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Libye : l’Otan aux commandes, Sarkozy au micro

Publie le vendredi 25 mars 2011 par Open-Publishing
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L’Otan devrait prendre la direction des opérations la semaine prochaine. Le président de la République a justifié l’intervention militaire jeudi dans la nuit.

La coalition internationale a accentué jeudi la pression sur le colonel Mouammar Kadhafi, avec de nouvelles frappes aériennes dans les environs de Tripoli et des raids intensifs sur le fief de sa tribu à Sebha (sud), au sixième jour de son intervention.

L’Otan à la tête des opérations militaires

Son rôle restait flou jusqu’à présent. Mais après plusieurs jours de tractations, l’Otan va finalement prendre le commandement des opérations militaires de la coalition internationale, au début de la semaine prochaine. C’est ce qu’a annoncé le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, après une téléconférence avec ses homologues américain, français et britannique.

"Des milliers de morts évités", selon Nicolas Sarkozy

Le président français Nicolas Sarkozy, lors d’une conférence de presse dans la nuit de jeudi à vendredi en marge d’un sommet européen à Bruxelles, a justifié l’intervention militaire en Libye en soulignant qu’elle avait "évité des milliers et des milliers de morts". "Tant que la population (libyenne) sera sous la menace de tanks, d’avions, nous serons là", a également affirmé le président français, refusant toutefois de donner une date butoir pour la fin de l’opération.

Il a indiqué que les Européens lançaient "un appel" à tous ceux qui en Libye "veulent abandonner M. Kadhafi dans ses projets fous et meurtriers" indiquant qu’ils "peuvent participer à la construction d’une nouvelle Libye démocratique". "Il y a le Conseil national de transition, très courageux, que nous appelons à s’élargir, il y a les chefs de tribus et puis des personnalités qui ont été associées au régime de M. Kadhafi et qui doivent considérer que Kadhafi conduit la Libye à une impasse", a-t-il ajouté.

Un premier bilan humain

Les raids de la coalition internationale ont fait "environ 100 morts" parmi les civils en Libye depuis le début de son offensive contre des positions des forces du colonel Mouammar Kadhafi, selon un bilan provisoire donné jeudi par Moussa Ibrahim, un porte-parole du régime.

Un avion détruit à Misrata

Un avion militaire libyen a été détruit à Misrata (200 km à l’Est de Tripoli) par un chasseur français, jeudi vers 12h40, heure de Paris. Les circonstances dans lesquelles l’appareil, un G-2 Galeb, avion de fabrication yougoslave utilisé pour l’attaque au sol, a été détruit par le Rafale, n’étaient pas précisément connues dans l’immédiat.

Raids près de Tajoura

Des raids aériens conduits par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont visé la région de Tajoura (une trentaine de km à l’est de Tripoli), jeudi soir , selon des habitants. La télévision d’Etat a confirmé que "des sites militaires et civils dans la région de Tajoura à Tripoli continuent à être la cible de raids "de l’agresseur croisé et colonialiste".

Forte explosion entendue à Tripoli

A Tripoli, une forte explosion a été signalée en pleine nuit par les habitants. "Nous venons d’entendre une autre explosion. On voit de la fumée. Il y a des gens sur les toits. Il semble que c’est dans un secteur militaire près de l’école d’ingénierie (dans le quartier de Tadjoura)", a témoigné l’un d’entre eux.

Raids sur Sebha

La coalition a également mené dans la nuit de mercredi à jeudi des raids aériens intensifs sur la ville de Sebha (750 km au sud de Tripoli), selon des habitants. Sebha abrite plusieurs sites militaires et est le fief de la tribu des Kadhadfa dont est issu le dirigeant libyen ainsi que des tribus armées qui lui sont jusqu’ici les plus fidèles. Selon des habitants de la ville, plusieurs fidèles au régime, notamment ceux basés à Syrte, se sont retranchés à Sebha depuis le début samedi des opérations de la coalition.

Villes rebelles sous le feu kadhafiste

Les raids de la coalition ne sont pas parvenus à empêcher les chars des forces loyalistes de bombarder plusieurs villes rebelles ou à déloger leurs blindés du carrefour stratégique d’Ajdabiyah, à Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi. Mais ce jeudi, une forte concentration de troupes rebelles avance pour reprendre le contrôle de cette ville clé où des combats se poursuivent entre les forces de Kadhafi et les rebelles, selon l’AFP.

Les chars de l’armée libyenne, réduits au silence pendant la journée par les raids aériens, sont revenus à la faveur de l’obscurité près du principal hôpital de Misrata et ont bombardé le secteur, selon des habitants et des insurgés. Des tireurs embusqués pro-Kadhafi se trouvent également dans la ville où ils continuent de semer la terreur, ont déclaré des habitants. Un porte-parole des insurgés a déclaré que des snipers ont tué 16 personnes, sans que ces informations soient vérifiables.

Renforts à Zentane

Le gouvernement libyen dément que son armée conduise des opérations offensives et affirme que ses troupes ne font que se défendre face aux attaques des insurgés.

Mais un habitant de la petite ville de Zentane, au sud-ouest de Tripoli, près de la frontière tunisienne, a déclaré que les forces kadhafistes acheminaient des renforts de troupes et de blindés pour attaquer cette localité tenue par la rébellion.

Les responsables du gouvernement accusent les forces occidentales d’avoir tué des dizaines de civils, mais n’ont montré aux journalistes présents dans la capitale aucune preuve étayant leurs affirmations. L’armée américaine dément que des civils aient péri dans les raids.

Quelle place pour l’Otan ?

Dans le même temps, les tractations sur la place que doit prendre l’Otan dans cette offensive se poursuivent. Les pays de l’Otan doivent se rencontrer jeudi en fin après-midi pour tenter de finaliser le rôle de l’Alliance atlantique dans l’opération en Libye, en dépit de leurs divergences persistantes.

Pour l’heure la Turquie a empêché un accord mercredi, refusant d’autoriser l’Otan à prendre en charge la zone d’exclusion aérienne dans le ciel libyen si, en préalable, la coalition ne cesse pas ses bombardements. Washington veut se désengager le plus vite possible de la conduite des opérations de la coalition et passer le relais à l’Otan.

L’Alliance est pour le moment chargé de surveiller l’embargo sur les armes à destination de la Libye et a entamé ses patrouilles mercredi au large du pays. Le pilotage politique de l’intervention est confié à un groupe de contact réunissant Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et les pays, y compris arabes, participant à l’opération.

La coalition, vue des Etats-Unis, semble menée par la France. Et, ce jeudi, le New York Times appelle Nicolas Sarkozy à céder à l’Otan les rênes de l’intervention alliée. Tout en rendant hommage à l’action du président français pour lancer les frappes contre le régime de Mouammar Kadhafi, le quotidien estime que les efforts français pour occuper la tête de l’opération "ont créé des tensions inutiles avec les autres pays participants".

Londres penche du même côté. L’Otan doit diriger "aussi vite que possible" les opérations, a annoncé jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. Selon le chef de la diplomatie britannique, "un commandement et un contrôle unifiés" sont nécessaires afin que les opérations soient "solides" en Libye.

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/libye-l-otan-aux-commandes-sarkozy-au-micro_975684.html

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