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MAROC : LA TRAGEDIE D’ANFGOU - Des amazighes enterrés vivants

Publie le jeudi 15 février 2007 par Open-Publishing
10 commentaires

Des amazighes enterrés vivants

Par : Moha Moukhlis

ANFGOU(1). Petit hameau ignoré par les scribes de la qaraouine, encastré au cour des gigantesques montagnes du Haut Atlas Oriental. Un village que cerne le Parc national où le mouflon et le phacochère mènent une vie paisible, sous haute protection. Un village synonyme d’une tragédie : une trentaine de mort dont le dernier est décédés le 27 janvier 2007, à 15 heures. Anfgou pleure ses morts et la désolation règne sur tout le village. Une communauté amazighes de 3000 âmes y vivent, des résistants ou descendants de résistants qui ont participé à la bataille de Tazizawt dont le site est situé à une trentaine de kilomètres d’Anfgou, près de douar d’Aghddou. Des résistants qui ont tenu tête à l’arsenal militaire français sur le plateau de Hamdoun, sur le mont Baddou et qui ont pris part à la bataille de Bougaffer. Il s’agit des Ayt Amer n Ounfgou. Une fraction de la tribu des Ayt Hdiddou qui fait partie de la confédération des Ayt Yafelmane.

Une communauté de braves oubliés par le Makhzen et par nos respectables « députés de la nation » qui mènent une vie d’aisance dans leurs villa calfeutrées et chauffées à Rabat. Des députés et un parlement « national » qui a lu la fatiha après la pendaison du tyran arabiste Saddam et qui n’a pas jugé utile de lire la fatiha sur les morts d’Anfgou. Ignorés et oubliés par tous les amazighes « citadinisés » qui regardent TV5, ARTE ou Al Jazira. Une population qui vivote, qui survit grâce à une agriculture vivrière et son cheptel. Des amazighes dont ne parle pas le « doyen » des journalistes marocains, un certain Mustapha El Alaoui, car ils lui rappellent les « apaches » et les « putschistes ». Une population livrée à elle-même, dans l’Etat de droit de la « nouvelle ère ».

L’Etat préfère colmater les murailles de la qaraouine et les vielles ruelles où habitaient les arabo-andalous que de porter secours à des citoyens en plein désarroi. L’Etat préfère « importer » des artistes qui sentent la pouffiasse et leur ouvrir les écrans des médias publics que de se soucier des malades d’Anfgou et de ses environs. Car, si la tragédie à touché directement Anfgou, d’autres localités vivent dans les mêmes conditions : ANMZI, AGOUDDIM, AGHDDOU, TIRGHIST.Toutes situées sur la route, je veux dire la piste, qui relie Anfgou et Tounfit. La population vit sous l’emprise des autorité du Ministère de l’intérieur : on se croirait en zone militaire. Les caids et autres khalifa se comporteraient comme des cow boy sur un territoire « pacifié ».

Pour accéder à Anfgou, quant les conditions météorologiques sont clémentes, il faut emprunter la route qui mène de Rabat à Errchaidia. Arrivé à Zaida (20 kilomètres avant Midelt), vous tournez à droite. Après une vingtaine de kilomètre, virer à gauche et traverser Boumia vers Tounfit. A Tounfit, renseignez-vous bien. La route est parsemé de dangers : verglas, crues, éboulements, froid.Quatre heurs, minimum, sont nécessaire pour aller de Tounfit à Anfgou (environ 80 kilomètres), en passant par Taoudit, Agouddim et Anmzi. Une piste dangereuse que n’empruntent que les véhicules solides : les camions et les 4/4. Sur le chemin, la peur vous prend par les tripes. Au froid glacial, qui peut atteindre moins 10° le jour, se conjugue les innombrables ravins qui vous donnent le vertige.

Par moments, vous ne pouvez vous empêchez de vous demander si votre destination existe réellement. Stoïque vous continuer a slalomer sur un sentier aux abords incertains. La rivière vous guette à chaque virage. De temps à autres vous croisez des hommes ou de femmes à dos de mulets qui vous dévisagent et dont le regard semble vous dissuader de continuer la route. Des hommes ou des femmes qui se déplacent de Tirghist, Aghddou, Anfgou ou Anmzi, traversent la piste pour arriver au seul souk hebdomadaire qui se tient tous les dimanche à Tounfit. Il faut dire que le déplacement à dos de mulet et plus sur et plus rapide que le voyage par camion. Car sur un camion, vous voyager avec le bétail et les vivres et les risques sont énormes. Imaginer un bovin ou un mouton qui vous charge !

