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Loi délinquance : des maternelles à l’image de la société
Publie le mardi 21 mars 2006 par Open-Publishing2 commentaires
Une manifestation aura lieu mercredi 22 mars contre un projet gouvernemental de prévention de la délinquance. Une étude de l’Inserm qui préconise de détecter les troubles de conduite chez les tout-petits crée la controverse
Ils sont enseignants en maternelle depuis dix, vingt parfois trente ans. Alors que le débat fait rage autour de l’expertise de l’Inserm, qui préconise de dépister les troubles de conduite chez les tout-petits, eux sont en prise, jour après jour, avec ces enfants, témoins privilégiés de ce qui se passe dans les salles de classe. Certains travaillent en zone d’éducation prioritaire (ZEP), d’autres dans les quartiers aisés de la capitale ou encore en milieu rural. Pourtant, beaucoup s’accordent sur un constat : les comportements des enfants de 3, 4 ou 5 ans ont changé au fil des années, pour devenir, parfois, beaucoup plus difficiles à canaliser pour le corps enseignant.
« Des enfants turbulents, casse-pieds, il y en a toujours eu. Ce qui a changé, c’est le nombre croissant d’enfants hautement perturbateurs », estime Pierre, qui enseigne à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Directeur d’école depuis douze ans dans le quartier populaire de l’Abreuvoir, il a vu se multiplier certains comportements inquiétants.
« Des enfants de 3 ans incapables de rester en place plus de cinq minutes, qui se lèvent, qui dansent, qui crient dans la classe et qui hurlent lorsqu’ils se font réprimander », raconte l’instituteur. « C’est comme si, en arrivant en petite section, ils n’avaient jamais été confrontés au mot “non”, fait observer Benoît, enseignant dans un quartier socialement très différent, le 16e arrondissement de Paris. La grande tendance qui se dessine, et transcende les milieux sociaux, c’est l’absence de limites. »
"Ces enfants découvrent qu’il y a des ‘‘non’’ qui tiennent"
Cet instituteur proche de la retraite se souvient d’une petite fille « qui se mettait à hurler à l’heure de la sieste, sans qu’il soit possible de la calmer ou de la sécuriser. Elle pouvait crier pendant une heure et demie d’affilée, sans s’arrêter. On a fini par comprendre qu’à la maison la fillette obtenait tout ce qu’elle voulait de sa mère avec cette méthode. » « Ces enfants découvrent à la maternelle qu’il y a des ‘‘non’’ qui tiennent, qui ne fléchissent pas, souligne de son côté une institutrice du 6e arrondissement de Paris. Les règles du vivre-ensemble semblent de plus en plus douloureuses pour eux. Ils ont plus de mal à supporter les autres, la frustration, même si, par ailleurs, ce sont parfois des enfants brillants. »
À en croire les enseignants, cette absence de limites se combine souvent avec une propension nouvelle à défier l’adulte. « Il arrive que des petits de 3 ans lèvent un poing menaçant lorsqu’on leur demande une chose aussi anodine que d’arrêter de crier ou de lancer des cubes. De plus en plus d’enfants sont dans la toute-puissance, se plaçant d’égal à égal avec l’adulte, poursuit l’institutrice. À Bobigny, Pierre est encore abasourdi par le comportement récent d’un garçon de 5 ans : « Il voulait grimper sur un appui de fenêtre d’à peu près 1,20 mètre, donnant sur une petite terrasse. Je lui ai dit non plusieurs fois. Il m’a regardé droit dans les yeux et a continué son escalade, tout en me défiant. Il a fallu aller l’en déloger, car aucune réprimande n’y faisait. »
« La place de l’enseignant a changé. Sa parole n’est plus aussi sacrée et respectée qu’elle l’était par le passé », remarque Monique, directrice d’une petite école maternelle de l’Ariège. De même que la réprimande. « Auparavant, il suffisait de froncer les sourcils et de hausser un peu la voix pour se faire obéir. Ce n’est plus le cas pour un certain nombre d’enfants, à peu près 10 % par classe », évalue le directeur de Bobigny. Et comme s’il parlait d’une classe de collégiens, l’instituteur constate, un peu dépité : « Même en maternelle, il faut fliquer, fliquer, fliquer. »Des centres-villes aux quartiers populaires, ces enseignants avancent grosso modo les mêmes explications. « Les difficultés ont augmenté au rythme de la monoparentalité et des familles éclatées », estime Philippe, qui dirige une maternelle dans le 19e arrondissement de la capitale. En banlieue, Pierre complète : « Un nombre croissant d’enfants est élevé par la société : ils passent trop de temps à l’école et manquent de moments privilégiés avec leur famille. »
