Accueil > Libye - Pas d’unanimité au palais Bourbon
Les députés de la majorité et du PS ont parlé d’une même voix en faveur de l’intervention militaire en Libye, seuls les élus PCF, solidaires avec ce peuple, s’y sont opposés. « Nous ne conduisons pas une guerre mais une opération de protection des populations libyennes conformément à la résolution 1973 votée par le Conseil de sécurité de l’ONU », s’est défendu Francois Fillon, premier ministre. Il intervenait en ouverture du débat sur l’intervention en Libye, hier après-midi, à l’Assemblée nationale.
Affirmant que « le colonel Kadhafi avait décidé de noyer dans le sang » la révolte du peuple libyen, le chef du gouvernement concluait qu’il n’y avait pas d’autre solution « que le recours à la force », option validée selon lui par la communauté internationale sous l’égide de l’ONU, mais aussi les organisations régionales comme la Ligue arabe. Précisant qu’il s’agissait de mettre en oeuvre « toute la résolution 1973 et rien que la résolution », il précisait : « Il n’est pas question d’une force d’occupation au sol. » Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, devait approuver « la décision de la France d’intervenir en Libye dans le cadre de l’ONU pour éviter un massacre de populations innocentes ». Il a cependant souligné que la résolution 1973 « doit être notre seul cap ».
Craignant « un plan militaire caché » qu’il dénonce par avance, le député affirmera : « Nous ne sommes ni des libérateurs, ni des croisés, c’est aux Libyens d’oeuvrer à leur victoire. » Cette belle unanimité a volé en éclats quand le porte-parole des députés communistes Roland Muzeau est monté à la tribune. Il a annoncé que « notre voix ne s’associera pas à la vôtre pour soutenir, dans un unanimisme béat et aveugle, l’intervention en Libye ». Exprimant sa solidarité avec le peuple libyen, le député fustigera « la fiction » d’un accord de toute la communauté internationale quand nombre de pays sont opposés à l’option militaire.
Rappelant les soutiens de nos gouvernants aux dictateurs arabes, Roland Muzeau a aussi dénoncé « le mythe des guerres propres et des frappes chirurgicales », ainsi que le risque « d’un engrenage avec toutes les conséquences désastreuses pour les populations civiles ».
Et de prévenir : « Nous ne cautionnerons pas la moindre intervention qui ne viserait qu’à faire main basse sur le pétrole libyen en instrumentalisant son peuple, en passant par la scission du pays. »
MAX STAAT
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