Après un voyage homérique, vous arrivez à Anfgou. Hameau adossé au bas de la montagne. Des dizaines d’enfants se ruent vers vote véhicule, pieds nus, les cheveux hirsutes et le regard interrogateur. Il vous guide pour traverser la rivière et vous diriger vers les erres à abattre. Espace où l’assemble de la tribu vous attend. Une dizaine d’hommes emmitouflés dans des burnous de laine blanche veillent à ce que la distribution des dons soit équitable. Chacun des 260 foyers qui composent la fraction aura sa part. Les décisions sont prises collectivement auparavant et sont rigoureusement respectées.
Quelques heures plus tard, vous retrouvez le chemin du retour. Une véritable épreuve. A tounfit, au contact des premiers rudiments de la « civilisation », vous restez étourdi. Vous avez l’impression que vous sortez d’un cauchemar. Tellement les disparités entre votre monde et celui de la population d’Anfgou sont énormes que vous vous demandez si vous vivez dans le même pays qu’elle.

Aujourd’hui, des enfants continuent à mourir à Anfgou. La réaction médiatisée de l’Etat ne fut qu’un feu d’artifice. Seules les ONG continuent à acheminer l’aide. La population est soulagée momentanément, mais son calvaire reprendre dès les prochaines chutes de pluie et de neige. Le problème principal, c’est la route et le droit d’exploiter la forêt, unique ressource spoliée par l’Etat et des élus corrompus. Toute autre solution relèverait du replâtrage. A Anfgou, la population vit sous une forme de colonisation aux couleurs nationales. Sa forêt ne lui appartient plus. Plus d’une vingtaine de coupes arrivent quotidiennement dans les grandes villes alors que la population d’Anfgou est obligée d’acheter les poutres pour les toits des maisons. Avec quels moyens ?

Sous prétexte que la « mystérieuse maladie » d’Anfgou est « contagieuse », les autorités à Tounfit demandent aux ONG de débarquer leurs dons. Les autorités se chargeront de les distribuer aux douars ! Les populations de Tounfit et ses communes organisent des marches de protestation et demandent : une visite royale, la construction des routes, le droit d’exploiter la forêt et la traduction en justice des responsables des communes. Ils n’ont pas besoin de denrées alimentaires. Ils ont de quoi vivre et travaillent pour assurer leurs besoins. Ce qu’ils réclament, c’est la justice. Un vieux des Aït Amer d’Anfgou dit : « nous amazighes, la faim ne nous tuera pas. Seul des bales peuvent mettre fin à notre existence. A méditer.

(1) ANFGOU : toponyme amazighe, dérivé du nom « AFGOU », qui signifie le cri poussé par la chouette pour mobiliser le lièvre et attaquer. On dit, da tkkat afgou (elle pousse son cri). Dans un vers de poésie amazighe, on retrouve le vocable « afgou », qui signifie le cri :
 Id afgou a gha s utgh mad ism nnes ayd as qqargh i wenna righ ad id iffgh ixamn.

Messages

  • Le capitaliste et le libéralisme continuent de détruire ce qui est encore réellement vivant.

    • Vous parlez comme si le Maroc a tellement de moyen qu’ils font semblant d’ignorer ses problemes sache qu’on est un de ses nombreux pays du sud qui vivent toujours d’agriculture.

    • Monsieur
      Avec tout le respect qui vous ai dû, je crois que vous poussez le "bouchon" un peu trop loin. Tout Marocain fier de son identité et de ses origines ne peut que réprouver, voir se révolter, quant à cette tragédie.
      Les réactions d’un amour propre tronqué n’ont rien avoir ici et Idem pour les attaques dont Fatima ALAHYAN a été l’objet et le sujet
      Partout sur cette planète : on proteste pour la mort d’enfants et la maltraitance des femmes, etc.
      Le Maroc post-protectoral a anéanti son agriculture par la politique hassanienne en la matière et connexes
      100 Km de parcours royal avec son protocole (folklorique) peut sauver bien des vies et scolariser tant d’enfants Amazighs et autres
      Oui, Le Maroc fait semblant d’être trop riche et aussi pauvre
      Riche ... dans de nombreux quartiers de la totalmité de ses villes et pauvre, voire misérable, dans ses contrées ignorées depuis 1906, pour ne pas dire avant
      Et si vous voulez : je peux vous parler jusqu’à mon dernier souffle : des ratés(ées) de votre Maroc
      Le Mien : Mon Maroc à Moi n’a rien avoir avec le vôtre... Monsieur