Les parents de moins en moins présents
Le directeur en donne une illustration, qui se suffit à elle-même : « Dans mon école, des enfants de 3 ans arrivent à 7 h 30 pour la garderie du matin et repartent à 18 h 30 après la garderie du soir, déjeunent à la cantine et passent tous leurs mercredis au centre de loisirs. C’est beaucoup trop à cet âge-là, même si on ne peut pas blâmer les parents. Ce sont souvent des mères seules, qui doivent travailler et font tout ce qu’elles peuvent pour s’en sortir. »
Étonnamment, son discours ressemble beaucoup à celui de Benoît, qui enseigne dans l’un des quartiers les plus aisés de Paris. « Ici, dans la très grande majorité des cas, le père et la mère travaillent, car il faut beaucoup d’argent pour habiter dans le 16e ! Le temps passé avec l’enfant est de plus en plus court, ce qui n’est pas sans conséquences. » Enfants en manque d’attention, agressifs pour mieux accaparer l’adulte, qui s’isolent...
« Je me souviens d’un petit garçon qui ne supportait pas la séparation de ses parents. Il refusait toute activité scolaire et, au retour de la cantine, il se glissait discrètement dans la classe pour arracher les dessins de ses camarades accrochés au mur. C’était sa manière à lui d’exprimer une violence non dite, raconte Philippe, dans le 19e arrondissement. On ne parle bien sûr que d’une minorité, mais dont le comportement est révélateur de l’évolution de la société. »
Pour autant, la plupart de ces instituteurs rejettent l’approche de l’expertise menée par l’Inserm. « On nous parle de dépister les enfants en détresse, qui ont des troubles de conduite, mais ils le sont déjà ! Que l’on nous donne plutôt les moyens d’aider ceux qui en ont besoin, s’insurge Pierre, à Bobigny. Lorsque l’on détecte une situation de malaise et que l’on s’adresse au centre médico-psychologique, il faut un an pour obtenir un rendez-vous ! Imaginez ce précieux temps gâché ! » Dans l’Ariège, Monique se méfie surtout d’une tendance au déterminisme. « Dire, dès 3 ans, que des enfants deviendront délinquants, cela revient à considérer qu’un enfant n’évolue pas, c’est le figer dans un statut, le cataloguer. Je trouve cela très dangereux. »
Repères
Qu’est-ce que l’Inserm ?
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), créé en 1964, est l’un des grands organismes publics de recherche. Il est entièrement dédié à la santé humaine.
Que dit l’expertise de l’Inserm ?
L’expertise collective Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent, parue en septembre 2005 (1), répondait à une commande de la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs indépendants (Canam) sur le dépistage, la prise en charge et la prévention du trouble des conduites chez l’enfant. Le groupe d’experts, après avoir épluché « plus de 1 000 articles et documents » de la littérature scientifique, émet plusieurs recommandations (NDLR : nous ne retenons ici que celles sur la petite enfance, à l’origine de la controverse) :
- effectuer « un repérage pendant la grossesse des familles présentant des facteurs de risque » (troubles des conduites, criminalité au sein de la famille, consommation de substances psychoactives) ;
- mettre en place « un examen de santé » vers 36 mois : à cet âge, on peut faire un premier repérage d’un tempérament difficile, d’une hyperactivité et des premiers symptômes du trouble des conduites (...) permettant de mettre en place une prévention » ;
- introduire dans les bilans figurant dans le carnet de santé des items pour repérer les signes précurseurs de troubles des conduites : « les agressions physiques (s’est bagarré, a attaqué, frappé, mordu, donné des coups de pied) ; l’opposition (refuse d’obéir, n’a pas de remords, ne change pas sa conduite) ; l’hyperactivité (ne peut pas rester en place, remue sans cesse, n’attend pas son tour) » ;
- élaborer « une stratégie de traitement pharmacologique adaptée à chaque sujet » ;
- mettre en place « des méthodes d’intervention ciblant les 0-3 ans telles que les visites à domicile, le soutien aux parents, le développement des compétences sociales, cognitives, émotionnelles... et l’apprentissage ».
