivi ses frappes lundi soir, menant des raids sur des positions des forces loyalistes dans les régions de Mezda (centre), Gharyan et Sorman (ouest), ainsi que sur Tajoura, près de Tripoli, selon différentes sources.
Les insurgés ont pris la ville de Nofilia en direction de Syrte, selon Al Djazira. Gharyan et Mezda représentent, selon la rébellion, les bases arrières des forces de Kadhafi dans leurs offensives contre les villes de la région d’Al-Jabal Al-Gharbi (ouest), dont Zenten et Yefren, contrôlées par les rebelles.
Encouragés par la prise samedi d’Ajdabiah, verrou stratégique au sud de Benghazi, les insurgés ont engrangé des victoires dimanche. Les grands terminaux de l’Est libyen - Ras Lanouf, Brega, Es Sider, Zoueitina, sans parler de Tobrouk en Cyrénaïque - sont désormais tous sous leur contrôle. Les frappes occidentales, menées dans le cadre de la résolution 1973 de l’Onu, ont favorisé un revirement complet de la donne stratégique sur le terrain. A Misrata, les forces fidèles au régime avançaient dans la ville, la rébellion craignant de plus en plus un massacre. Selon un médecin de l’hôpital de la ville, elles ont fait 142 morts et blessé plus de 1.400 personnes dans leur offensive.

Sur le plan diplomatique. La réunion du groupe de contact est prévue ce mardi après midi à Londres : une quarantaine de pays sont attendus pour le "pilotage politique" des frappes et la préparation d’"un avenir meilleur pour les Libyens". Selon la presse, la coalition internationale autoriserait le colonel Kadhafi à trouver refuge à l’étranger afin de hâter son départ et une résolution du conflit. Cette solution reste "juridiquement" une possibilité pour le ministre des Affaires étrangères espagnol, Trinidad Jimenez. Pour William Hague, son homologue britannique, Kadhafi doit faire face à la justice internationale, sans exclure qu’il cherche refuge à l’étranger dans le cadre d’une solution politique au conflit. "Il y a des pays africains qui pourraient lui offrir l’hospitalité. J’espère que l’Union africaine présentera une proposition valable", avait souligné lundi le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.
Le Conseil national de transition (CNT) a promis des "élections libres et justes" après la chute de l’actuel régime. Un "ambassadeur" nommé par la France, Antoine Sivan, était en voie de prendre ses fonctions à Benghazi.
Mouammar Kadhafi a exhorté de son côté le "groupe de contact" à mettre fin à l’"offensive barbare" contre son pays, la comparant aux campagnes militaires de Hitler en Europe. "Laissez l’Union africaine gérer la crise, la Libye acceptera tout ce que cette union décidera", a-t-il assuré.

Dans un discours télévisé le président américain, Barack Obama, a justifié lundi soir sa décision d’intervenir en Libye, affirmant qu’elle avait "empêché un massacre", et affirmant le droit des Etats-Unis à agir "quand leurs intérêts et leurs valeurs sont menacés". Il a toutefois déclaré qu’il n’était pas question d’outrepasser le mandat de l’ONU pour chercher à renverser le dirigeant libyen par la force même s’il "ne fait aucun doute que la Libye et le monde se porteraient mieux si Kadhafi n’était plus au pouvoir". Les Etats-Unis "n’excluent pas" de fournir une assistance militaire aux insurgés, a également indiqué l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice.
Des avions de l’OTAN ont commencé à faire respecter dès dimanche la zone d’exclusion aérienne. L’organisation a accepté d’assumer l’intégralité du commandement des opérations militaires au terme de près d’une semaine de laborieuses négociations sur la structure de commandement. L’alliance a ainsi la responsabilité d’opérations visant à protéger les populations civiles en neutralisant les infrastructures militaires de Kadhafi et en faisant respecter une zone d’exclusion aérienne et un embargo sur les livraisons d’armes.

Sur le plan humanitaire. Rome a affirmé craindre une vague d’au moins 200.000 à 300.000 immigrés en cas de chute de Mouammar Kadhafi qui a prévenu que des milliers de migrants pourraient rejoindre l’Europe. Les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi ont tué 109 personnes et en ont blessé plus de 1.300 dans leur offensive contre les rebelles à Misrata, à l’est de Tripoli, a indiqué jeudi à l’AFP un médecin de l’hôpital de la ville. Les raids de la coalition internationale ont fait "environ 100 morts" parmi les civils en Libye depuis le début de son offensive, selon un bilan provisoire donné jeudi par Moussa Ibrahim, un porte-parole du régime. Depuis le 15 février, la répression sanglante de l’insurrection a fait au moins des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à fuir le pays.

Sur le plan économique. Selon les insurgés, les champs pétroliers des régions qu’ils contrôlent produisent actuellement 100.000 à 130.000 barils par jour. L’opposition projette d’exporter du pétrole d’ici "moins d’une semaine", a déclaré un porte-parole rebelle, Ali Tarhoni, ajoutant que la rébellion a délégué au Qatar la commercialisation.

Les sanctions. Les dirigeants des pays européens se sont dit prêts à renforcer leurs sanctions contre le régime du colonel Kadhafi en le privant de tous revenus pétroliers et gaziers, pour qu’il ne puisse plus recruter de mercenaires. Et ils ont appelé l’ONU à endosser cette mesure.
La Tunisie a gelé les avoirs du colonel Kadhafi, a indiqué à l’AFP une source proche du Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi.
Selon les médias britanniques, le colonel Kadhafi possède environ 20 milliards de livres (23,1 milliards d’euros), principalement à Londres. Le second enfant du colonel libyen, Seif Al-Islam Kadhafi, détient également à Londres une maison estimée à 10 millions de livres (11,6 millions d’euros). Or les autorités britanniques ont gelé pour 12 milliards de livres (13,9 milliards d’euros) d’actifs libyens au Royaume-Uni.

Immigration illégale. Le chef du Conseil national de transition (CNT) libyen, Moustapha Abdeljalil, a assuré lundi soir que son mouvement combattrait l’immigration illégale s’il parvenait au pouvoir. "Nous participerons (aux efforts) pour stopper l’immigration clandestine en les empêchant (les clandestins) d’entrer en Libye et en combattant les organisations criminelles qui le permettent", a-t-il affirmé à la télévision italienne.

http://www.challenges.fr/actualites/monde/20110329.CHA4540/libye__paris_envoie_un_ambassadeur_a_benghazi.html