      Ali de Casablanca (Exilé Politique)

    • ICI
      Fatima ALAHYAN
      a poussé un cri
      Oui Le Bled Berbère est ignoré depuis trop longtemps
      Pourtant c’est ce bled qui a fait que Le Maroc a longtemps résisté toutes les occupations et colonisations bien avant l’islamisation et après
      Aujourd’hui : les Berbères sont musulmans (A. LAROUI a traîté la question mieux que quiconque) et pourtant se sont les Herkas du Makhzen qui ont affaibli le Bled Berbère. Les Jaamâa’s savaient mieux que toutes structures de l’INDH d’aujourd’hui faire face à leurs besoins. La Makhzenisation de ce Bled lui a été fatale plus que la triple colonisation dont Le Maroc a souffert. Ce pays n’a jamais été soumis à la Khilafat islamique mais entre Les espagnomes au sud et au nord, les Français au centre, et un statut international à Tanger. Sans parler des frontières en faveur de l’Algérie et encore pire les présides au Nord et au large de Souss
      Qui a déplacé toute l’activité navale d’Agadir vers Mogador (Essaouira)
      Qu’elle la date d’indépendance du Maroc : 16-18 novembre, 2 mars ou après la signature espagnole
      L’INDEPENDANCE DANS L’INTERDEPENDANCE (premier discours du furtur Hassan II) ou la réflexion d’Edgare FAURE : "DONC, votre seul et unique programme pour Le Maroc indépendant est le retour du Sultan". SULTAN choisi par les Français du Protectorat (Eh OUI... avant tout)

      Ce n’est pas par hasard que Moulay Hicham ben Abdellah parlait de "conseil de famille". Abdellah HAMMOUDI a dû lui rappeler certaines vérités historiques. PRINCETON c’est loin. Peut être !

      Le Maroc vit de l’agriculture et Anfa vit des molusques d’OUKACHA

      A tire d’exemple de "votre Maroc Agricole" : Ifrouguen (Frouga en arabe) n’existe nul part sur la carte Michelin Maroc. Pourtant le Complexe Minier de Fuemassa se trouve sur la terre des IFROUGUEN. Gumassa n’est qu’un 1/5ème d’un douar du même nom

      FROUGA (en arabe) veut dire REGOUPEMENT de FRACTIONS TRIBALES DEPLACEES de force par Le Makhzen

      Il y a bien une Caïdat de Frouga (à Had Mejjet) et relevant de CHICHAOUA mais il n’y pas de conseil rural (ou communal) de Frouga mais une Commune rurale de Guemassa

      L’ONA et Le Makhzen exproprie des terres des IFROUGUEN pour l’intérêt soit disant publique et les prive aussi de leur identité culturelle, géographique et sociale

      IFROUGUEN ont une Histoire dans la vulgate marocaine et maghrébine (comme dirait Jacques Berque) et demeurent une composante Géostratégque du Maroc éternel

      Le MAROC, pour vous répondre, a des moyens... plus que vous ne pouvez l’imaginer...

      Et si vous voulez parler de production agricole et d’agriculteurs au Maroc depuis le 25ème siècle avant JC : je peux vous apporter des éclairages

      Je suis Marocain et fier de l’Etre et ce pour ce, que je vis EXILE depuis 35 ans

      Ma colère n’a aucune limite comme des gens comme vous, mais je reste démocrate. Vous avez entièrement d’exprimer vos opinions et je vous soutiens à les défendre

      Mais, franchement, je n’admets, nullement les attaques stupides, connes, bêtes et méchantes dont Fatima ALAHYAN a été l’objet, le sujet et la victime

      Chez nous ALAHYAN veut dire beaucoup de choses

    • C’est plutôt Fatima ALAHYAN qui avait dirigé toute une batterie d’attaques stupides, connes, bêtes et méchantes à l’encontre de tous les marocains dans toute leur diversité. Ces derniers n’ont fait qu’user d’un droit de réponse que vous semblez vouloir leur dénier.

    • A toi qui oses défendre ces salopards…

      Ils crachent sur tout ce qui est amazigh et quand il y a un amzigh ou une tamzighte libre qui leur tient tête avec des arguments et des faits, c’est la meute makhzénienne…

      C’est plutôt les makhzéniens comme toi qui s’énervent devant les vérités que cette courageuse jeune dame place sur la toile pour prendre à témoin le monde entier sur les innombrables injustices dont est victime le peuple amazigh majoritaire sur les terre de ses ancêtres.