(1) 428 p., 48 €, éditions Inserm
Messages
1. > Loi délinquance : des maternelles à l’image de la société, 21 mars 2006, 23:56
Etant moi-même issu de famille monoparentale et mon amie aussi, les déductions sur le comportement d’enfants turbulent-es est des plus contestables. D’une part le fait d’être issu-e de familles monoparentale ne rend pas les enfants associables ou turbulent-es. Mon amie et moi sommes des contre-exemples aux enfants évoqué-es dans cet article, nous avons toujours eu un comportement calme. D’autre part, si la turbulence des enfants est en hausse (ce qui reste encore à prouver), cela ne provient probablement pas des raisons évoquées, mais d’un contexte sociétal qui lui, est de plus en plus violent et cela a forcément des répercussions sur le stress de l’enfant.
Alors à quoi sert cet article et cette enquête ?
Très probablement, cette enquête sert trois objectifs :
1) remettre en question les famillesmonoparentales et donc, par là même, le droit au divorce
2) remettre en question le schéma familial avec la restauration de la notion du père en chef de famille, qui se doit de faire preuve d’autorité, autorité sans laquelle l’enfant ne saura pas respecter les formes d’autorité extérieures comme les institutrices/eurs, les professeuses/eurs, la/le patron-ne, l’Etat, la police et l’armée.
3) préparer le terrain pour le projet de l’UMP visant à fabriquer des personnes dociles, soumises, corvéables à merci, des esclaves sans conscience, par le biais d’examen pré-nataux.
Un projet purement et simplement fasciste.
Ouvront l’oeil : l’UMP en parlera certainement cette année (c’est déjà en projet !).
1. > Loi délinquance : des maternelles à l’image de la société, 22 mars 2006, 12:43
Je suis tout à fait d’accord avec vos analyses, mais il me semble important de préciser ici que l’on parle d’eugénisme.
Alors qu’est-ce que l’eugénisme ?
L’eugénisme désigne la volonté d’améliorer l’espèce humaine. Ce souhait, qui existe depuis l’antiquité peut se traduire par une politique volontariste d’éradication des caractères jugés handicapants ou de favorisation des caractères "jugés" bénéfiques.
La question de l’eugénisme est traité par le code pénal, dans le Sous-titre II du Titre I du Livre II, intitulée « Des crimes contre l’espèce humaine » :
Article L 214-1 : « Le fait de mettre en œuvre une pratique eugénique tendant à l’organisation de la sélection des personnes est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 7 500 000 euros d’amende ».
Article L 214-3 : « Cette peine est portée à la réclusion criminelle à perpétuité et de 7 500 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises en bande organisée »
Le cas de l’eugénisme nazi
Jusqu’en 1933, l’eugénisme était considérée comme une technique de l’arsenal scientifique. Il s’agissait d’améliorer telle ou telles souches humaines à travers le contrôle de la reproduction. À travers l’eugénisme, les scientifiques espéraient éliminer les pathologies héréditaires (on parle d’eugénisme médical) ainsi que les déviances sociales qui pourraient avoir une origine héréditaire, par exemple la criminalité là où celle-ci se révèlerait congénitale.
Une politique eugéniste particulière propre à l’Allemagne nazie s’est mise en place dès 1933. Elle consistait
d’une part à favoriser la fécondité des humains considérés comme supérieurs (politique pro-nataliste, soutien familial, pouponnières...)
d’autre part à prévenir la reproduction des humains considérés comme inférieurs ou eugéniquement non désirables (les criminels...).
L’Allemagne a cherché à lutter contre l’avortement pour les femmes considérées comme supérieures, alors que dans le même temps la circulaire secrète de 1934 autorisait l’avortement pour les femmes devant être ultérieurement stérilisées. Le décret secret de 1940 a été plus loin en rendant obligatoire l’avortement pour les femmes « inférieures ». 200 000 femmes furent ainsi stérilisées jusqu’en 1945.
Un autre exemple est celui de l’homosexualité, considérée par cette mouvance comme une maladie. L’Allemagne eugéniste proposait aux homosexuels le choix entre la castration volontaire ou la mise en camps de concentration.
(source : encyclopédie Wikipédia)
Voilà, et il existe une pétition que vous pouvez signer sur le net :http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/