Ligne à haute tension et Alzheimer, un lien ?

Ligne à haute tension et Alzheimer, un lien ?

Les ligne à haute tension, plus dangereuses qu’il n’y paraît.[Reuters]06.11.2008 21:16
Les personnes qui habitent près d’une ligne à haute tension sont exposées à un plus grand risque de contracter la maladie d’Alzheimer, selon une étude réalisée par l’université de Berne et rendue publique jeudi.

Les chercheurs ont examiné tous les décès en Suisse dus à cette maladie dégénérative entre 2000 et 2005, a indiqué l’université de Berne.
Pour chaque personne, ils ont établi le temps qu’elle a habité près d’une ligne à haute tension de 220 ou 380 kilovolts.
Deux fois plus
Au total, l’étude a tenu compte de 9200 décès liés à la maladie d’Alzheimer. Vingt cas sont apparus chez des personnes qui avaient vécu à moins de 50 mètres d’une ligne à haute tension.

Quand ces gens ont habité au moins 15 ans près d’une de ces installations, leur risque de maladie était deux fois plus élevé que dans le reste de la population. Les chercheurs n’ont pas trouvé de risque accru chez les personnes qui ont vécu à une distance de 50 à 200 mètres d’une ligne à haute tension.

Cette étude est la première au monde à se pencher explicitement sur une relation de cause à effet entre les champs magnétiques de ces lignes et des maladies comme celle d’Alzheimer, souligne l’université. Il existe des indices sur ces risques d’après des études menées sur des électriciens ou le personnel des trains, exposés à des champs magnétiques élevés.
Rester prudent
Les chercheurs mettent toutefois en garde contre une interprétation trop hâtive de leur étude : celle-ci ne permet pas de conclure définitivement que les lignes à haute tension et leurs champs magnétiques sont vraiment à l’origine du risque accru d’Alzheimer chez les personnes vivant à proximité, explique Matthias Egger, l’un des auteurs, de l’Institut de médecine sociale et préventive.

De plus, il n’est pas clair par quel mécanisme les champs magnétiques peuvent augmenter le risque de développer la maladie. Seules des spéculations sont pour l’heure possibles, écrivent les chercheurs dans le "American Journal of Epidemiology", qui a publié leur étude. L’une des théories veut que ces champs perturbent les contacts entre les cellules nerveuses et d’autres cellules. Une autre hypothèse est que davantage de radicaux libres (des molécules chimiques) sont produits, qui passent pour un possible déclencheur de maladies dégénératives.

Une incertitude concerne aussi le nombre de décès dus à l’Alzheimer, car le diagnostic de cette maladie est complexe. L’affection n’est pas toujours mentionnée sur les certificats de décès quand les personnes en souffraient dans un stade précoce.