      Tous ces vieux cons politiciens et autres arrivistes comme toi je suppose que l’on subit depuis des lustres et qui ne sont capables de rien d’autre sinon de nous resservir encore et encore les mensonges du makhzen.

      Tous les régimes qui existent sur cette planète se sont démocratisés, sauf au pays du makhzen le temps semble s’y être arrêté et le décor n’a pas changé ; toujours la même caste Fassie héritée de la France coloniale qui monopolise tout avec l’assaut dernièrement de quelques nouveaux opportunistes.

      Il y aura toujours des gens comme toi qui continueront à défendre tes seigneurs et ces salopards. .… Il ne seront jamais à la hauteur de cette courageuse dame et ils n’arriveront jamais non plus a développé deux phrases correctes pour justifier l’injustifiable….

      Ni toi ni ces commentateurs makhzéniens n’arriveront à décourager cette courageuse jeune fille...

      Fatim, Moha, Ali, Lhoussain…continuez à dénoncer avec force ces injustices faites aux amazighs sur leur terre…

      Amazigh qui ne se laisse pas faire !

    • Question : Les bleds Siba et Makhzen n’existant plus depuis la pacification entreprise par la France et terminée vers la fin des années 30, je voudrais savoir ce que veut dire le 172.***.23.*** par "makhzéniens".

       S’agit-il des marocains, non ruraux qui vivent dans les grandes villes comme Agadir, Casablanca, Fès, Marrakech, Rabat ou Tanger ? Certaines de ces villes sont bien habitées par une majorité qui se dit amazigh ou arabe, d’autres ont connu un brassage plus poussé et il est difficile de dire que la majorité de leur population est amazigh ou arabe. Toutes ces villes se disent marocaines.

       S’agit-il des marocains non imazighen ? Tout les marocains savent que depuis 15 siècles, le brassage a fait des siennes à tel point qu’il est difficile de dire actuellement que la population de telle ville (ou seulement de tel patelin) a été préservée et qu’elle est amazigh ou arabe.

       S’agit-il des marocains qui ne pensent pas comme lui ? Là, j’ai toujours cru que le fait de faire paraître un article sur le site était pour informer et recueillir des commentaires qui ne vont pas toujours dans le même sens que celui présenté. Maintenant, si les visiteurs du site ne doivent que lire et que l’on n’a pas besoin de leur point de vue lorsqu’il ne concorde pas avec le vôtre, alors il faudrait le préciser et peut-être changer le support de votre information car, je pense que Bellaciao veut bien recueillir les divers points de vue sur tout sujet qui intéresserait ses visiteurs.

      Enfin, je ne me hasarderais à vous conseiller mais je penserai toujours que vous avez entièrement raison d’exprimer vos opinions ou de réclamer vos droits et chacun ne pourra alors que vous soutenir. En ce qui me concerne, j’utiliserais bien le site si j’avais une information qui mérite d’être portée à la connaissance de ses visiteurs. En retour, j’accepterais les commentaires qui me seront faits et je respecterais mes contradicteurs. Je ne citerais jamais en mal ni leur race, ni leur religion, ni leur culture.

    • Qui est cette Fatima Alhyan ? Existe t-elle vraiment ? Question à ceux qui la défendent, pas aux makhéniens.

  • cher moha,
    azul fellawen,
    cette tragedie nous fait grandement de la peine,les emotions sont tellement grandes qu’on arrive pas a s’exprimer tellement tres emu. de l’algerie je suis avec vous pour informer et porter secours a nos freres.recevez nos condoleances. que ces petits bambins soient au paradis des cieux. que chacun de nous apportera sa contribution a rendre sourire a ces enfants qui sont les notres. et aussi a ces habitants glorieux de cette noble region et pourtant qui a donne les meilleures de ces fils pour que vive le maroc et le maghreb .ar timlilith adyalli yi tij. quelle ingratitude !.

  • cher moha,
    azul fellawen,
    cette tragedie nous fait grandement de la peine,les emotions sont grandes qu’on arrive pas a s’exprimer tellement tres emu. de l’algerie je suis avec vous pour informer et porter secours a nos freres.recevez nos condoleances. que ces petits bambins soient au paradis des cieux. que chacun de nous apportera sa contribution a rendre sourire a ces enfants qui sont les notres. et aussi a ces habitants glorieux de cette noble region et pourtant qui a donne les meilleures de ces fils pour que vive le maroc et le maghreb .ar timlilith adyalli yi tij. quelle ingratitude !.